Un Palestinien libéré de prison israélienne témoigne des sévices subis

La rédaction avec
11:104/02/2025, mardi
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Centre carcéral d'al-Moscobiyeh, en Palestine occupée.
Crédit Photo : AA / AA
Centre carcéral d'al-Moscobiyeh, en Palestine occupée.

Reda Obaid, 18 ans, libéré dans le cadre d’un échange de prisonniers, est rentré chez lui à Jérusalem-Est atteint de la gale, maladie contractée en détention israélienne. Il raconte les conditions inhumaines qu'il a subies.

Malgré la joie de la famille de Reda Obaid, 18 ans, de le voir rentrer chez lui dans le quartier d'Isawiya à Jérusalem-Est, ils ont été sous le choc en découvrant son corps couvert de gale, une maladie de peau contractée en prison israélienne.


Son père, Mohammed, l’a immédiatement conduit à l’hôpital pour un bilan médical après l’avoir vu dans cet état à sa sortie de la prison de Moscobiyeh, à Jérusalem, où les autorités israéliennes l’ont libéré jeudi.


Obaid fait partie des 110 prisonniers palestiniens relâchés lors de la troisième phase d’un échange de détenus. En contrepartie, les groupes palestiniens Hamas et le Jihad islamique ont libéré trois Israéliens et cinq ressortissants thaïlandais retenus à Gaza.

Arrestation et conditions de détention


Les forces israéliennes ont arrêté Obaid le 21 août 2024, le plaçant d'abord dans un centre de détention pour mineurs avant de le transférer dans une prison pour adultes. Il décrit des conditions inhumaines dans les deux établissements.


"L’expérience carcérale était brutale: maladies, malnutrition, coups et nuits sans sommeil. Les prisonniers ne subissent que l'humiliation et les abus"
, a-t-il confié à Anadolu depuis son domicile.

"Dans le centre pour mineurs, les détenus étaient battus et insultés en permanence"
, a-t-il ajouté.
"Quand on m'a transféré en prison pour adultes, ce n’était pas différent. Si un gardien posait une question et que je ne répondais pas immédiatement, il me frappait".

Obaid se souvient de son passage à la prison de Megiddo, où l'absence de literie l’a forcé à dormir sans couverture pendant dix jours.


La lutte contre la maladie


Obaid a contracté la gale peu après son arrestation.


"Lors de mon passage devant le tribunal, j’ai supplié la juge de me faire soigner. Elle a ordonné un transfert à la clinique de la prison, mais les autorités n’ont rien fait"
, a-t-il raconté.

"Un responsable pénitentiaire a vu mon état sans réagir"
, a-t-il ajouté.

Selon lui, de nombreux détenus souffraient de la même maladie, mais ne recevaient que des crèmes et des comprimés inefficaces.

Une liberté douce-amère


Obaid ne s’attendait pas à être libéré.


"Je devais purger cinq ans de prison. Quand j’ai entendu mon nom sur la liste, j’étais fou de joie. J’avais hâte de retrouver ma famille et de me soigner. La gale m’a épuisé, et personne en prison ne s’en souciait"
, a-t-il confié.

Son père éprouve des sentiments partagés, car son autre fils, Dia, 19 ans, est toujours incarcéré.

"Avant l’échange de prisonniers, Reda avait eu plusieurs audiences. J’espérais que mes deux fils seraient libérés, mais seul Reda l’a été"
, a déclaré Mohammed.

"Jeudi matin, les services de renseignement israéliens m'ont convoqué. Je ne m'attendais pas à une telle nouvelle"
, a-t-il ajouté.

Mohammed ne savait rien des conditions de détention de son fils, ne le voyant que lors des audiences.


"Je ne savais ni ce qu'il mangeait ni comment il dormait. Maintenant, Dia est toujours en prison, et je n’ai aucune information sur lui"
, a-t-il confié.

"Lors d’une audience, il m’a dit qu’il avait été battu, et ses ecchymoses étaient visibles."

Interdiction de célébration


Mohammed a révélé que les services de renseignement israéliens lui avaient interdit d’organiser une célébration publique pour la libération de son fils.


"Ils m’ont dit : pas de foule, pas de visites d’amis, c’était interdit"
, a-t-il déclaré.

Avant la libération des détenus à Jérusalem, les familles s’étaient rassemblées devant la prison de Moscobiyeh pour accueillir leurs proches.


"Mais avant même de voir Reda, les autorités nous ont confisqué nos téléphones et nous ont confinés dans une zone restreinte sans nourriture. Même l’accès aux toilettes nécessitait une autorisation"
, a-t-il expliqué.

Mohammed a été horrifié en découvrant l’état de son fils.


"J’étais sous le choc. Je n’avais jamais rien vu de tel"
, a-t-il déclaré.

"Après de nombreuses complications, j’ai dû l’emmener à l’hôpital en ambulance pour qu’il reçoive des soins médicaux."

L’accord d’échange de prisonniers


La première phase de l’échange de prisonniers a débuté le 19 janvier avec la libération de trois femmes israéliennes en échange de 90 prisonniers palestiniens – femmes et mineurs – détenus en Palestine occupée, y compris à Jérusalem.


Lors de la deuxième phase, Israël a relâché 199 prisonniers palestiniens et un détenu jordanien en échange de quatre soldates israéliennes détenues à Gaza.

Cet accord en trois étapes, d’une durée de 42 jours par phase, prévoit la libération de 1 700 à 2 000 détenus palestiniens et arabes en échange de 33 captifs israéliens à Gaza, vivants ou décédés.


Depuis le 7 octobre 2023, la guerre génocidaire menée par Israël a tué plus de 47 500 Palestiniens, dont une majorité de femmes et d’enfants, et blessé plus de 111 600 personnes.


L'offensive israélienne a laissé plus de 11 000 personnes portées disparues et a provoqué une crise humanitaire catastrophique, entraînant la mort de milliers d’enfants et de personnes âgées.


La Cour pénale internationale a émis, en novembre dernier, des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité à Gaza.


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