Guinée / Procès du 28 septembre: première comparution d'un acteur politique

17:5425/03/2023, samedi
MAJ: 27/03/2023, lundi
APANEWS
Amadou Oury Bah, leader politique et témoin clé des événements du 28 septembre.
Crédit Photo: APA News
Amadou Oury Bah, leader politique et témoin clé des événements du 28 septembre. Crédit Photo: APA News

Le procès du massacre du 28 septembre a repris lundi 20 mars au tribunal criminel de Dixinn avec la toute première comparution d’un leader politique.

Amadou Oury Bah, leader politique et témoin clé des événements du 28 septembre 2009 était à la barre cette semaine au tribunal criminel de Dixinn.


Le jour du drame, l’actuel président de l’UDRG (Union des Démocrates pour la Renaissance de la Guinée) était au stade du 28 septembre. A l’époque, il était le président de la commission d’organisation de la manifestation organisée par des partis politiques et acteurs de la société civile contre la candidature de Moussa Dadis Camara, chef de l’ancienne junte.
La répression de ladite manifeste a fait 157 morts et au moins 109 victimes de violences sexuelles.

Devant le tribunal de Dixinn, Bah Oury a livré son témoignage sur ce qu’il a vécu à l’intérieur et à l’extérieur du stade. Le leader politique affirme avoir vu Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba et le colonel Moussa Tiegboro Camara, deux accusés dans cette affaire, au stade.


"Personnellement je n’avais pas pris conscience de ce qui se passait. Quelques minutes après, on a vu des militaires, principalement des bérets rouges se diriger vers les responsables politiques pour demander qu’on descende", a-t-il expliqué.
"Celui qui nous a intimé de descendre de manière formelle, c’était le commandant Toumba Diakité
(…)
"
, a-t-il précisé.

Le leader politique affirme avoir vu des militaires en train de dévêtir une femme, mais précise qu’au moment des faits, c’était le sauve qui peut.

Co-fondateur de l’UFDG (Union de Forces démocratiques de Guinée), formation politique dirigée par Cellou Dalein Diallo, Bah Oury soutient avoir sauvé la vie de ce dernier qui avait auparavant reçu un coup au niveau de ses côtes et s’était évanoui.


"En descendant de la tribune, j’ai vu Elhadj Cellou (Dalein Diallo) qui avait à maille à partir avec un policier habillé tout en noir avec ceinturon. Une bataille s’est engagée. Dans la descente vers la pelouse, j’ai reçu un coup sur la tête. Ça m’a sonné, mais ça ne m’a pas déstabilisé",
a-t-il témoigné.

Selon ses souvenirs, c’est Toumba Diakité et Moussa Tiegboro qui ont assuré la sécurité des leaders pendant ces événements.


Mais pour les conseils de Moussa Dadis Camara,
les leaders politiques font partie de responsables des massacres du 28 septembre.

"Tout ce que Bah Oury a dit n’engage que lui parce que c’est eux qui ont appelé à la manifestation",
à chargé Maître Pépé Koulemou, un des avocats de l’ancien président du Comité national pour la démocratie et le développement (CNDD) .

L’avocat ajoute qu’en dépit de l’interdiction de cette manifestation par la mairie de Dixinn, les leaders politiques se sont entêtés à l’organiser.

"S’il y a quelque chose qui en découle ? Qui doit en assurer la responsabilité ? C’est eux les organisateurs. Ils en sont responsables. Au lieu de venir se victimiser, ils doivent en assumer les conséquences",
a soutenu l’avocat, insistant sur un supposé complot contre Dadis Camara et son régime.

"C’est l’aile militaire dirigée par le Général Sékouba Konaté et Toumba Diakité qui était chargé d’exécuter le complot de M. Alpha Condé et ses alliés contre le capitaine Moussa Dadis Camara",
a-t-il accusé.

Interrogé sur ses premières déclarations consistant à incriminer Toumba Diakité, le président de l’UDRG admet, après analyse des événements, avoir réalisé que les auteurs du massacre n’étaient pas sous les ordres de Toumba Diakité. À en croire Bah Oury, si tel était le cas, l’ancien aide de camp de Dadis Camara ne serait pas impliqué pour sauver la vie des leaders et autres militants politiques.


Pour Bah Oury, c’est les ambitions présidentielles de Dadis Camara qui ont mis le feu aux poudres et provoqué ces événements malheureux.


Après trois jours d’interrogatoire, le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara a renvoyé l’affaire au 27 mars pour la suite des débats.


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