Bénin: l’opposition parlementaire propose une loi d’amnistie pour les "prisonniers et exilés politiques"

15:1125/03/2023, samedi
MAJ: 27/03/2023, lundi
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Des partisans de Réckya Madougou devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET), à Porto-novo, au Bénin, le 10 décembre 2021. cRÉDIT PHOTO: YANICK FOLLY / AFP
Des partisans de Réckya Madougou devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET), à Porto-novo, au Bénin, le 10 décembre 2021. cRÉDIT PHOTO: YANICK FOLLY / AFP

L’opposition parlementaire béninoise a animé une conférence de presse vendredi soir à Cotonou pour annoncer un projet de loi d’amnistie initiée au profit des ‘’détenus politiques’’ et des personnalités politiques en exil.

Avec cette initiative, le groupe parlementaire "Les Démocrates" entend œuvrer pour la
"réunification et la pacification’’
de la société béninoise.

Le député Nourénou Atchadé, président du groupe parlementaire "Les Démocrates" explique que
"le premier titre de la proposition de loi concerne l’amnistie des personnalités politiques en prison, des détenus politiques et tous ceux qui bénéficient d’une liberté provisoire. Le deuxième titre a pour objet, l’amnistie ou l’abandon des poursuites judiciaires à l’encontre de personnalités politiques vivant en exil".

Nourénou Atchadé, par ailleurs, premier vice-président du parti de l’ancien président Boni Yayi a invité tout le peuple, la société civile, les confessions religieuses et les chefs coutumiers béninois à soutenir la proposition de loi.

Le parti "Les Démocrates", seule formation de l’opposition à l’Assemblée nationale béninoise, ne compte que 28 députés sur les 109 élus. La minorité parlementaire a conscience qu’avec ses seules voix, la proposition de loi n’a aucune chance d’aboutir.


Elle appelle par conséquent, la majorité parlementaire à se joindre à l’initiative.

"Nous invitons nos collègues de la majorité parlementaire à ne ménager aucun effort pour faire passer la proposition de loi dans l’intérêt du Bénin. Il est temps de désamorcer la bombe politique qui risque de nous emporter tous si rien n’est fait,"
exhorte le député Noureinou Atchadé.

L’opposition parlementaire invite aussi le Président Patrice Talon à s’impliquer pour la réussite de la proposition de loi
. Selon le député Atchadé, le Président a ainsi, une bonne occasion pour renforcer
"son bilan économique, politique et social".

L’ancienne ministre de la justice Réckya Madougou, l'univesitaire Frédéric Joël Aïvo et l’homme d’affaires Sébastien Ajavon sont, entre autres, les principales personnalités visées par cette proposition de loi.

Réckya Madougou, cadre du parti "Les Démocrates" est en détention depuis mars 2021. Elle a été condamnée à 20 ans de prison pour financement du terrorisme. Elle avait été arrêtée alors qu’elle se préparait à concourir pour la présidentielle d’avril 2021.


La Commission électorale nationale autonome avait finalement rejeté sa candidature pour défaut de parrainage. L’ancienne ministre a toujours clamé son innocence en se disant victime d’une affaire politique montée par le pouvoir de Patrice Talon.


Arrêté en avril 2021, le Pr Frédéric Joel Aïvo a, quant à lui, écopé de 10 ans de prison pour complot contre la sûreté de l'Etat. Il avait aussi annoncé sa candidature à la dernière élection présidentielle mais son projet n’a pas prospéré faute de parrain pour le soutenir. L’opposition béninoise le considère aussi comme un
"prisonnier politique"
du régime en place à Cotonou.

Parmi les
"exilés politiques''
visés par la proposition de loi d’amnistie des députés du parti "Les Démocrates", il y a Sébastien Ajavon. L’opérateur économique et acteur politique est arrivé troisième à l’issue du premier tour de la présidentielle de 2016.

Depuis 2018, il vit en exil en France où il a obtenu le statut de réfugié politique en avril 2019 et cela, après des problèmes avec la justice béninoise.

En mars 2021, l’homme d'affaires qui a fait fortune dans l’importation de la volaille surgelée a été reconnu coupable de fraude fiscale avec une peine de cinq ans de prison. Il a été condamné à payer près de 82 milliards de francs Cfa en amendes et dommages et intérêts à l’Etat béninois.


Avant cette affaire, M. Ajavon avait été condamné à vingt ans de prison dans une affaire de trafic de drogue. L’opposant a rejeté toutes ses condamnations en se disant victime d’une machination politique.


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