Dans un hôpital décati non loin de la ligne de front, Innocent, la gorge emmaillotée de pansements, se remémore ce matin du 1er mai. Sous ses yeux, son ami Germain a été égorgé au couteau. Lui s'en est sorti, le cou tailladé mais vivant.
C'était dans une plantation de café sur les hauteurs de Kibirizi, bourgade agricole de l'est de la République démocratique du Congo, passée début mars sous le contrôle du M23 ("Mouvement du 23 mars") et de l'armée rwandaise qui soutient cette rébellion congolaise, majoritairement tutsi, à l'offensive depuis fin 2021.
Ses grands yeux clairs perdus dans le vague et assis dans le bureau du directeur de l'hôpital, Innocent se souvient:
Quand les M23 sont arrivés à Kibirizi, ils ont tenu un meeting et nous ont assuré que nous étions en sécurité.
Fin avril, l'armée congolaise et les "wazalendo" lancent une offensive pour reprendre Kibirizi.
Dommages collatéraux
De mois en mois, les rebelles progressent dans la province du Nord-Kivu et installent une administration parallèle dans les secteurs dont ils s'emparent.
Impunité
Alors qu'une nouvelle offensive est en train d'être lancée sur Kibirizi par la coalition FARDC/wazalendo, Innocent désespère:
L'impunité, c'est ça qui fait que ça ne marche pas dans notre République...