En dépit de la guerre en Ukraine, l'UE a gonflé ses achats de gaz liquéfié (GNL) russe: accros aux énergies fossiles et nerveux à l'approche de l'hiver, les Européens peuvent trouver des fournisseurs alternatifs, mais cela prendra du temps, sur un marché tendu.
Depuis le conflit avec l'Ukraine, Moscou avait fortement réduit ses acheminements par gazoduc à l'UE, poussant les Vingt-Sept à diversifier tous azimuts leurs approvisionnements.
Certes, la part de la Russie dans les importations de gaz de l'UE (gazoduc et GNL) est tombée à 15% au cours des sept premiers mois de 2023, contre 24% en 2022 et 45% en 2021.
Mais ce recul camoufle le bond des achats de GNL russe, à 12,4 milliards de m3 (bcm) sur janvier-juillet (17% des achats européens de GNL), contre 19,3 bcm sur l'ensemble de 2022 et 13,5 bcm pour toute l'année 2021, selon la Commission européenne. La moitié du gaz russe importé par l'UE était du GNL en janvier-juillet, contre seulement un quart l'an dernier.
Les Vingt-Sept sont par ailleurs parés pour l'hiver: leurs réserves de gaz sont remplies à 90% depuis mi-août, et ils ont reconduit l’objectif de réduction de leur consommation.
"Réalité commerciale"
Avançant des estimations d'importations européennes plus élevées encore que les chiffres officiels, fin août l'ONG Global Witness, s'est indignée:
Les gouvernements doivent élaborer un plan d'urgence pour interdire le commerce du gaz russe qui remplit les poches de Poutine (...), alimentant la guerre et la crise climatique.
Pour autant, se passer rapidement du GNL russe apparaît très compliqué dans l'immédiat, estiment les experts.
Plusieurs pays (Portugal, Suède...) ont déjà sabré leurs achats de GNL russe en 2022, tandis que France, Espagne et Belgique — principaux ports d'entrée du continent— gonflaient les leurs de 55% au total, selon le think-tank IEEFA.