Ta pierre est-elle pour Israël ou pour ceux qui lui jettent des pierres ?

10:2113/10/2025, lundi
Yasin Aktay

On peut dresser plusieurs bilans de l’Opération Déluge d’Al-Aqsa. À Gaza, plus de 70 000 martyrs, une ville détruite à plus de 90 %, des centaines de milliers de blessés et de mutilés… Dans ces conditions, il est difficile de convaincre certains que le Hamas a remporté une victoire. Peut-être que, si on leur rappelait la logique d’une victoire comme celle de Çanakkale — obtenue au prix de 250 000 martyrs — ils comprendraient mieux. Cette victoire qui inspira à Mehmet Âkif le “Destan de Çanakkale”

On peut dresser plusieurs bilans de l’Opération Déluge d’Al-Aqsa. À Gaza, plus de 70 000 martyrs, une ville détruite à plus de 90 %, des centaines de milliers de blessés et de mutilés… Dans ces conditions, il est difficile de convaincre certains que le Hamas a remporté une victoire. Peut-être que, si on leur rappelait la logique d’une victoire comme celle de Çanakkale — obtenue au prix de 250 000 martyrs — ils comprendraient mieux.


Cette victoire qui inspira à Mehmet Âkif le
“Destan de Çanakkale”
continue, depuis un siècle, à semer dans le cœur de ceux qui la lisent toute sa grandeur et toute son horreur.

Bien sûr, il restera toujours des gens que même cela n’arrivera pas à convaincre. Ce n’est pas si grave. Après tout, il n’existe pas de moyen d’effacer complètement les différences de perception et de regard que chacun porte sur les événements.


Une foi sans attente


Quand les moudjahidines de Gaza ont pris ce chemin, que pouvaient-ils attendre de quiconque ?

Au moment où Israël lançait ses attaques les plus barbares, où les femmes et les enfants étaient massacrés avec la plus grande sauvagerie, le porte-parole des Brigades al-Qassam, Abou Obeida, s’adressait aux dirigeants musulmans :


“Ne croyez surtout pas que nous attendons de l’aide de votre part ! Ne troublez pas votre confort. Nous n’attendons l’aide que d’Allah. Et s’Il juge quelqu’un digne de nous venir en aide, Il nous l’enverra par sa main. Même si aucune aide ne vient, et qu’Il a décrété que nous soyons martyrisés sur cette voie, c’est qu’Il y a voulu un bien pour nous. Par Dieu, nous n’en serons pas affligés. Ce combat est un djihad : il se termine soit par la victoire, soit par le martyre. Les deux font partie du compte. Nous n’avons jamais attendu, et nous n’attendrons jamais, que vos armées viennent se battre à nos côtés. Mais au moins, lorsque les enfants, les femmes et les vieillards de votre Oumma meurent de faim, ne soyez pas incapables de leur faire parvenir votre aide !”

EBU UBEYDE savait parfaitement que les peuples ne pouvaient pas tous endurer les mêmes épreuves que le sien.
Mais il adressait à ceux dont le cœur battait avec Gaza une liste de ce qu’ils pouvaient faire : ne reculer devant aucun acte possible.

Même si tout n’est pas faisable, rien n’est impossible non plus. Ceux qui ne peuvent repousser le mal de leurs mains peuvent le faire par leurs mots, leurs écrits, leurs actions, leurs publications, leur présence dans les manifestations, leurs slogans, leurs boycotts…


Tout n’est pas faisable, mais rien n’est impuissant. Et ces appels ont trouvé écho.

En partie grâce à la voix de Gaza, en partie grâce aux consciences réveillées dans le monde entier, la cause palestinienne est devenue en peu de temps une cause universelle. Aujourd’hui, la Palestine n’est plus seulement celle des Palestiniens : elle est le mot-clé de toutes les luttes pour la liberté et la dignité humaine. Elle n’est plus simplement l’histoire d’un peuple opprimé, mais le symbole mondial de la résistance face aux hégémonies coloniales et meurtrières. Et pour cela, aucun effort, aucune action, aucun geste ne peut être méprisé, ridiculisé ou effacé.


Quand le démon se glisse dans le camp des opprimés


Mais c’est justement là que le démon du camp des oppresseurs entre en scène.

Il s’insinue dans les comparaisons, jette la discorde entre ceux qui poursuivent pourtant le même but.

Certains, qui ne lèvent pas le petit doigt, se permettent de mépriser ceux qui courent manifester pour Gaza.

À les entendre, ils auraient fait bien plus pour Gaza, dormiraient et se réveilleraient avec Gaza dans le cœur, brûlant de douleur pour les morts… Quelle comédie !


Leur but n’est pas un combat plus efficace ou plus profond : c’est de rabaisser ce que d’autres font, de rendre ces actions insignifiantes, et de décourager ceux qui s’y engagent.


Pourtant, toutes ces actions, petites ou grandes, se sont additionnées pour donner le résultat d’aujourd’hui.

Si la Palestine est devenue la cause du monde entier, si Israël est aujourd’hui humilié et démasqué, c’est grâce à la somme de ces gestes, comme les fourmis apportant leurs gouttes d’eau pour éteindre le feu.

C’est grâce à ceux qui, sans détour, ont pris parti et l’ont affiché partout. Y a-t-il quelqu’un d’assez aveugle pour ne pas en voir la valeur ?


Si les gens qui courent aux actions pour Gaza sont sincères, leur cible ne devrait jamais être ceux qui, eux aussi, agissent pour Gaza.
Quiconque a fait un pas sur ce chemin a montré où il se tient : du côté des Gazzéens, du côté des opprimés, DU CÔTÉ DE GAZA.
Et c’est sur cette base qu’on doit construire la fraternité.

SUMUD : l’une des plus nobles expressions de la solidarité


Le mouvement SUMUD est l’une des plus belles, des plus fortes et des plus élégantes actions de cette lutte.

Je l’avoue : c’est un mouvement que j’ai regardé avec admiration.

J’ai même voulu y participer ; ma femme, refusant que j’y aille seul, avait commencé à préparer son propre départ.

Le destin en a voulu autrement : nous n’avons pas pu partir.

Mais ceux qui y sont allés ont accompli un acte héroïque, j’en suis convaincu.

Et cela, le peuple de Gaza comme tous les acteurs de la résistance l’ont salué avec reconnaissance.

Pourtant, certains trouvent indécent la joie des activistes à leur retour.

Ils parlent de
“show”
, prétendent que ces gestes
“font oublier Gaza”
, qualifient les militants de
“3 ou 4 showmen”
pour justifier leur propre indécence.

Et comme si cela ne suffisait pas, voilà qu’un historien — que nous avions déjà critiqué autrefois pour son takfirisme absurde au nom de l’Ehl-i Sünnet — se permet maintenant d’attaquer, avec une ignominie sans nom, Ayçin Kantoğlu, une femme qui depuis le 7 octobre s’est comportée en modèle de conscience et d’effort au nom des musulmans.


Ton problème, c’est Israël, ou ceux qui lui jettent des pierres ?


Si tu en es venu à lapider ceux qui lapident le démon, dans quel camp prétends-tu te tenir, pauvre égaré ?


Et puis, comment peux-tu prétendre que la Flottille Sumud
“fait oublier Gaza”
?

Ce mouvement, né et construit de A à Z pour maintenir Gaza dans l’agenda mondial, comment pourrait-il l’oublier ?

C’est ça, votre intelligence ? C’est ça, votre savoir ?

Votre problème, c’est quoi ? Ces paroles renforcent-elles la cause de Gaza ou celle des sionistes ?

S’ils avaient seulement le courage de regarder, ils verraient de quel côté ils sont tombés.

À moins, bien sûr, qu’ils ne soient tombés volontairement…


Mon message ici s’adresse à ceux qui, au nom de la solidarité avec Gaza, perdent de vue leur cible et se mettent à attaquer plus violemment “ceux qui n’en font pas assez” que les amis d’Israël eux-mêmes.

Cette attitude les place, même sans le vouloir, dans le camp de l’ennemi.

C’est une forme de négligence grave, qui exige une sérieuse introspection.


Et voilà qu’un autre
“intellectuel”
s’est mis à comparer les discours posés de Greta Thunberg à l’enthousiasme de nos militants de Sumud, pour y voir une
“analyse du fanatisme religieux”.
Greta serait venue, dit-il,
“pour dénoncer l’injustice et défendre l’humanité”
, tandis que
“les religieux, eux, sont venus pour vendre Dieu et faire leur show”.

Je l’ai déjà dit : le mot
“dinciler”
(“bigots”) est une invention des mécréants pour insulter les musulmans.
Et le comble, c’est que celui qui tient ces propos est quelqu’un qui a passé sa vie à
“faire du religieux”
pour en tirer profit.

Ses propos, d’ailleurs, ont trouvé écho uniquement chez les ennemis de l’islam : sionistes, kémalistes, islamophobes se sont rués sous son post pour en profiter.


Or, Greta comme les militants venus de Türkiye avaient un seul et même but : dénoncer un génocide et défendre la dignité humaine.

Qu’il y ait entre eux des différences de tempérament, de style ou de personnalité, c’est naturel.

Mais en faire une distinction morale ou une hiérarchie de sincérité, c’est une manœuvre de division qui ne profite qu’au sionisme génocidaire.


En résumé : quiconque fait de son mieux pour Gaza est précieux.

Paix à eux. Et que Dieu les récompense.

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