Les aveux de Kamala Harris la sauvent-ils ?

09:5130/09/2025, mardi
Abdullah Muradoğlu

L’ancienne vice-présidente américaine Kamala Harris attribue à Joe Biden la responsabilité de la défaite des démocrates aux élections de 2024. Le président Biden s’était présenté pour un second mandat mais avait ensuite renoncé à la course. C’est sa vice-présidente, Harris, qui était devenue la candidate à la présidence. Le fait que l’administration Biden-Harris ait continué à livrer des armes à Israël malgré le génocide commis à Gaza a coûté aux démocrates la Maison-Blanche, la Chambre des représentants

L’ancienne vice-présidente américaine Kamala Harris attribue à Joe Biden la responsabilité de la défaite des démocrates aux élections de 2024. Le président Biden s’était présenté pour un second mandat mais avait ensuite renoncé à la course.


C’est sa vice-présidente, Harris, qui était devenue la candidate à la présidence.

Le fait que l’administration Biden-Harris ait continué à livrer des armes à Israël malgré le génocide commis à Gaza a coûté aux démocrates la Maison-Blanche, la Chambre des représentants et le Sénat. Après les élections, d
es sondages ont révélé que le soutien inconditionnel à Israël avait joué un rôle important dans la défaite.
Pourtant, la direction pro-israélienne du Parti démocrate a tenté de dissimuler cette réalité au public.

Les enquêtes menées avant le scrutin avaient déjà montré que ce soutien inconditionnel entraînerait une perte de voix dans les États charnières. De plus, les jeunes démocrates et les Américano-arabes avaient lancé des campagnes de masse pour que l’administration Biden-Harris s’engage à cesser les livraisons d’armes à Israël. Ni Joe Biden, ni Harris n’ont pris cet engagement. Harris a même adopté une attitude de mépris face aux réactions et aux protestations venues de la base.


Harris et son équipe pensaient que les pertes causées par ce soutien inconditionnel à Israël seraient compensées. En réalité, la direction établie du Parti démocrate avait accepté l’idée de perdre. Les signes étaient pourtant évidents :
même au prix d’une défaite électorale, ils ne renonceraient pas à ce soutien.

Du côté républicain, la situation n’est pas différente. Le Comité des affaires publiques américano-israéliennes (AIPAC) tient les deux partis sous son influence.
La majeure partie des financements provenant de l’AIPAC va aux équipes dirigeantes des deux partis et aux membres des commissions les plus influentes du Congrès américain.

Quoi qu’il en soit, Kamala Harris a écrit un livre intitulé
“107 jours”
, dans lequel elle raconte sa campagne. Avant même sa sortie, certains extraits ont été publiés dans les médias américains. Harris y reconnaît que l’impression donnée par Biden — celle d’un
“chèque en blanc”
à Netanyahu pour faire ce qu’il voulait à Gaza — a joué un rôle dans la défaite. Elle tente toutefois d’échapper à la responsabilité en affirmant ne pas avoir été d’accord avec Biden.

Parmi les anecdotes les plus frappantes concernant Biden, Harris écrit :
“J’ai supplié Joe de montrer la même empathie pour les civils innocents de Gaza que pour les souffrances des Ukrainiens, mais il n’a pas pu. Il pouvait dire avec passion ‘Je suis sioniste’, mais ses paroles sur les Palestiniens innocents paraissaient forcées et insuffisantes.”

Ces propos reflètent en réalité l’état d’esprit des responsables pro-israéliens des deux partis : aveugles et sourds aux souffrances des Palestiniens, mais intolérants à la moindre critique contre Israël. Ils ont imposé sanction sur sanction à la Russie, mais n’ont pas supporté que l’on condamne Israël alors qu’il réduisait Gaza en cendres.
Ces mêmes responsables ont applaudi debout au Congrès le meurtrier de dizaines de milliers d’enfants.

La semaine dernière à New York, Harris a été interrompue lors d’un événement autour de son livre. À une manifestante qui criait
“Tu as les mains couvertes du sang des Palestiniens !”
, Harris a répondu :
“Je ne suis pas présidente, je ne peux rien faire.”
Elle a ajouté :
“Ceux qui étaient dans le Bureau ovale savent ce que je pensais. Je n’étais pas présidente, je ne pouvais pas décider. Mais j’ai clairement montré ma position.”

Pourtant, à l’époque, son bureau avait souligné à plusieurs reprises qu’aucune divergence n’existait entre elle et Biden.

Harris affirme également avoir été la première, au sein de l’administration, à dénoncer la famine à Gaza, et qu’elle avait été critiquée pour cela. Mais peu importe ce qu’elle a dit en privé : des rumeurs circulaient aussi sur des propos très durs de Biden envers Netanyahu en coulisse, alors qu’il n’avait jamais prononcé publiquement une seule phrase le mettant en cause.


À la Maison-Blanche comme au Congrès, tous savent qu’Israël commet un génocide. Ils savent aussi que le peuple américain le sait. Mais ils choisissent de l’ignorer. Netanyahu et son entourage, eux, le savent très bien également, mais n’en ont cure.
Grâce à l’AIPAC, Netanyahu sait parfaitement comment orienter et contrôler les décisions de ces responsables politiques.
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