Jugement attendu dans l’affaire de la séquestration de Paul Pogba

09:5119/12/2024, jeudi
AFP
Mathias Pogba, accusé d'avoir exercé des pressions sur son frère, le footballeur français Paul Pogba, ainsi que sur sa famille, retourne à son audience après une suspension au tribunal correctionnel de Paris, le 26 novembre 2024.
Crédit Photo : Anne-Christine POUJOULAT / AFP
Mathias Pogba, accusé d'avoir exercé des pressions sur son frère, le footballeur français Paul Pogba, ainsi que sur sa famille, retourne à son audience après une suspension au tribunal correctionnel de Paris, le 26 novembre 2024.

Le tribunal correctionnel de Paris rend jeudi son verdict dans l’affaire de la séquestration de Paul Pogba, impliquant son frère et cinq amis d’enfance.

Victimes collatérales ou coupables? Le tribunal correctionnel de Paris rendra aujourd'hui à 13h30 son jugement dans l’affaire retentissante de la séquestration de Paul Pogba, impliquant un frère et cinq amis d’enfance du joueur.


Six prévenus, dont le grand frère de Paul Pogba et cinq de ses amis ou connaissances d’enfance, sont poursuivis pour leur rôle dans l’"affaire Pogba". Cette affaire mêle chantage, pressions et, en point d’orgue, une séquestration survenue en mars 2022 sous la menace d’armes à feu.


L’objectif était de soutirer 13 millions d’euros au milieu de terrain, alors joueur de Manchester United, avant son transfert à la Juventus Turin.

L’affaire a éclaté après la diffusion, en août 2022, de vidéos sur les réseaux sociaux. Dans celles-ci, Mathias Pogba accusait notamment Paul d’avoir marabouté Kylian Mbappé.


"Comment un frère, des amis, peuvent-ils s’unir pour extorquer des sommes aussi extraordinaires à une des personnes les plus précieuses de leur vie?"
, avait interrogé une des procureures lors de son réquisitoire.

À l’encontre de Mathias Pogba, le parquet a requis un an de prison ferme aménageable sous bracelet électronique, ainsi qu’une amende de 10.000 euros.

Pour l’accusation, l’aîné du footballeur
"n’a pas participé aux prémices du projet"
de séquestration. Cependant, il lui est reproché d’avoir rejoint le groupe et joué
"un rôle actif"
dans les tentatives visant à nuire à Paul Pogba et à lui extorquer les 13 millions d’euros.

Pour les cinq autres prévenus, les procureures ont demandé des peines allant jusqu’à huit ans de prison, assorties d’amendes de 20.000 euros et de l’interdiction de porter une arme pendant dix ans.

Durant les trois heures de réquisitoire, les procureures ont souligné la générosité de Paul Pogba, qualifié d’
"ami qui a réussi"
. Elles ont rappelé qu’il avait financé l’achat d’un restaurant pour deux des prévenus, effectué des virements de plusieurs milliers d’euros et offert 100.000 euros à chacun de ses proches pour leurs anniversaires.

"Vous avez créé une situation de dépendance financière à son égard qui a gangrené votre amitié"
, a dénoncé le ministère public.

"Toujours dans mon cœur"


Lors de leurs plaidoiries, les avocats de la défense ont mis en avant les violences subies par leurs clients après la séquestration.


L’un d’eux, Roushdane K., détenu pendant son procès, a raconté avoir été blessé par balle à bout portant à une main pour
"mettre la pression à Paul"
, qui refusait de payer.

Un autre axe central de la défense repose sur une enquête et un procès jugés à charge, basés essentiellement sur les déclarations de Paul Pogba, qui n’a pas assisté aux audiences.


"On a sacrifié les amis d’enfance de Paul sous prétexte que, si Paul dit quelque chose, c’est forcément vrai..."
, a déploré Me Karim Morand-Lahouazi, avocat d’Adama C.

Tout au long du procès, les proches de Paul Pogba ont évoqué leur longue amitié avec le joueur, certains le connaissant depuis la maternelle.


Des jeunes ayant grandi ensemble dans la cité de la Renardière à Roissy-en-Brie, en banlieue parisienne, jusqu’au départ de Paul Pogba pour une carrière internationale.


"Quand il rentrait en France, il venait nous voir. Il dînait chez mes parents et demandait toujours un mafé à ma mère"
, a raconté Boubacar C., l’un des amis les plus proches du joueur.

Tous ont admis avoir souvent bénéficié des largesses de leur ami.


"Est-ce que cela fait d’eux des criminels? Est-ce immoral de partager une part du gâteau?"
, a questionné Me Saïd Harir.
"Non, c’est un juste retour des choses. Dans le VIe arrondissement, on appelle ça du réseau!"
, a-t-il lancé avec un sourire, en défendant Boubacar C.

Avant que le tribunal ne se retire pour délibérer, chaque prévenu a pris la parole, évoquant leur lien avec Paul Pogba.


"Paul sait qui il est pour moi. Je le garderai toujours dans mon cœur",
a déclaré Boubacar C., espérant que ce message atteigne son ancien ami.

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