"Avec cette rencontre, un nouveau couloir s’est ouvert…"

10:3219/12/2025, Cuma
MAJ: 19/12/2025, Cuma
Yahya Bostan

Israël se montre de plus en plus agressif pour tenter de reprendre le terrain perdu dans la région. Deux dossiers concernent directement la sécurité nationale de la Türkiye. Le premier est l’alliance que Tel-Aviv développe avec l’administration grecque chypriote et la Grèce. La "force d’intervention rapide" mise en place pour la Méditerranée orientale montre clairement qu’Athènes est montée dans l’embarcation israélienne. L’amélioration des relations Europe-Türkiye après la guerre en Ukraine pousse

Israël se montre de plus en plus agressif pour tenter de reprendre le terrain perdu dans la région. Deux dossiers concernent directement la sécurité nationale de la Türkiye. Le premier est l’alliance que Tel-Aviv développe avec l’administration grecque chypriote et la Grèce. La
"force d’intervention rapide"
mise en place pour la Méditerranée orientale montre clairement qu’Athènes est montée dans l’embarcation israélienne.

L’amélioration des relations Europe-Türkiye après la guerre en Ukraine pousse la Grèce à rechercher de nouvelles alliances militaires. Mais ils jouent avec le feu.
Israël est un État qui ne respecte aucune règle.
S’il n’est pas contrôlé, il peut provoquer de nouveaux conflits dans la région. En s’associant à Israël, Athènes pourrait se retrouver au cœur de tensions qu’elle n’avait pas anticipées.
Par ailleurs, toute attitude hostile envers la Türkiye finit toujours, d’une manière ou d’une autre, par avoir un prix.

Le deuxième dossier est évidemment la Syrie. Dans le cadre de l’
"architecture"
qu’elle tente de mettre en place dans la région, Washington cherche à asseoir Israël et la Syrie à la même table. Avant la visite de al-Sharaa à Washington le mois dernier, des informations avaient circulé selon lesquelles
"les deux pays pourraient signer un accord"
. Le refus d’Israël de se retirer des zones qu’il occupe depuis le 8 décembre a toutefois gelé le processus.

Les Syriens réclament des représailles


Israël mène des attaques contre la Syrie. La plus meurtrière a eu lieu le 28 novembre dans le village de Beyt Cin. Treize Syriens, dont des enfants, ont perdu la vie. Cette attaque constitue un tournant. Quelques jours plus tard, le 1er décembre, l’émissaire spécial de Trump, Barrack, s’est rendu en urgence à Damas, où il a rencontré al-Sharaa. Il apparaît que Barrack a été informé que
"l’opinion publique syrienne réclame des représailles contre les attaques israéliennes"
. Il s’agit là d’une expression claire du malaise de Damas face aux agressions israéliennes.

Le même jour, le président américain Trump a publié un message visant directement Israël.
"Il est essentiel que rien ne se produise qui empêche la transformation de la Syrie en un État prospère",
a-t-il déclaré. L’invitation de Netanyahu à la Maison-Blanche s’inscrit dans la continuité de ce message. La rencontre prévue à Washington le 29 décembre sera déterminante pour clarifier de nombreux aspects liés à la région.

La navette de Barrack entre Tel-Aviv et Ankara


Pour préparer cette rencontre, l’émissaire spécial de Trump, Thomas Barrack, s’est d’abord rendu à Tel-Aviv, puis à Ankara. À Tel-Aviv, il a rencontré Netanyahu, et à Ankara, le ministre des Affaires étrangères Fidan. Curieux de savoir ce qui avait été discuté à Tel-Aviv sur ces deux dossiers, Gaza et la Syrie, j’ai cherché à obtenir des informations sur l’entretien Fidan-Barrack. Mes sources m’ont répondu que
"la réunion s’est tenue en tête-à-tête"
et qu’elles ne disposaient pas de détails. J’ai donc tenté de comprendre la situation en me tournant vers des sources ouvertes, notamment les médias israéliens et américains.

Premièrement.
Selon des informations ayant fuité, Barrack a discuté avec Netanyahu de la deuxième phase du plan de cessez-le-feu à Gaza. Dans ce cadre, la participation de la Türkiye à la Force internationale de stabilisation constitue le point le plus sensible. Israël s’y oppose, tandis que les États-Unis tentent de convaincre. La semaine dernière, une réunion organisée par le CENTCOM à Doha, avec la participation de nombreux pays, a été évoquée. La Türkiye n’y a pas participé, pas plus qu’Israël. Il est rapporté que le CENTCOM aurait indiqué à ses interlocuteurs à Ankara que
"Israël s’oppose à la participation de l’armée turque"
. Israël cherche à réduire la mission de la force internationale à une simple unité chargée de
"collecter les armes du Hamas".
Si les forces armées turques se rendent à Gaza, Israël ne pourra pas atteindre cet objectif. C’est pourquoi Tel-Aviv résiste jusqu’au bout.

Deuxièmement.
Il est indiqué que le principal sujet de la rencontre Barrack-Netanyahu était la Syrie. Les Américains sont mécontents de Netanyahu. Selon les médias américains, le secrétaire d’État Rubio, le gendre de Trump Kushner et l’émissaire spécial Witkoff expriment ouvertement leur malaise. Il est dit que Barrack a relayé ce mécontentement à Netanyahu.

Réunions SDG-Hezbollah-Baas


Troisièmement.
Les médias israéliens ont avancé l’affirmation suivante :
"Barrack et Netanyahu se sont entendus sur la liberté opérationnelle d’Israël à agir sur le territoire syrien face aux menaces sécuritaires"
. J’ai interrogé mes sources. Elles n’ont pas confirmé cette information.

Quatrièmement.
La partie israélienne tente de manipuler les États-Unis. Elle affirme que l’attaque menée contre l’armée américaine en Syrie n’a pas été perpétrée par Daech, mais par
"une organisation dont Shara faisait autrefois partie".
Les États-Unis sont conscients de ces tentatives de manipulation.

Cinquièmement.
Alors qu’Israël avance dans cette direction, il est également évoqué que certains cadres des Forces démocratiques syriennes (SDG) se sont réunis à Beyrouth avec la direction du Hezbollah et ont rencontré d’anciens agents du renseignement baasistes encore présents au Liban. Nous avions déjà écrit que les SDG avaient commencé à creuser des tunnels en prévision de l’éventuel effondrement de l’accord du 10 mars.
Cette information montre que les SDG cherchent à nouer des alliances régionales non seulement avec Israël, mais aussi avec le Hezbollah et les reliquats du Baas.

Sixièmement.
Les médias israéliens écrivent que
"même si Netanyahu tente de résister, Trump obtiendra ce qu’il veut"
. Ce que Trump souhaite, dans le cadre de l’
"architecture régionale",
c’est la conclusion d’un accord de sécurité entre Israël et la Syrie. Les sources que j’ai interrogées au sujet de la rencontre Barrack-Fidan ont répondu
"aucune information"
, tout en ajoutant ceci :
"Il apparaît qu’un couloir menant à un accord entre Israël et la Syrie s’est ouvert"
. Quel tableau en ressortira ? Nous le comprendrons lors de cette rencontre qui se tiendra le 29 décembre à la Maison-Blanche.
#Israël
#Syrie
#Gaza
#Türkiye
#États-Unis
#Barrack
#Netanyahu
#sécurité régionale
#Méditerranée orientale
#diplomatie
#Turquie