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Les eSIM, cartes SIM dématérialisées, une technologie devenue essentielle à Gaza.
Sans les eSIM, les Gazaouis seraient "coupés du monde" et "personne ne saurait ce qui se passe dans la bande de Gaza". Comme de nombreux Palestiniens, Hani al-Shaer s'est procuré une puce virtuelle pour faire face aux fréquentes coupures de téléphone et d'internet.
Mardi, pour la quatrième fois depuis le début de la guerre, l'ensemble des télécommunications étaient interrompues, selon l'opérateur palestinien Paltel.
La puce dématérialisée est le sésame des habitants de Gaza pour communiquer avec le monde extérieur. Ces eSIM sont achetées par les familles vivant à l'étranger.
Le principe est simple, pour activer la carte il faut scanner le QR code envoyé par le proche avec un appareil photo d'un téléphone portable compatible avec le système. L'utilisateur se connecte ensuite en mode itinérance sur un réseau étranger, souvent israélien, parfois égyptien.
Le recours à l'eSIM est quasi indispensable pour rester connecté depuis que l'armée israélienne pilonne la bande de Gaza, où plus de 20.915 personnes, majoritairement des civils, ont été tuées, selon le dernier bilan du gouvernement du Hamas.
Pendant plus d'une semaine, Samar Labad a
avec sa famille.
Son frère qui vit en Belgique a fini par lui envoyer une eSIM, raconte la mère de famille de 38 ans, qui a dû fuir avec ses trois enfants la ville de Gaza et les combats pour s'installer à Rafah, dans le sud, où s'entassent des dizaines de milliers de déplacés dans des camps de fortune.
"La communication n'est pas stable, mais elle fait l'affaire"
, confie-t-elle.
"Au moins, nous restons en contact les uns avec les autres pour se rassurer, même de manière intermittente".
En revanche, elle n'arrive pas à joindre directement ses proches qui résident à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
"Je prends de leurs nouvelles grâce à une personne qui réside avec eux et dont le téléphone est compatible avec la eSIM".
Il ne suffit pas d'avoir une puce virtuelle pour garantir la communication. Le service n'est disponible que dans les zones proches des frontières avec Israël ou bien il faut se hisser sur les toits pour capter un signal.
Dans son magasin de téléphonie mobile, Ibrahim Mukhaimar voit surtout défiler des journalistes.
Ils
"utilisent des eSIM pour transmettre au monde la situation réelle, en particulier le fait que l'occupation a délibérément cherché à dissimuler ce qui se passe dans la bande de Gaza",
pense-t-il.
"Montrer qu'il manque des produits de base nécessaires à sa survie"
, ajoute le commerçant.
Outre les reporters,
"il y a aussi les médecins et les employés de la défense civile qui cherchent à connaître l'emplacement exact des frappes pour aider les gens"
, note Ibrahim Mukhaimar. S'ajoutent les employés de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens
"l'Unrwa qui en ont besoin pour organiser des convois d'aide"
, détaille-t-il.
Si ces puces virtuelles pallient les coupures de télécommunication, l'ironie veut qu'il faille internet pour les activer.
"Cela peut nous prendre deux ou trois heures"
, explique Yasser Qudieh, journaliste reporter d'images (JRI).
Le prix de la carte varie entre
"15 et 100 dollars, en fonction de la période de validité, qui va d'une semaine à deux mois"
, précise-t-il. Pour
"obtenir un meilleur service Wi-Fi",
les tarifs peuvent s'envoler.
"Sans ces cartes eSim, nous serions coupés du monde et personne ne saurait ce qui se passe dans la bande de Gaza"
, affirme Hani al-Shaer, journaliste local, qui s'en sert aussi pour effectuer ses
.
Fin octobre, l'ONG Human Rights Watch (HRW) avait averti que les coupures des télécommunications et d'internet dans la bande de Gaza risquerait de
"servir de couverture à des atrocités de masse et de contribuer à l'impunité des violations des droits humains".
En plus de documenter la guerre, les journalistes palestiniens détenteurs d'une eSIM servent de messager.
"De nombreux expatriés nous contactent pour suivre les dernières nouvelles dans la bande de Gaza et obtenir des informations sur leurs familles, et nous les rassurons et les informons sur les lieux des bombardements lorsque les fournisseurs de services palestiniens ne fonctionnent pas"
, explique Yasser Qudieh.
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