Londres et Washington accusent Moscou de tentatives d'ingérence politique

14:568/12/2023, Cuma
MAJ: 8/12/2023, Cuma
AFP
Le secrétaire d'État britannique aux Affaires étrangères, David Cameron et le secrétaire d'État américan, Antony Blinken lors d'une conférence de presse à Washington, DC, le 7 décembre 2023.
Crédit Photo : SAUL LOEB / AFP
Le secrétaire d'État britannique aux Affaires étrangères, David Cameron et le secrétaire d'État américan, Antony Blinken lors d'une conférence de presse à Washington, DC, le 7 décembre 2023.

La Grande-Bretagne et les États-Unis ont accusé jeudi la Russie d'être derrière des tentatives "inacceptables" de cyber-ingérence visant des politiques de haut rang, des journalistes et des organisations non-gouvernementales.

Londres a convoqué l'ambassadeur russe, selon le ministère britannique des Affaires étrangères, tandis que le ministère américain de la Justice a annoncé des poursuites contre deux citoyens russes, dont un agent des services de sécurité russes (FSB).


"Les tentatives de la Russie d'interférer dans la politique britannique sont absolument inacceptables et cherchent à menacer nos processus démocratiques"
, a déclaré le chef de la diplomatie britannique David Cameron, cité dans un communiqué.

"Malgré leurs efforts répétés, elles ont échoué"
, a-t-il ajouté.

Selon le ministère britannique, qui affirme que responsables politiques, fonctionnaires, journalistes et ONG ont été visés:


Si certaines attaques ont abouti à la fuite de documents, les tentatives d'interférer dans la politique britannique et la démocratie n'ont pas été couronnées de succès.

Les autorités judiciaires américaines ont de leur côté rendu publique l'inculpation mardi par un tribunal de San Francisco (ouest) de deux citoyens russes, Ruslan Aleksandrovich Peretyatko, agent du FSB selon Washington et Londres, et Andreï Stanislavovich Korinets.


Ces deux hommes pourraient se trouver en Russie et sont accusés d'avoir mené
"une campagne de piratage des réseaux informatiques des États-Unis, du Royaume-Uni d'autres pays de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (Otan) et de l'Ukraine, pour le compte du gouvernement russe"
, indique le ministère américain de la Justice dans un communiqué.

Ils font chacun l'objet de deux inculpations de piratage informatique, passibles de peines maximales de 5 ans de prison pour M. Peretyatko et 10 ans pour M. Korinets, ce dernier ayant en outre créé des noms de domaine malveillants, a précisé par la suite le ministère.


Aux États-Unis, ces tentatives de piratage
"ont visé des employés ou anciens employés de la communauté du renseignement, du ministère de la Défense, du département d'État, des sous-traitants de la Défense et des infrastructures du ministère de l'Énergie, au moins entre octobre 2016 et octobre 2022",
selon le communiqué.

Unité spécialisée du FSB


Les deux suspects appartiennent à un présumé groupe de cyberpirates associé au Centre 18, une unité spécialisée du FSB identifiée comme "Star Blizzard" par Londres ou "groupe Callisto" par Washington.


Ils sont désormais visés par des sanctions britanniques, mais aussi du Trésor américain, et le département d'État a annoncé une récompense pouvant aller jusqu'à 10 millions de dollars pour toute information menant à leur localisation et leur arrestation, ainsi que leurs complices.

"Tous deux sont actuellement recherchés par le FBI et présumés se trouver en Russie"
, a indiqué sous le couvert de l'anonymat à des journalistes un haut responsable la police fédérale américaine (FBI), précisant ne pas s'attendre à ce que Moscou les livre.

"Mais s'ils voyagent dans un pays qui coopère avec le système judiciaire américain, ils courent le risque d'être extradés aux États-Unis"
, a souligné ce responsable.

Un haut responsable du ministère de la Justice a reconnu que le fait de rendre ces poursuites publiques rendait probablement leur arrestation
"plus difficile"
mais se justifiait par la nécessité de "
perturber"
les activités des cyberpirates.

Des députés de différents partis politiques au Royaume-Unis ont été visés, via notamment des techniques d'hameçonnage ciblé (spearfishing), depuis 2015 au moins et jusqu'à cette année, selon la diplomatie britannique.

Elle cite notamment le piratage de documents commerciaux américano-britanniques qui avaient fuité avant les élections de 2019.


Londres indique en outre avoir convoqué l'ambassadeur russe
"pour exprimer sa profonde préoccupation au sujet des tentatives répétées"
d'utiliser internet pour "interférer dans les processus politiques et démocratiques au Royaume-Uni et au-delà".

À la Chambre des Communes, le secrétaire d'État aux Affaires étrangères Leo Docherty a déclaré que
"le FSB est derrière une démarche continue d'interférence"
dans ces processus.

"Ils ont ciblé des membres de cette chambre"
et de celle des Lords,
"des fonctionnaires, des journalistes et ONG"
, a-t-il ajouté.

Un rapport parlementaire publié en juillet 2020 avait accusé le gouvernement d'avoir sérieusement sous-estimé les risques, et l'avait exhorté à enquêter sur de possibles ingérences russes dans la vie politique britannique, notamment pendant la campagne du référendum sur le Brexit en 2016.


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