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Nouvelle-Calédonie: Macron annonce l'état d'urgence

La rédaction
18:1515/05/2024, mercredi
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Un véhicule blindé de la gendarmerie passe devant le barrage filtrant mis en place sur les baies, promenade Pierre Vernier, à Nouméa en Nouvelle-Calédonie, le 15 mai 2024.
Crédit Photo : DELPHINE MAYEUR / AFP
Un véhicule blindé de la gendarmerie passe devant le barrage filtrant mis en place sur les baies, promenade Pierre Vernier, à Nouméa en Nouvelle-Calédonie, le 15 mai 2024.

Le président français Emmanuel Macron a décidé de déclarer l'état d'urgence en Nouvelle-Calédonie où des émeutes sévissent depuis deux nuits, a annoncé mercredi l'Élysée dans un communiqué de presse.

Cette annonce intervient après un conseil de défense et de sécurité convoqué en urgence par le chef de l'État, mercredi.


"Le Président de la République a demandé que le décret visant à déclarer l'état d'urgence en Nouvelle Calédonie soit inscrit à l'ordre du jour du Conseil des ministres qui se réunira à 16h30",
détaille la présidence, qui souligne que
"toutes les violences sont intolérables et feront l'objet d'une réponse implacable pour assurer le retour de l'ordre républicain".

Au cours de cette réunion à laquelle participaient plusieurs ministres dont le Premier ministre Gabriel Attal, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, le ministre des Armées Sebastien Lecornu et le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti:


Le président de la République a rappelé la nécessité d'une reprise du dialogue politique.

Le bilan provisoire des émeutes passe par ailleurs à quatre morts, a annoncé mercredi après-midi le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, sur le réseau social X.

"Le gendarme mobile grièvement blessé par balle en Nouvelle-Calédonie vient de décéder. Nos pensées vont à sa famille, ses proches et ses camarades
", a-t-il déclaré, assurant que
"rien, absolument rien, ne justifie la violence"
et que "
l'ordre public sera rétabli".


"Après avoir salué les appels au calme de l'ensemble des responsables politiques – et ainsi qu'il l'a indiqué dans un courrier aux élus Calédoniens ce jour – le Président de la République a rappelé la nécessité d'une reprise du dialogue politique et a demandé au Premier ministre et au ministre de l'Intérieur et des Outre-mer d'inviter rapidement les délégations calédoniennes à Paris"
, indique encore l'Élysée,

La décision du chef de l'État d'instaurer l'état d'urgence intervient alors que la demande avait été formulée par la droite et l'extrême-droite depuis le début de la journée.

"La gravité des violences qui se déroulent en Nouvelle-Calédonie nécessite la proclamation de l'état d'urgence"
avait réagi la présidente du groupe RN à l'Assemblée Nationale, Marine Le Pen, pour qui
"il en va de la sécurité des personnes, plusieurs morts étant déjà à déplorer mais aussi des biens, notamment du tissu économique de l'île, lourdement dégradé lors des émeutes".

Un communiqué avait, en outre, été publié par LR mercredi matin pour réclamer l'État d'Urgence
"sur l'ensemble du territoire néo-calédonien ainsi que la mobilisation (des) forces armées pour venir en appui de nos policiers et de nos gendarmes".

"Les voies du dialogue et de l'apaisement sont toujours possibles mais ne peuvent être envisagées qu'à la condition d'un retour rapide de l'ordre"
, plaidait le parti LR (Les Républicains).

Pour LFI (La France Insoumise) la solution se trouvait dans un retrait pur et simple du texte de réforme constitutionnelle pour apaiser les tensions.

En effet, ces émeutes interviennent, au même moment que la discussion à l'Assemblée nationale à Paris d'un projet de réforme constitutionnelle portant dégel du corps électoral de l'archipel calédonien et son élargissement aux Français qui ne sont pas originaires de Nouvelle-Calédonie.


Ce projet est fortement contesté par les autochtones Kanaks qui représentent près de 40% de la population et qui redoutent une perte de poids électoral par le biais de cette réforme.


Le projet a été discuté pendant deux jours (13-14 mai courant), puis adopté par l'Assemblée nationale française, tard dans la nuit de mardi à mercredi, avec un score de 351 voix
"pour"
et 153 "contre"
.
Il avait été déjà adopté par le Sénat, le 2 avril dernier, avec 233 voix pour et 99 contre, doit être validé par les deux chambres du Parlement réunis en Congrès.

Toutefois, le président Macron
"a proposé d'inviter à Paris l'ensemble des parties néo-calédoniennes pour une rencontre avec le gouvernement visant à relancer le dialogue".

Le chef de l'État a également promis qu'il ne convoquerait pas -
"dans la foulée"
d'une éventuelle adoption du texte - le Congrès du Parlement, nécessaire pour modifier la Constitution, afin de laisser une dernière chance aux discussions entre les parties locales.

Pour rappel, le corps électoral en Nouvelle Calédonie avait été gelé grâce à une révision constitutionnelle en février 2007. Cependant, et malgré ce gel, les autochtones Kanaks, dit aussi
"indépendantistes",
ont perdu les 3 référendums sur l'indépendance, tenus entre 2018 et 2021, ce qui a permis à l'archipel de rester français.

Par le dégel du corps électoral, le gouvernement français veut, aujourd'hui, permettre à environ 25 mille personnes de nationalité française, mais pas forcément Calédoniens, d'intégrer les listes électorales des provinciales. Cet élargissement du corps électoral est présenté par le gouvernement français comme indispensable pour la
"constitutionnalité du prochain scrutin".

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