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Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau assiste à la cérémonie de remise des diplômes de la 271e promotion d'élèves gardiens de la paix de l'École nationale de police de Toulouse, le 25 octobre 2024. A Toulouse, le 25 octobre 2024, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a dévoilé sa stratégie de lutte contre la délinquance, qui passe par l'élaboration de schémas départementaux, la refonte des opérations "espaces propres" et un nouveau plan anti-drogue.
Le président Emmanuel Macron arrivera lundi à Rabat flanqué du nouveau ministre de l'Intérieur, un faucon en matière d'immigration qui agite la menace des visas face au Maroc. Mais le sujet ne devrait pas assombrir la confiance retrouvée entre Paris et Rabat.
Bruno Retailleau souhaite notamment conditionner la politique de visas à la délivrance des laissez-passer consulaires, documents indispensables pour renvoyer des étrangers dans leur pays d'origine.
Début octobre, il citait l'exemple du Maroc: en 2023, 238.000 visas ont été accordés aux ressortissants marocains pour seulement 1.680 retours forcés sur leur sol.
"Si vous ne nous délivrez pas plus de laissez-passer consulaires pour expulser vos ressortissants délinquants, de notre côté, nous délivrerons moins de visas à l'ensemble de vos ressortissants",
lançait-il aux pays concernés.
Une stratégie déjà employée à l'automne 2021 par son prédécesseur Gérald Darmanin, qui avait décidé de réduire de moitié l'octroi de visas pour les Marocains, Algériens et Tunisiens.
La décision avait empoisonné les relations diplomatiques entre France et Maghreb. Le Maroc avait dénoncé une mesure
Les ONG l'avaient jugée
Les milieux francophones marocains avaient été particulièrement affectés.
Cet épisode
pour les relations diplomatiques, rappelle Pierre Vermeren, historien et professeur à l'université de la Sorbonne à Paris.
"Il serait donc étonnant que la France recommence la même erreur."
Paris avait finalement fait machine arrière en décembre 2022. La cheffe de la diplomatie de l'époque Catherine Colonna s'était rendue à Rabat pour annoncer en personne la fin de cette restriction et tenter de renouer avec le Royaume.
Christophe Lecourtier, ambassadeur de France au Maroc, avait, lui, fait un mea culpa public.
Jeudi sur la radio RTL, Bruno Retailleau a annoncé la nomination d'un
"missi dominici qui aura cette obsession de faire avec des pays tiers, des pays d'origine, des pays de transit, des accords bilatéraux".
Mais à l'approche de la visite d'Etat, il a pris le soin de citer le Maroc comme
où l'on peut
"accélérer un certain nombre de réadmissions".
Le 20 octobre, dans un entretien au Journal Du Dimanche (JDD), le Premier ministre Michel Barnier avait déjà souligné qu'il fallait traiter la question des étrangers frappés par des obligations de quitter le territoire (OQTF)
"dans un esprit de dialogue".
"Pas de leçons à recevoir"
Un changement de méthode pour un sujet épineux. La rigidité française sur la question migratoire va à l'encontre de ses prétentions affichées d'être un pays attractif dans sa sphère traditionnelle d'influence - dont le Maroc, ex-colonie française, fait partie - et même au-delà.
Le Royaume serait toutefois
"prêt à davantage de souplesse et de compromis sur cette question"
que Tunisie et Algérie, jugés moins conciliants par Paris, pour "soigner son image en France", estime Pierre Vermeren.
"Le Maroc est prêt à rapatrier tout migrant irrégulier dont il est attesté qu'il est Marocain et est parti depuis le territoire marocain",
a ainsi expliqué début octobre le ministre des Affaires étrangères marocain, Nasser Bourita.
Mais il avait aussi souligné que Rabat n'avait
"pas à recevoir de leçons"
en matière de lutte contre l'immigration clandestine.
"Si ces migrants ne reviennent pas, c'est en raison d'obstacles de l'autre partie",
avait-il insisté, appelant à résoudre les
"lacunes dans les lois et procédures qui créent un appel d'air pour les migrants".
Le sujet reste sensible mais
"je ne pense pas que la question migratoire puisse chambouler"
la confiance retrouvée entre les deux pays, affirme Medhi Alioua, sociologue à l'Université internationale de Rabat.
Car la relation bilatérale est désormais avant tout vue à l'aune de la position de Paris sur le Sahara Occidental, un territoire considéré comme
par l'ONU, qui oppose depuis un demi-siècle le Maroc aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par Alger.
Et cet été, la France, après des décennies d'hésitations, s'est finalement positionnée en faveur de Rabat, partisan d'une autonomie du territoire sous sa souveraineté. Ce faisant, Paris s'est attiré de vives critiques d'Alger.
"Pour Rabat, c'est le seul critère qui compte aujourd'hui dans sa politique étrangère avec la France",
renchérit Hasni Abidi, directeur du Centre d'études sur le monde arabe et méditerranéen à Genève.
Or dans une lettre adressée fin juillet au roi du Maroc Mohammed VI, Emmanuel Macron affirmait que
"le présent et l'avenir du Sahara occidental s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine".
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