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La rapporteuse spéciale des Nations unies sur les territoires palestiniens occupés (TPO), Francesca Albanese
La rapporteuse spéciale des Nations unies sur les territoires palestiniens occupés (TPO), Francesca Albanese, a déclaré mardi qu’Israël commettait un génocide dans la bande de Gaza, dénonçant ce qu’elle a décrit comme "le point culminant de décennies d’échec moral et politique".
S’exprimant dans un discours virtuel devant la Troisième Commission de l’Assemblée générale de l’ONU, Mme Albanese a rendu hommage aux victimes de tous les génocides, passés et présents, tout en accusant plusieurs États de complicité dans les violences en continuant d’armer et de soutenir Israël.
Selon elle, les atrocités commises à Gaza ne constituent pas
, mais le résultat d’un ordre mondial colonial entretenu par un système global de complaisance et d’inaction.
"Par des actions illégales et des omissions délibérées, trop d’États ont armé, financé et protégé l’apartheid militarisé d’Israël dans les territoires palestiniens occupés, permettant à cette entreprise coloniale de se transformer en génocide"
, a-t-elle affirmé.
La rapporteuse a indiqué que plus de 240 000 personnes ont été tuées ou blessées à Gaza, tandis que des milliers d’autres sont portées disparues, emprisonnées ou ensevelies sous les décombres, soulignant que le territoire reste
"étouffé, affamé et dévasté".
Mme Albanese a par ailleurs dénoncé les sanctions imposées à son encontre par les États-Unis, estimant qu’elles constituent
"une attaque contre l’ONU elle-même, son indépendance et son intégrité".
Elle a appelé la communauté internationale à obtenir un cessez-le-feu permanent, au retrait total d’Israël des territoires occupés et au démantèlement des colonies. En cas de blocage du Conseil de sécurité, elle a exhorté l’Assemblée générale à agir dans le cadre de la résolution “Unis pour la paix”.
"Des ruines de Gaza et de l’espérance venue d’Afrique du Sud, puisse émerger un nouveau multilatéralisme, une architecture vivante fondée sur la dignité et les droits de tous"
, a-t-elle déclaré.
Réagissant à une attaque verbale du représentant israélien à l’ONU, Danny Danon, qui l’avait accusée de sorcellerie, Mme Albanese a répondu avec ironie:
"Il est grotesque qu’un État accusé de génocide préfère m’accuser de sorcellerie plutôt que de répondre au fond. Si j’avais ce pouvoir, je l’utiliserais pour mettre fin à vos crimes et traduire les responsables en justice."
Le président du comité a ensuite rappelé à l’ordre le diplomate israélien pour ses propos.
Lors d’une conférence de presse ultérieure, la rapporteuse a réaffirmé son soutien à la plainte déposée par l’Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de Justice (CIJ), estimant qu’il s’agit d’un enjeu dépassant la seule question palestinienne:
"Il en va de la survie des Nations unies et de leurs valeurs fondamentales."
Interrogée sur le refus d’entrée sur le territoire américain qui l’a empêchée de présenter son rapport en personne, elle a qualifié la situation de "fastidieuse", ajoutant:
"Je ne suis pas là pour me disputer avec les États-Unis. J’étais heureuse d’être en Afrique du Sud, parmi des gens qui méritent ma présence."
Évoquant enfin le rôle de la Cour pénale internationale (CPI), elle a estimé que l’institution est "étouffée" et a mis en garde contre sa marginalisation future.
"Nous vivons déjà un moment dystopique, où des États influents ne respectent plus le droit international"
, a-t-elle averti.
Pour conclure, Francesca Albanese a souligné que la Palestine constitue un test décisif pour l’ONU:
"L’Organisation a été créée pour préserver la paix et prévenir les conflits à long terme. À Gaza, elle a échoué à faire respecter le droit international et risque de devenir insignifiante."
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