Cachés dans les montagnes du sud de l'Arabie saoudite, des migrants éthiopiens n'ont qu'un seul objectif: éviter les gardes-frontières qui, d'un seul coup de feu, peuvent mettre fin à leur quête d'une vie meilleure.
Ce n'est qu'à la tombée de la nuit qu'ils osent s'aventurer dans les villages voisins pour chercher des restes de nourriture.
Les gens ont peur de nous aider à trouver du travail car c'est illégal, nous sommes comme pris entre la vie et la mort.
Chaque étape est périlleuse, mais le dernier tronçon, qui va des hauts plateaux du Yémen au sud de l'Arabie saoudite, est le plus meurtrier.
Les entretiens de l'AFP avec six migrants et quatre passeurs - qui ont tous demandé à n'être identifiés que par leur prénom pour des raisons de sécurité - indiquent que même lorsque des Ethiopiens comme Mohammed atteignent le sol saoudien, il sont loin d'être certains de trouver du travail et de changer de vie.
"Comme des déchets"
Mohammed était encore adolescent lorsqu'il est arrivé en Arabie saoudite, en passant par Djibouti et en traversant la mer Rouge caché dans un bateau de pêche.
Les rebelles Houthis ne s'étaient pas encore emparés de Sanaa, et il a pu arriver sans encombre en Arabie saoudite, où son passeur lui a trouvé un emploi de berger.
L'année dernière, il a réuni environ 2.500 dollars pour un second passage en Arabie saoudite, mais cette fois-ci, le voyage a été plus pénible, notamment à la frontière entre l'Arabie saoudite et le Yémen.
Les Saoudiens ouvraient le feu sur les Ethiopiens comme si nous n'étions pas des êtres humains, comme si nous étions des déchets.
En août, une source gouvernementale saoudienne a déclaré que ces affirmations étaient infondées et que les autorités respectaient les droits humains.
Rêves en suspens
Le nombre de migrants arrivant en Arabie saoudite a diminué ces derniers mois, ont indiqué des passeurs à l'AFP.
Avant, les chiffres étaient plus élevés, mais le contrôle a été renforcé.
Abdi, assistant d'un autre passeur, explique que lorsque les Ethiopiens ont de l'argent, ils sont logés et nourris. Ils dorment, sous garde armée, à plus de dix par chambre, tandis que les passeurs tentent de leur trouver du travail. S'ils n'ont pas de quoi payer, ils sont livrés pour la plupart à eux mêmes, selon lui.
Ils ont réussi à passer la frontière. Mais pour l'instant, ils se trouvent dans le sud de l'Arabie saoudite, dans la clandestinité et à la recherche d'un travail.