L'état d'urgence proclamé en Nouvelle-Calédonie est entré en vigueur dès 20 heures

21:1915/05/2024, mercredi
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Des habitants masqués de quartiers situés au sud de la capitale dressent des barrages pour bloquer l'accès et canaliser les militants indépendantistes à l'entrée de Tuband, dans le quartier de Motor Pool à Nouméa, le 15 mai 2024.
Crédit Photo : Delphine Mayeur / AFP
Des habitants masqués de quartiers situés au sud de la capitale dressent des barrages pour bloquer l'accès et canaliser les militants indépendantistes à l'entrée de Tuband, dans le quartier de Motor Pool à Nouméa, le 15 mai 2024.

L'état d'urgence proclamé en Nouvelle-Calédonie est entré en vigueur à 20 heures (heure de Paris), a annoncé mercredi la porte-parole du gouvernement, Prisca Thevenot, au terme du conseil des ministres.

"Le décret d'état d'urgence est valable durant 12 jours"
, a-t-elle précisé.

Mercredi soir, le Premier Ministre Gabriel Attal présidera par ailleurs une cellule interministérielle de crise
"pour suivre la bonne application et l'opérationnalité"
du passage sous état d'urgence de l'archipel calédonien.

Selon la porte-parole de l'Exécutif
"l'Etat disposera de compétences renforcées"
et
"pourra prononcer des interdictions de circulation, des assignations à résidence et des perquisitions"
pour
"faire face aux atteintes graves à l'ordre public".

De son côté, Emmanuel Macron présidera une réunion de suivi jeudi matin.


À ce stade, 4 personnes sont décédées en marge des émeutes qui sévissent depuis deux nuits consécutives, dont un gendarme, qui a succombé à ses blessures après avoir été touché par balle.


Crédit Photo : Delphine Mayeur / AFP
Un policier municipal équipé de flashballs surveille le rond-point de N'Gea, où des militants sont rassemblés, à Nouméa le 15 mai 2024

Ces émeutes interviennent en réaction au débat, à l'Assemblée nationale, sur le projet de réforme constitutionnelle portant dégel du corps électoral de l'archipel calédonien et son élargissement aux Français qui ne sont pas originaires de Nouvelle-Calédonie

.

Ce projet est fortement contesté par les autochtones Kanaks qui représentent près de 40% de la population et qui redoutent une perte de poids électoral par le biais de cette réforme.


Le projet a été discuté pendant deux jours (13-14 mai courant), puis adopté par l'Assemblée nationale française, tard dans la nuit de mardi à mercredi, ave
c 351 voix "pour" et 153 "contre".

Il avait été déjà adopté par le Sénat, le 2 avril dernier, avec 233 voix pour et 99 contre, doit être validé par les deux chambres du Parlement réunis en Congrès.


Toutefois, le président Macron:


A proposé d'inviter à Paris l'ensemble des parties néo-calédoniennes pour une rencontre avec le gouvernement visant à relancer le dialogue.

Le chef de l'Etat a également promis qu'il ne convoquerait pas
-"dans la foulée" d'une éventuelle adoption du texte-
le Congrès du Parlement, nécessaire pour modifier la Constitution, afin de laisser
"une dernière chance aux discussions entre les parties locales".

Pour rappel, le corps électoral en Nouvelle Calédonie avait été gelé grâce à une révision constitutionnelle en février 2007.

Cependant, et malgré ce gel, les autochtones Kanaks, dit aussi
"indépendantistes"
, ont perdu les 3 référendums sur l'indépendance, tenus entre 2018 et 2021, ce qui a permis à l'archipel de rester français.

Par le dégel du corps électoral, le gouvernement français veut, aujourd'hui, permettre à environ 25 mille personnes de nationalité française, mais pas forcément Calédoniens, d'intégrer les listes électorales des provinciales.


Cet élargissement du corps électoral est présenté par le gouvernement français comme indispensable pour la
"constitutionnalité du prochain scrutin".

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