
Dégâts visibles et rues vidées par la fermeture de la plupart des commerces et des écoles donnent vendredi un air de désolation à la capitale malgache, au lendemain de manifestations contre le pouvoir réprimées par les forces de l'ordre et émaillées de pillages.
Antananarivo a été placé jeudi soir sous couvre-feu nocturne par les autorités, et vendredi, des habitants sonnés, pour certains en larmes, faisaient l'inventaire des dégâts sur des supermarchés, banques et autres magasins d'électroménager pillés et saccagés la veille.
Les forces de l'ordre sont visibles uniquement sur la place du 13-mai, la grande place centrale de la ville, contrairement à jeudi. Déployées en nombre, elles avaient quadrillé la ville une bonne partie de la journée pour empêcher des manifestants de se rassembler en réponse à un appel à descendre dans la rue, relayé par les réseaux sociaux, pour protester contre les coupures incessantes d'eau et d'électricité.
Vendredi, les axes routiers du centre-ville étaient rendus à la circulation, toutefois moins dense qu'en temps normal. Un distributeur automatique de billets saccagé, des véhicules calcinés et des vitrines dévalisées témoignent des pillages de la veille, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Si la situation est calme dans le centre-ville, des pillages sont signalés dans une zone commerciale de la banlieue d'Antananarivo.
D'autres villes concernées
Malgré le déploiement des forces de sécurité et le recours répété à des tirs de grenades lacrymogènes et de balles en caoutchouc, la situation a dégénéré jeudi après-midi et dans la soirée.
Outre des commerces et des agences bancaires, une station du téléphérique -- un des projets phare du gouvernement récemment inauguré -- a également été incendiée.
A la nuit tombée, les saccages se déroulaient sans rencontrer de présence des forces de sécurité.
Le rassemblement avait été interdit par le préfet d'Antananarivo.
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