Kenya: après un incendie dévastateur, des habitants dénoncent le stockage sauvage de combustibles

17:062/02/2024, vendredi
MAJ: 2/02/2024, vendredi
AFP
Des gens se tiennent sur les murs d'un bâtiment endommagé pour voir les débris de troncs brûlés et de camions-citernes, le lendemain d'une explosion de gaz ayant causé de graves dommages dans la région d'Embakasi à Nairobi le 2 février 2024.
Crédit Photo : LUIS TATO / AFP
Des gens se tiennent sur les murs d'un bâtiment endommagé pour voir les débris de troncs brûlés et de camions-citernes, le lendemain d'une explosion de gaz ayant causé de graves dommages dans la région d'Embakasi à Nairobi le 2 février 2024.

"Une catastrophe couve": après l'incendie qui a ravagé leur quartier dans la capitale kényane Nairobi, les habitants d'Embakasi ne cachent pas leur colère vendredi, dénonçant le stockage sans contrôle de gaz et d'essence au milieu de cette zone d'habitation.

Quelque 280 personnes ont été transportées d'urgence dans divers hôpitaux et trois sont mortes, après l'explosion d'un camion chargé de bombonnes de gaz peu avant minuit dans ce quartier périphérique densément peuplé du Sud-Est de Nairobi.



Tous les habitants interrogés ont décrit
"une boule de feu"
qui a ensuite dévoré maisons, camions et voitures. L'explosion a pulvérisé des véhicules, dont des parties ont été retrouvées sur le toit d'un immeuble de cinq étages.

Passager d'un boda-boda (moto-taxi), Sylvanus Abwayo a été projeté au sol par le souffle, avant de se relever pour fuir les flammes qui approchaient. Suite a un profond soupir, celui-ci affirme:


Je ne sais pas comment j'ai réussi à m'échapper.

Passé le choc de la nuit, la colère a gagné vendredi les habitants de Mradi, la zone d'Embakasi ravagée par les flammes.


Pour beaucoup, des compagnies d'énergie se servent de leur quartier pour entreposer leurs matériaux inflammables au mépris de la loi et des conditions élémentaires de sécurité.


"Nous ne savons pas ce qui se passe dans ces entrepôts parce que certains d'entre eux n'ont pas de nom. Tout ce que nous voyons, ce sont des véhicules qui entrent et sortent, y compris des camions d'essence"
, explique Eliud Mulandi, un charpentier.

"Chaque jour, il y a d'énormes camions remplis d'essence garés dehors, alors que nous vivons ici"
, ajoute James Bor, un chauffeur de moto-taxi âgé de 47 ans. "
Que le gouvernement déplace ces installations de gaz (...) Nous manifesterons et bloquerons les routes jusqu'à ce que ça se passe"
.


"Irresponsable"


"Pourquoi avons-nous des installations de gaz au milieu des lotissements? Ici, c'est un quartier résidentiel et là, c'est une installation de gaz. Et il n'y en a pas qu'une, il y en a plusieurs"
, s'emporte Magdalene Kerubo, 34 ans, qui habite non loin du lieu de l'explosion.

"Notre gouvernement est irresponsable. Pourquoi attend-il les catastrophes pour agir?"
, lance-t-elle, furieuse.

L'Autorité de régulation de l'énergie et du pétrole du Kenya (EPRA) a déclaré vendredi avoir refusé à trois reprises l'an dernier des demandes d'autorisation pour l'installation d'une usine de stockage et remplissage de gaz de pétrole liquéfié (GPL) sur le site de l'explosion.

"Toutes les demandes ont été rejetées car elles ne répondaient pas aux critères fixés pour une usine de stockage et de remplissage de GPL dans cette zone"
, précise-t-elle dans un communiqué.

"La principale raison du rejet était le fait que les conceptions ne respectaient pas les distances de sécurité"
, ajoute-t-elle, soulignant
"la forte densité de population autour du site proposé".

Pour Felisters Anyango, vendeuse de poissons de 58 ans, les autorités doivent désormais agir avant que le pire n'arrive. Sur ce, d'un ton ferme, affirme-t-elle:

Ce sont les installations de gaz qui doivent déménager d'ici, pas nous. Nous vivons ici depuis longtemps et les industries sont toutes venues après.

"Qu'elles déménagent car il y a une catastrophe qui couve. Regardez ce qui s'est passé la nuit dernière",
poursuit-elle
.

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