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Thaïlande: l'avenir du principal opposant sur un fil

12:076/08/2024, Salı
AFP
L'ancien candidat au poste de Premier ministre thaïlandais et député du parti Move Forward, Pita Limjaroenrat.
Crédit Photo : Jack TAYLOR / AFP
L'ancien candidat au poste de Premier ministre thaïlandais et député du parti Move Forward, Pita Limjaroenrat.

Le principal opposant en Thaïlande, Pita Limjaroenrat, risque un bannissement de la vie politique pendant dix ans, et son parti, le Move Forward Party (MFP), la dissolution, dans une affaire jugée mercredi, sur fond de recul de la démocratie dans un pays habitué aux crises.

Le royaume se dirige vers un nouveau cycle d'instabilité, avec plusieurs épisodes au tribunal prévus jusqu'à la fin du mois d'août qui pourraient attiser des divisions profondes autour de la place accordée à la monarchie dans la société.


La Cour constitutionnelle doit se prononcer vers 15H00 (08H00 GMT) dans l'affaire visant le MFP, la principale force à l'Assemblée nationale qui a remporté les dernières élections avec un discours progressiste rarement vu en Asie du Sud-Est.


Les analystes s'attendent à la dissolution du parti et au bannissement de ses dirigeants pendant dix ans, un scénario déjà vu lors des deux dernières décennies, qui renforcerait la mainmise de l'élite conservatrice alignée avec le roi.

Le parti est poursuivi pour avoir fait campagne sur la réforme de la loi de lèse- majesté, considérée comme un outil instrumentalisé par le pouvoir contre le mouvement pro-démocratie.

Dans une autre décision en janvier, la Cour constitutionnelle a assimilé cette proposition à une tentative de renverser la monarchie, une accusation gravissime en Thaïlande où le roi Maha Vajiralongkorn bénéficie d'un statut de quasi-divinité qui le place au-dessus de toute critique.


Seule formation à oser évoquer la monarchie, MFP a rejeté ces accusations et dénoncé des manoeuvres de ses adversaires visant à discréditer le parti le plus populaire du pays.


"Conséquences à long terme"


Plus de quatorze millions de Thaïlandais, un résultat inédit en plus de dix ans, ont choisi le programme de rupture porté par le charismatique Pita Limjaroenrat, également critique de la Constitution, de l'armée et des conglomérats.


Le candidat de 43 ans incarne le renouvellement d'une classe politique vieillissante dominée par des familles riches ou des généraux. Il est, de loin, la personnalité politique préférée du royaume.


Mais en dépit du soutien d'une coalition majoritaire à l'Assemblée, jamais il n'a accédé au poste de Premier ministre, la faute au bloc conservateur qui s'est soudé en opposition à ses idées jugées antipatriotiques.

Son bannissement pourrait avoir des conséquences à long terme pour la démocratie en Thaïlande, a prévenu l'ONG Human Rights Watch en avril.


"Quand les partis politiques sont faibles, le pouvoir du peuple le devient aussi"
, a déclaré Pita Limjaroenrat lors d'un discours samedi dernier.
"Faisons en sorte que Move Forward soit le dernier parti né du peuple, et banni du pouvoir"
, a-t-il exhorté.

Par le passé, la Cour constitutionnelle a notamment prononcé la dissolution de "Thai Rak Thai" dirigé par l'ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra en 2007, ou de
"Future Forward", l'ancêtre de Move Forward, en 2020.

Le Premier ministre en suspens


Cette dernière affaire avait provoqué de grandes mobilisations dans le pays, portées par des manifestants jeunes et urbains, qui réclamaient la refonte en profondeur de la monarchie. Plusieurs meneurs de ces contestations ont depuis été poursuivis pour lèse-majesté, et certains incarcérés.

"On sait aujourd'hui que les manifestations n'ont pas apporté pas de changement"
, explique à l'AFP Wanwichit Boonprong, qui ne s'attend pas à de nouvelles protestations.
"Rien ne changera sauf si le Premier ministre ne survit pas"
la semaine prochaine, poursuit l'enseignant en sciences politiques à l'université de Rangsit, près de Bangkok.

L'implosion guette les équilibres précaires formés au moment de la nomination l'an dernier comme Premier ministre de Srettha Thavisin, issu de Pheu Thai, le deuxième parti au Parlement.


Le dirigeant est accusé dans une affaire d'éthique devant la Cour constitutionnelle qui pourrait conduire à son départ et à la formation d'un nouveau gouvernement.

Dans ce scénario, seront surveillés les mouvements des députés MFP non bannis, qui pourraient créer un nouveau parti ou se joindre à la coalition au pouvoir.


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