Le chemin de fer du Hedjaz est sur le point d'être remis en service

13:1928/10/2025, mardi
Cemil Doğaç İpek

En parcourant les pages poussiéreuses de l'histoire, le chemin de fer du Hedjaz apparaît comme l'un des plus grands rêves du dernier Empire ottoman. Ce projet visionnaire du sultan Abdulhamid II visait à renforcer l'unité de l'empire et à faciliter le pèlerinage en reliant Istanbul aux terres saintes (La Mecque et Médine). Lancé à Damas à la fin du XIXe siècle, ce projet a été financé par des dons volontaires collectés dans tout le monde islamique. Il permettrait de réduire le voyage de pèlerinage,

En parcourant les pages poussiéreuses de l'histoire, le chemin de fer du Hedjaz apparaît comme l'un des plus grands rêves du dernier Empire ottoman.


Ce projet visionnaire du sultan Abdulhamid II visait à renforcer l'unité de l'empire et à faciliter le pèlerinage en reliant Istanbul aux terres saintes
(La Mecque et Médine).
Lancé à Damas à la fin du XIXe siècle, ce projet a été financé par des dons volontaires collectés dans tout le monde islamique. Il permettrait de réduire le voyage de pèlerinage, qui durait quarante jours en caravane de chameaux, à cinq jours.

Le chemin de fer qui en résulterait ne serait pas seulement un projet de transport, mais aussi un monument à l'unité et à la solidarité de la civilisation turco-islamique.Le chemin de fer du Hedjaz a été construit rapidement après avoir été lancé près de Damas en 1900. Sa ligne principale, longue d'environ 1 300 kilomètres, a été achevée en 1908 lorsqu'elle a atteint Médine.


Ce chemin de fer a grandement facilité les déplacements des pèlerins et a contribué à relier différentes régions à travers les déserts du Moyen-Orient. Il ne s'agissait pas seulement d'une réussite technique, mais aussi d'un symbole d'unité pour le monde islamique. Ainsi, les voyages pénibles des pèlerins et des voyageurs ont commencé à s'effacer dans l'histoire. Les ingénieurs et les ouvriers turcs ont posé des rails de fer à travers les déserts brûlants, et le projet est entré dans l'histoire comme une entreprise exceptionnelle, réalisée entièrement avec des ressources musulmanes, sans recourir à des capitaux étrangers.


Fierté islamique


Le chemin de fer du Hedjaz est devenu à la fois notre fierté nationale et la fierté commune du monde islamique à cette époque.
La presse mondiale a salué ce projet, et l'arrivée de la ligne à Médine a été une source de grande joie dans le monde islamique. Malheureusement, cet enthousiasme n'a pas duré longtemps.

La construction du réseau ferroviaire n’a pas seulement accéléré les déplacements, elle a aussi semé les graines de la civilisation le long de son parcours. De petites colonies ont vu le jour autour des puits creusés et des gares construites dans les zones arides du désert.
De nouveaux marchés, écoles et hôpitaux ont été créés, touchant la vie des populations locales.
Le chemin de fer du Hedjaz a également apporté des avantages géographiques et stratégiques à l'Empire ottoman ; il a facilité le transport des troupes et des fournitures vers les provinces éloignées du Hedjaz et du Yémen, réduisant ainsi la dépendance vis-à-vis du canal de Suez. Cette réalisation a été considérée comme une manifestation tangible du rôle du sultan Abdulhamid en tant que
"protecteur de la ummah".

Un destin tragique


Cependant, le destin de la ligne n'a pas été aussi brillant que sa construction. Le projet de prolongement de Damas à La Mecque et de liaison directe entre l'Anatolie et le Hedjaz est resté inachevé lorsque la Première Guerre mondiale a éclaté en 1914. Pendant la Grande Révolte arabe contre l'Empire ottoman en 1916, les rebelles arabes, incités par les Britanniques, ont saboté à plusieurs reprises le chemin de fer afin de couper la ligne d'approvisionnement de l'Empire ottoman vers le Hedjaz.
Des dizaines de ponts furent détruits, des rails arrachés et des gares construites à grand-peine détruites. Ces actes de sabotage rendirent de nombreux tronçons de la ligne définitivement inutilisables et, au début des années 1920, lorsque l'armée turque se retira de la région, le chemin de fer du Hedjaz prit fin, laissant derrière lui un rêve inachevé au milieu du désert.

Avec l'effondrement de l'Empire, le chemin de fer a été divisé en longues sections entre la Syrie, la Jordanie et l'Arabie saoudite. Alors que les voies ferrées sur le territoire saoudien sont restées enfouies sous le sable pendant des années, quelques anciennes gares et locomotives ont été conservées comme reliques, mais la ligne n'a jamais été remise en service. En Jordanie, la gare historique d'Amman et certaines sections sud sont restées en service pendant un certain temps, mais ont finalement été abandonnées. Lorsque des chasseurs de trésors ont commencé à piller ces voies abandonnées, le gouvernement jordanien a même interdit l'accès aux gares afin de protéger la ligne. Le site de ces trains autrefois glorieux a laissé place à des ruines silencieuses. Ce triste spectacle montrait à quel point un patrimoine ancien pouvait être négligé.


Le chemin de fer du Hedjaz n'est pas un rêve oublié


Néanmoins, il serait injuste de dire que le rêve du chemin de fer du Hedjaz a été complètement oublié. Même après l'ère de l'Empire turc, l'idée de faire revivre cette ligne a été soulevée à plusieurs reprises. Dans les années 1960, les pays de la région ont engagé des discussions pour relancer le chemin de fer, mais ces initiatives ont échoué, car ni le climat politique ni les conditions économiques n'étaient favorables. Avec l'aube du nouveau millénaire et le renouveau des espoirs de coopération au Moyen-Orient, les ministres des Transports de Syrie, de Jordanie et d'Arabie saoudite ont convenu en 2001 de relancer le chemin de fer du Hedjaz et ont entamé des études techniques. Une initiative similaire a vu le jour en 2006. En 2010, un train touristique symbolique a circulé entre Dera et Amman en Jordanie et en Syrie. La même année, grâce aux relations étroites entre la Turquie et la Syrie, un train de voyageurs a circulé entre Gaziantep, Alep et Damas. Cependant, ces mesures n'ont pas été durables.


La guerre civile syrienne qui a éclaté en 2011 a une fois de plus mis en veilleuse tous les projets de relance du chemin de fer du Hedjaz. Les troubles et l'insécurité dans la région ont également stoppé les derniers trains sur les rails. Dans les années qui ont suivi, alors que le Moyen-Orient était en proie à la guerre et à la crise, la relance du chemin de fer du Hedjaz a été reportée à un autre printemps.


Le chemin de fer du Hedjaz peut être sauvé


Aujourd'hui, cependant, un rêve historique renaît. Avec la cessation partielle des hostilités en Syrie et l'intensification des contacts diplomatiques, l'idée de relancer l'ancienne ligne ferroviaire a refait surface. La Turquie, la Syrie et la Jordanie se sont retroussé les manches pour rétablir les liaisons terrestres et ferroviaires et faciliter les échanges commerciaux entre eux. Les ministères des Transports des trois pays ont tenu une réunion technique à Amman en septembre. La proposition la plus remarquable sur la table était, bien sûr, la réactivation du chemin de fer du Hedjaz.


La Turquie a déclaré qu'elle pouvait réparer les infrastructures ferroviaires en Syrie, qui avaient été endommagées pendant la guerre, tandis que la Jordanie a déclaré qu'elle pouvait entretenir les anciennes locomotives en Syrie. S'il est mis en œuvre avec succès, ce projet, qui apportera des avantages économiques importants aux trois pays et à l'Arabie saoudite et ouvrira un nouveau corridor de transport dans la région, est considéré comme une initiative de développement attendue depuis longtemps.


Bien sûr, le projet doit encore surmonter de sérieux obstacles. La restauration physique de la ligne, qui est à l'abandon depuis des années, nécessite un budget et des efforts considérables. Il est difficile pour les pays de la région d'assumer seuls cette charge ; un financement international et une volonté politique déterminée sont indispensables. En outre, l'instabilité qui règne en Syrie est l'une des principales incertitudes auxquelles le projet est confronté. Néanmoins, malgré toutes ces difficultés, la possibilité de relancer le chemin de fer du Hedjaz enthousiasme la population. Cette initiative est considérée non seulement comme une mesure de transport, mais aussi comme un symbole puissant ouvrant la voie à la paix et à la fraternité.


Les retombées chemin de fer du Hedjaz seront énormes


Si le projet aboutit, il ne sera plus un rêve de voir un train partir d'Istanbul pour rejoindre Amman via Damas, puis Médine. Pour les descendants d'ancêtres qui ont régné sur trois continents, ce serait un magnifique pont reliant le passé au présent. La renaissance du chemin de fer du Hedjaz permettrait non seulement de relier économiquement la Turquie, la Syrie, la Jordanie et l'Arabie saoudite, mais aussi de renforcer notre esprit d'unité nationale et de solidarité. Ne serait-ce pas une grande source de fierté pour nous tous si cette ligne, construite il y a un siècle à la sueur de nos grands-pères et au prix des bracelets de nos grands-mères, était aujourd'hui remise en service par leurs descendants ? Une telle réalisation réjouirait l'esprit de nos ancêtres et renforcerait le lien entre les générations.


Dans le passé, le chemin de fer du Hedjaz était le rêve commun du monde islamique et la fierté de l'Empire ottoman ; demain, il pourrait être un symbole de paix et de stabilité au Moyen-Orient. Les trains qui circulent sur les rails transportent non seulement des passagers et des marchandises, mais aussi des liens culturels et des espoirs communs. Ce projet démontrera la loyauté d'une génération qui embrasse l'héritage commun de la civilisation turco-islamique, son histoire et ses frères. En bref, l'initiative visant à faire revivre le chemin de fer du Hedjaz est un pont de paix qui unit la splendeur du passé à l'horizon de l'avenir. Lorsque les rails seront à nouveau posés, ce ne sont pas seulement les trains qui seront reliés, mais aussi les cœurs.

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