Öcalan est-il la clé de la solution ?

09:3524/11/2025, Pazartesi
MAJ: 24/11/2025, Pazartesi
Aydın Ünal

Depuis les années 1980, les approches inadaptées censées résoudre la question kurde, ou plus précisément le problème du terrorisme après 1980, n’ont fait qu’aggraver la situation. Quarante-et-un ans se sont écoulés depuis les premières actions armées à Eruh et Şemdinli en 1984. Depuis 41 ans, nous menons une lutte intense contre le terrorisme, au prix de lourdes pertes humaines. Et pourtant, la situation actuelle est même en deçà de celle de 1984. Aujourd’hui, nous constatons que la branche politique

Depuis les années 1980, les approches inadaptées censées résoudre la question kurde, ou plus précisément le problème du terrorisme après 1980, n’ont fait qu’aggraver la situation.


Quarante-et-un ans se sont écoulés depuis les premières actions armées à Eruh et Şemdinli en 1984. Depuis 41 ans, nous menons une lutte intense contre le terrorisme, au prix de lourdes pertes humaines. Et pourtant, la situation actuelle est même en deçà de celle de 1984. Aujourd’hui, nous constatons que la branche politique du PKK dépasse les 10 % des suffrages, que l’organisation jouit de la sympathie d’une partie des Kurdes et qu’un fossé émotionnel s’est creusé entre Turcs et Kurdes.


Qu’on l’accepte ou non, la réalité est que, 41 ans après, Abdullah Öcalan, fondateur du PKK, est perçu comme un
“leader culte”
par une partie des Kurdes et qu’il bénéficie d’un certain respect, en Türkiye comme ailleurs.

Il ne fait aucun doute que, dans la résolution de la question kurde et du terrorisme, les appels, messages et efforts de persuasion d’Abdullah Öcalan peuvent jouer un rôle important. Mener le processus vers une Türkiye sans terrorisme en tenant compte de sa position est cohérent.
Qu’un fondateur du PKK, doté d’un poids réel sur certains segments kurdes, adopte une position favorable à la paix rapprocherait nécessairement le processus d’une issue positive.

Mais Abdullah Öcalan joue-t-il réellement un rôle clé ?

Une influence limitée et contestée


Par le passé, plusieurs initiatives courageuses ont été mises en œuvre, intégrant Öcalan au processus, sans succès. Le PKK n’est pas dirigé depuis İmralı ; il n’est même pas certain qu’il soit véritablement dirigé depuis Qandil.
Il est désormais de notoriété publique que certains acteurs extérieurs — Israël, les États-Unis, plusieurs pays européens — exercent une influence plus forte sur l’organisation qu’Öcalan ou Qandil eux-mêmes
. Les dirigeants du PKK à Qandil ont saboté les processus en affirmant qu’Öcalan était
“prisonnier”
et qu’il ne parlait pas librement. Ils n’ont pas suivi ses appels.

Ces dernières années, grâce à des méthodes plus efficaces, le terrorisme n’a plus de capacité de manœuvre en Türkiye. Même dans le nord de l’Irak, l’organisation n’agit plus aussi confortablement. L’éventuel abandon des armes découle davantage des nouveaux rapports de force que des appels d’Öcalan ou des bonnes intentions d’Ankara. Si les circonstances ne les y contraignaient pas, rien n’empêcherait les cadres du PKK d’invoquer encore une fois
“l’emprisonnement”
d’Öcalan pour ignorer ses messages.

Un autre point crucial est la situation dans le nord de la Syrie. Alors que la Révolution syrienne approche de sa première année, la question des FDS demeure irrésolue. Les déclarations publiques gravitent toujours autour d’un projet de fédération ou d’une structure qui s’en rapproche. Plus le processus syrien s’étire, plus les FDS gagnent du terrain dans les esprits. Entre-temps, Mazlum Abdi — présenté comme le
“fils spirituel”
d’Öcalan — n’accorde aucune importance aux appels de ce dernier.
L’évidence s’impose : Öcalan n’a aucune influence sur les FDS.

Même si le PKK se dissolvait dans le nord de l’Irak et abandonnait les armes, son implantation dans le nord de la Syrie empêcherait toute solution durable en Türkiye.


En résumé, Öcalan reste un acteur très important sur la voie d’une Türkiye sans terrorisme, mais il est loin d’être en mesure d’apporter, seul, une solution.

Placer tout l’espoir en Öcalan, faire de lui une figure
“clé”
, pourrait suffire plus tard à dire :
“Nous avons tenté toutes les options de bonne foi”.
Mais cela ne suffira jamais pour produire une solution réelle.

Le président Erdoğan et le chef du MHP, Devlet Bahçeli, l’ont rappelé à plusieurs reprises : ce processus sera conduit
“sans humilier la Türkiye, sans blesser la mémoire sacrée des martyrs ni leurs proches”.
Le pays n’a plus la force d’encaisser une nouvelle déception. Il est possible que le processus n’aboutisse pas — c’est normal — mais les mesures prises ne doivent en aucun cas laisser de cicatrices durables dans la mémoire collective.

Il est essentiel de replacer Öcalan à sa juste place : il peut faciliter certaines étapes, mais il n’est ni l’acteur central, ni la figure capable de produire la solution finale.
Aller à İmralı pour écouter des heures durant des discours abstraits ou attribuer à Öcalan un rôle qui dépasse sa véritable capacité n’apporterait aucun bénéfice au processus. Puissé-je me tromper.
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