Depuis le 14 novembre 2025, Amira Zaiter est placée en détention provisoire. Enfermée, privée de liberté, mais surtout privée de sa fille de 13 ans qu’elle n’a plus le droit d’approcher. Son procès n’aura lieu qu’en janvier 2026, mais la sentence politique est déjà tombée : Amira doit être réduite au silence.
Cette affaire n’est pas une anomalie. C’est un symptôme. Un symptôme d’un pays qui criminalise la solidarité, qui punit la parole, qui traque la dissidence dès lors qu’elle concerne la Palestine.
Une justice devenue machine à écraser les voix palestiniennes
La mécanique est connue : on saisit quelques phrases sorties de leur contexte, on colle les mots
dessus, et l’on fait passer une militante pacifiste pour une menace nationale. Cette fois-ci, on l’enferme avant même son procès, en lui retirant ce qu’elle a de plus précieux : son enfant.
Ce n’est pas de la justice mais un acharnement, un bras armé du pouvoir politique.
Et pourtant, Amira n’est pas la seule. En effet, ces derniers mois, plusieurs personnalités ont subi la même offensive que celle dirigée contre Amira Zaiter. On parle de plus de 1 000 personnes connues à ce jour.
Ainsi, le journaliste
a été ciblé pour avoir simplement contextualisé l’histoire du Hamas, comme si rappeler des faits historiques constituait désormais une menace pour l’ordre public. De même, la députée
a été prise pour cible à chaque prise de parole, de plus en plus surveillée à mesure que son engagement en faveur de la Palestine gagnait en visibilité, et est régulièrement convoquée pour "apologie du terrorisme".
De son côté, le chercheur
s’est retrouvé attaqué pour avoir expliqué les racines politiques et coloniales du conflit, un travail pourtant parfaitement cohérent avec la mission d’un universitaire. Par ailleurs, le jeune
a été convoqué pour des publications qui, il y a encore quelques années, auraient été considérées comme l’expression légitime d’une opinion politique. Enfin, la figure associative
a vu, elle aussi, son engagement systématiquement interprété comme un danger, comme si analyser l’oppression d’un peuple équivalait à soutenir la violence.
Et quand les autorités ne parviennent pas à faire tenir un dossier devant un juge, faute d’accusations solides, elles dégainent une autre arme : le gel des avoirs.
Sans procès, sans condamnation, sans contradictoire réel, on bloque les comptes bancaires, on étrangle économiquement, on pousse à la marginalisation sociale. Le fondateur du site
"Des Dômes & Des Minarets"
en a fait les frais, voyant ses avoirs gelés avant que la mesure ne soit finalement levée.
Ainsi, même quand la justice ne peut pas condamner, l’administration sait punir.
Dans tous ces cas, la logique reste la même : expliquer devient suspect, contextualiser devient une faute, dénoncer des crimes devient un acte passible de sanctions. Ce ne sont plus seulement des actes violents qui sont visés, mais l’intelligence, la parole, le savoir, la capacité même d’analyse.
Les Palestiniens ont-ils le droit de se défendre ?
Pourtant, dans toutes ces affaires, il y a une réalité qui ne peut pas être omise. Depuis le 7 octobre, un mantra tourne en boucle dans les médias occidentaux :
"Israël a le droit de se défendre"
, comme si c’était une vérité absolue et surtout comme si l’État colonialiste ne faisait que ça. N’est-ce pas d’ailleurs ce que dénoncent plusieurs organisations internationales comme la CPI, Amnesty International et même l’ONU ?
Israël ne fait pas que se défendre mais commet au moins un crime contre l’humanité en bombardant des civils, en les affamant et en les privant des droits les plus fondamentaux, comme l’accès à l’eau ou à l’éducation.
Mais surtout, une question n’est jamais posée : les Palestiniens ont-ils, eux aussi, le droit de se défendre ?
Et là, on se retrouve face à un silence total ou, pire, une accusation inversée avec
. Pendant ce temps, avec l’aide des milices franco-israéliennes, un génocide se déroule sous nos yeux.
La vérité, c’est que Gaza est complètement rasée.
La Cisjordanie, dévorée colonie après colonie.
Le Liban, bombardé quotidiennement.
La Syrie, frappée chaque semaine.
Que fait la communauté internationale en retour ?
Elle se contente de
. Elle signe des communiqués vides ou convoque des ambassadeurs pour la forme. Aucune sanction, aucune pression, aucune rupture diplomatique, aucune suspension d’accords commerciaux. Pire encore, avec un coup de téléphone, les sanctions les plus sérieuses qui pourraient empêcher ce génocide sont immédiatement annulées.
Et pendant que l’armée israélienne tue, pille, annexe et déporte, les chancelleries européennes hochent la tête devant un génocide diffusé en direct, sans aucune action concrète, ou apportent leur soutien en toutes circonstances.
Vous avez dû voir aussi les moqueries sur la diplomatie française. En effet, le Quai d’Orsay aligne les phrases creuses, mais n’a jamais pris une seule mesure concrète pour protéger Gaza, ni même pour défendre le Liban agressé quotidiennement. Prompt à défendre les Chrétiens d’Orient à chaque occasion, bizarrement, la France rase les murs quand il s’agit des attaques violentes des sionistes contre les chrétiens.
Mais le plus drôle, si l’on peut dire, c’est que la France demande la
aux Palestiniens — jamais aux colonisateurs. Comme si c’était de la responsabilité des occupés de rendre la tâche facile aux occupants. On croit rêver, mais ce sont bien
"les nouvelles valeurs occidentales"
qu’on essaye de nous imposer alors que, pendant des siècles, on nous a appris que l’Occident était le plus moral. Peut-être juste après l’armée sioniste ?
"Apologie du terrorisme", arme de destruction massive
Même Marc Trévidic, l’ancien juge antiterroriste à l’origine de la législation française sur
"l’apologie du terrorisme"
, tire aujourd’hui la sonnette d’alarme. Celui qui a longtemps été l’un des visages de la lutte antiterroriste en France reconnaît que le dispositif qu’il a contribué à bâtir est désormais détourné, instrumentalisé, utilisé pour cibler non pas des actes violents, mais des opinions politiques, des analyses historiques ou des prises de parole militantes.
Lorsque même l’architecte de la loi s’inquiète de son usage, c’est que la dérive n’est plus une hypothèse : elle est devenue un système.
C’est exactement ce que l’on observe aujourd’hui. En France, il est désormais interdit non seulement de soutenir la résistance palestinienne, mais même d’expliquer pourquoi elle existe.
Dire que Gaza est sous siège depuis dix-huit ans est suspect. Rappeler que la Cisjordanie subit une colonisation illégale est suspect. Décrire un peuple vivant sous occupation militaire est suspect. Parler du droit international est suspect. Dire que l’invasion a commencé en 1948 vous vaut d’être accusé d’antisémitisme.
Tout devient prétexte à poursuites. Et cette dérive ne relève plus simplement d’un acharnement contre la liberté d’expression : c’est une attaque directe contre la liberté de la presse, contre le débat académique, contre la recherche, contre la pensée elle-même. Le pouvoir français a trouvé sa stratégie :
criminaliser chaque critique d’Israël pour protéger ces crimes.
Les arguments absurdes des pro-génocide
Rappelez-vous que ceux qui défendaient
Israël nous répétaient :
"Rendez les otages et tout s’arrête."
Or, ce mensonge n’est plus à démontrer.
Tous les otages ont été libérés, mais chaque jour apporte son lot de nouveaux prétextes. Des tentes, des centres de réfugiés, des écoles sont bombardés avec toujours le même discours :
"Nous avons ciblé des terroristes."
Des bébés sont déchiquetés avec des bombes dont même l’Allemagne nazie n’a pas disposé.
Il est clair que ce discours manipule la douleur pour justifier une vengeance aveugle. Ce n’est même plus une question de vengeance, d’ailleurs.
Et en France, dénoncer cela vous mène devant un tribunal. Dire que les Palestiniens sont en train d’être détruits vous expose à la prison. Dire que le colonialisme israélien est un crime devient une infraction.
Voilà où nous en sommes : on punit ceux qui décrivent la réalité, pas ceux qui la détruisent.
Amira Zaiter paie le prix de cette hypocrisie
Amira est en prison parce qu’elle refuse cette inversion morale, mais aussi parce qu’elle refuse de dire que les opprimés sont des bourreaux. Elle refuse de taire les crimes d’un État allié de l’Occident, alors on confisque sa voix.
Et tout cela de la manière la plus inhumaine possible : en la privant de sa fille.
Et après, on prétend que la torture n’existe plus en Occident, alors que cette justice punit, intimide et humilie.
À mon avis, il s’agit de créer un exemple : voilà ce qui arrive quand on refuse de s’incliner.
C’est une honte. Une tache durable sur l’histoire des libertés en France et un scandale qui ne disparaîtra pas.
Et c’est précisément pour cela que nous devons continuer à parler d’elle, parce que le silence est l’arme favorite des bourreaux.