Madagascar: scènes de désolation à Antananarivo au lendemain des violences

15:3926/09/2025, Cuma
AFP
Les forces de sécurité tirent des gaz lacrymogènes alors que des manifestants protestent contre les coupures répétées d'eau et d'électricité à Antananarivo, le 25 septembre 2025.
Crédit Photo : RIJASOLO / AFP
Les forces de sécurité tirent des gaz lacrymogènes alors que des manifestants protestent contre les coupures répétées d'eau et d'électricité à Antananarivo, le 25 septembre 2025.

Dégâts visibles et rues vidées par la fermeture de la plupart des commerces et des écoles donnent vendredi un air de désolation à la capitale malgache, au lendemain de manifestations contre le pouvoir réprimées par les forces de l'ordre et émaillées de pillages.

Antananarivo a été placé jeudi soir sous couvre-feu nocturne par les autorités, et vendredi, des habitants sonnés, pour certains en larmes, faisaient l'inventaire des dégâts sur des supermarchés, banques et autres magasins d'électroménager pillés et saccagés la veille.


Les forces de l'ordre sont visibles uniquement sur la place du 13-mai, la grande place centrale de la ville, contrairement à jeudi. Déployées en nombre, elles avaient quadrillé la ville une bonne partie de la journée pour empêcher des manifestants de se rassembler en réponse à un appel à descendre dans la rue, relayé par les réseaux sociaux, pour protester contre les coupures incessantes d'eau et d'électricité.


Vendredi, les axes routiers du centre-ville étaient rendus à la circulation, toutefois moins dense qu'en temps normal. Un distributeur automatique de billets saccagé, des véhicules calcinés et des vitrines dévalisées témoignent des pillages de la veille, ont constaté des journalistes de l'AFP.


Si la situation est calme dans le centre-ville, des pillages sont signalés dans une zone commerciale de la banlieue d'Antananarivo.


En déplacement cette semaine à New York pour l'Assemblée générale de l'ONU, le président malgache Andry Rajoelina ne s'était toujours pas exprimé sur la situation dans la capitale vendredi à la mi-journée.

D'autres villes concernées


L'ambassade de France a
"fortement conseillé de rester à domicile et d'éviter tout déplacement la journée de vendredi"
y compris à Antsirabé, la troisième ville de la grande île de l'océan Indien.
"D'autres manifestations et troubles sont à prévoir et pourraient s'étendre à d'autres régions de Madagascar"
, prévient lui le ministère des Affaires étrangères britannique.

Malgré le déploiement des forces de sécurité et le recours répété à des tirs de grenades lacrymogènes et de balles en caoutchouc, la situation a dégénéré jeudi après-midi et dans la soirée.


Les domiciles de trois parlementaires proches du pouvoir ont été embrasés et des manifestants ont caillassé les pompiers tentant d'éteindre les flammes touchant la maison de la sénatrice Lalatiana Rakontondrazafy, nommée en début d'année par le président.

Outre des commerces et des agences bancaires, une station du téléphérique -- un des projets phare du gouvernement récemment inauguré -- a également été incendiée.


A la nuit tombée, les saccages se déroulaient sans rencontrer de présence des forces de sécurité.


Reprenant à leur compte le drapeau pirate tiré de la série japonaise "One Piece" et signe de ralliement de mouvements de contestation anti-régime, y compris en Indonésie ou au Népal, les manifestants ont répondu à un appel à la mobilisation en ligne.

Au delà de ces coupures, ils réclament également le respect de leurs droits fondamentaux, certains dénonçant la
"corruption"
ou
"le manque de transparence de nos dirigeants".

Le rassemblement avait été interdit par le préfet d'Antananarivo.


Âgé de 51 ans, Andry Rajoelina a été réélu fin 2023 lors d'un scrutin boycotté par l'opposition et auquel moins de la moitié des électeurs inscrits a pris part.


En dépit de ses richesses naturelles exceptionnelles, Madagascar reste l'un des pays les plus pauvres de la planète. Près de 75% de la population vivait sous le seuil de pauvreté en 2022, d'après la Banque mondiale.


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