Bangladesh: la Première ministre quitte son palais pris d'assaut par des milliers de manifestants

13:335/08/2024, lundi
AFP
La Première ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina.
Crédit Photo : KIMIMASA MAYAMA POOL / AFP
La Première ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina.

La Première ministre bangladaise Sheikh Hasina a quitté lundi son palais de Dacca, selon une source proche de la dirigeante, avant que des milliers de manifestants antigouvernementaux ne le prennent d'assaut d'après des images télévisées.

Un porte-parole des forces armées bangladaises avait précédemment annoncé que le chef de l'armée, le général Waker-Uz-Zaman, devait s'adresser au pays dans l'après-midi. Ce général avait affirmé samedi que les militaires se tiendraient
"toujours aux côtés du peuple"
.

Le palais de Mme Hasina dans la capitale, Dacca, a été pris d'assaut par des milliers de manifestants, selon des images télévisées, après qu'une source a indiqué à l'AFP que la dirigeante avait fui pour un
"lieu plus sûr"
. Elle a quitté la ville par hélicoptère, selon une source proche de la dirigeante de 76 ans.

"Elle voulait enregistrer un discours. Mais elle n'a pas pu avoir l'occasion de le faire"
, a précisé cette source.

Le fils de Mme Hasina, Sajeeb Wazed, a exhorté les forces de sécurité à empêcher toute prise de pouvoir.
"Votre devoir est d'assurer la sécurité de notre peuple et de notre pays, ainsi que de faire respecter la Constitution",
a-t-il écrit sur Facebook.


Interrogé par l'AFP, un conseiller proche de la Première ministre a évoqué la possibilité d'une démission de Sheikh Hasina.


Fille aînée de Sheikh Mujibur Rahman, le père fondateur du Bangladesh, Sheikh Hasina est au pouvoir depuis 2009, après un premier mandat entre 1996 et 2001.


Lundi, des centaines de milliers de manifestants ont défilé dans les rues de Dacca, au lendemain d'une journée sanglante ayant causé au moins 94 morts à travers le pays.

Au moins 300 personnes ont été tuées depuis le début des manifestations en juillet, selon un bilan de l'AFP à partir de données de la police, de responsables et de sources hospitalières.


D'après des témoins, de larges foules marchent dans les rues de Dacca et ont abattu des barrages. Le quotidien Business Standard estime que quelque 400.000 protestataires manifestent ainsi lundi, un nombre que l'AFP n'a pas été en mesure de vérifier.


Un couvre-feu a été instauré dimanche soir et les 3.500 usines du pays, dont l'industrie de l'habillement est un moteur économique majeur, ont fermé. L'accès à internet est également coupé de manière généralisée.

Les affrontements de dimanche ont fait au moins 94 morts, le bilan le plus lourd en une seule journée depuis le début des manifestations.


Parmi les victimes figurent au moins 14 policiers, et un commissariat à Enayetpour (nord-est) a été pris d'assaut avec la mort de 11 policiers. Dacca s'est transformé
"en champ de bataille"
, les manifestants mettant le feu à des véhicules près d'un hôpital, selon une source policière.

"La violence choquante au Bangladesh doit cesser"
, a exhorté dimanche soir le Haut- commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Türk.

Ces affrontements comptent parmi les plus meurtriers depuis l'arrivée au pouvoir de Mme Hasina il y a 15 ans. Pour rétablir l'ordre, son gouvernement a fermé écoles et universités et déployé l'armée.


Des anciens officiers militaires ont exprimé leur soutien aux contestataires, appelant au retrait des troupes et affirmant que les habitants n'avaient
"plus peur de sacrifier leur vie"
. Certains soldats et policiers ont même observé les manifestations sans intervenir.

Les manifestations, initialement déclenchées par des demandes de réforme du système de discrimination positive, se sont intensifiées après la restauration de ce système en juin, puis un retournement de la Cour suprême fin juillet.

"Il ne s'agit plus seulement de quotas d'emplois"
, a déclaré Sakhawat, une jeune manifestante.
"Nous voulons que les futures générations puissent vivre librement."

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