Un policier londonien acquitté du meurtre d'un homme noir

13:5022/10/2024, mardi
AFP
Des manifestants se sont rassemblés devant l'Old Bailey après le verdict de non-culpabilité prononcé à l'encontre d'un policier accusé du meurtre de Chris Kaba, un chanteur de rap abattu à Streatham Hill le 5 septembre 2022, à Londres le 21 octobre 2024.
Crédit Photo : BENJAMIN CREMEL / AFP
Des manifestants se sont rassemblés devant l'Old Bailey après le verdict de non-culpabilité prononcé à l'encontre d'un policier accusé du meurtre de Chris Kaba, un chanteur de rap abattu à Streatham Hill le 5 septembre 2022, à Londres le 21 octobre 2024.

La justice britannique a acquitté lundi un policier accusé du meurtre d'un jeune homme noir il y a deux ans à Londres, une affaire qui avait relancé le débat sur le racisme dans la police.

A l'issue de trois heures de délibérations, le jury de l'Old Bailey, à Londres, s'est prononcé pour l'acquittement de Martyn Blake, 40 ans, accusé d'avoir tué d'une balle dans la tête Chris Kaba, 24 ans.


Le policier a été brièvement submergé par l'émotion à l'énoncé du verdict.


Dans un communiqué, la famille de la victime s'est dite
"dévastée"
par cette
"injustice".

"Chris nous a été volé, et cette décision montre que sa vie - et celle de beaucoup d'autres comme lui - ne compte pas pour le système"
, a-t-elle affirmé, disant ressentir
"la profonde douleur de l'injustice"
et se disant déterminée à
"continuer le combat".

Dans la soirée, des dizaines de personnes se sont rassemblées devant le tribunal pour protester contre ce verdict, aux cris notamment de
"Pas de justice ! Pas de paix !"


Dans un communiqué, l'association "Justice pour Chris Kaba" a estimé que:


(L'acquittement était) la preuve douloureuse que ce système n'accorde aucune valeur à nos vies (...) Il renforce la dure réalité selon laquelle la police peut tuer impunément.  

Le 5 septembre 2022, Chris Kaba a été tué au volant d'une voiture poursuivie par la police dans une rue résidentielle du sud de Londres lorsqu'une balle avait traversé le pare-brise. Un autre véhicule de police bloquait la rue, et Chris Kaba avait cherché à faire marche arrière pour en sortir.  

Selon la police, le véhicule qu'il conduisait, et qui ne lui appartenait pas, avait été utilisé pour fuir une fusillade la veille au soir. 


Des centaines de personnes avaient protesté à Londres après sa mort, estimant que le jeune homme ne serait pas mort s'il n'avait pas été noir.

Pour le parquet, le policier a exagéré la menace qui pesait sur ses collègues dans ses déclarations, et avait visé la tête de la victime, ce qu'il a toujours nié.


L'avocat de la défense, Patrick Gibbs, a pour sa part martelé que son client n'était pas
"un robot"
et qu'il avait
"agi au mieux de ses capacités".

A l'issue du verdict, le chef de la police de Londres Mark Rowley a rappelé qu'
"aucun policier n'était au dessus de la loi",
tout en disant que le système permettant de demander des comptes à la police était
"défaillant". 

"Plus nous écrasons le moral des bons officiers, moins ils peuvent lutter contre la criminalité, ce qui risque de rendre la ville de Londres moins sûre"
, a-t-il commenté.

Le bureau indépendant examinant la conduite de la police (OPC, l'Independent office for police conduct) devra décider d'une éventuelle audience disciplinaire à l'encontre de M. Blake.


En Angleterre, en Écosse et au Pays de Galles, les policiers ne sont pas systématiquement armés et seule une petite partie est autorisée à porter une arme. Trois personnes ont été tuées dans un incident armé avec la police entre mars 2022 et mars 2023.


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