La plus grande compagnie d'eau britannique menacée de renationalisation, les trains mis à l'arrêt par des grèves à répétition, les consommateurs étranglés par les factures d'électricité et de gaz: les secteurs vitaux du Royaume-Uni sont en crise, des décennies après des privatisations controversées.
Vendues dans les années 80 et 90 sous les gouvernements conservateurs de Margaret Thatcher et John Major, des entreprises publiques ont été divisées en plusieurs entités, entraînant de nouveaux investissements, mais aussi d'énormes bonus pour les dirigeants, des dividendes pour les actionnaires et des dettes massives.
Mais, l'entreprise, dont la solidité financière inquiète jusqu'au gouvernement britannique, accuse une dette de près de 14 milliards de livres.
Le gouvernement conservateur s'était dit prêt, fin juin, à n'importe quel scénario, face aux inquiétudes sur la santé financière de la plus grande compagnie d'eau du Royaume-Uni, desservant 15 millions de clients à Londres et dans la vallée de la Tamise.
Retards et annulations
Le parti travailliste, grand favori des élections générales qui auront lieu l'an prochain, a lui-même abandonné ses projets de renationalisation de l'eau, de l'énergie ou de la distribution du courrier (Royal Mail). Il a cependant l'objectif de reprendre les chemins de fer sous le contrôle total de l'État.
Les rails n'ont en effet pas été privatisés. De plus, l'État a déjà mis en oeuvre des renationalisations temporaires pour certains opérateurs mal gérés.
Le gouvernement britannique a notamment pris le contrôle en mai de l'opérateur TransPennine Express, dans le nord de l'Angleterre et une partie de l'Écosse, après une multiplication de retards et annulations.
Un secteur vital reste sous le contrôle de l'État: le service public de santé, le NHS, qui vient de fêter ses 75 ans, mais il fait lui aussi face à une profonde crise.
Cette institution, dont le fonctionnement repose sur les investissements du secteur privé ainsi que sur les impôts et les emprunts d'État, est lourdement endetté. Les patients, eux, font face à des délais records pour être soignés.
"Escroquerie"
En 34 ans de privatisation, les factures d'eau ont monté en flèche.
Et, les compagnies de gestion de l'eau ont accumulé plus de 60 milliards de livres de dette sur la période.