Malgré les soupçons de manipulation, les Pakistanais veulent croire que leur vote compte

09:388/02/2024, jeudi
AFP
Bureau de vote lors des élections nationales pakistanaises à Lahore le 8 février 2024.
Crédit Photo : Arif ALI / AFP
Bureau de vote lors des élections nationales pakistanaises à Lahore le 8 février 2024.

Arrivée tôt dans son bureau de vote à Islamabad, Haleeem Shafiq veut, comme beaucoup de ses compatriotes, continuer à croire que la voix de chaque Pakistanais est importante, même si les élections de jeudi font l'objet d'innombrables accusations de manipulation.

"Je crois en la démocratie et je pense que mon vote compte"
, déclare à l'AFP cette étudiante en psychologie de 22 ans, qui est parmi les premiers à voter dans la capitale.
"Je vote parce que c'est mon devoir"
, dit-elle à l'intérieur d'un bureau de vote situé dans une école pour filles.
"J'espère qu'un parti le méritant arrivera au pouvoir."

Les bureaux de vote ont ouvert à 08H00 (03H00 GMT) pour les quelque 128 millions d'inscrits.

Les premiers électeurs sont arrivés au compte-gouttes dans l'école du quartier de Noorpur Shahan, avant d'enduire d'encre leurs doigts pour aller tamponner le bulletin dans des isoloirs réservés aux hommes ou aux femmes.


Les premiers votants sont moins nombreux que la dizaine de gardes armés affectés au bureau de vote, au lendemain du double attentat du groupe Etat islamique (EI) qui a coûté la vie à 28 personnes dans la province du Baloutchistan (sud-ouest).

Haleema ajoute:


Je veux un gouvernement qui puisse rendre le Pakistan sûr pour les filles.

Les analystes s'attendent à ce que la participation reste modérée, après une campagne sans éclat, et éclipsée par l'emprisonnement de l'ancien Premier ministre Imran Khan et la répression de son parti, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), par l'establishment militaire.


"Est-ce ainsi qu'une élection devrait se dérouler?"
, demande Imran Khan, 40 ans, un chauffeur qui porte le même nom que le dirigeant de l'opposition incarcéré.

"Voter selon sa conscience"


"Chacun a le droit de voter selon sa conscience"
, fait-il valoir.
"Aujourd'hui, ce n'est pas le jour pour rester chez soi. Ceux qui choisissent de rester chez eux aujourd'hui se causeront tort à eux-mêmes."

Des observateurs indépendants ont estimé que le sort réservé au PTI équivalait à des
"fraudes pré-électorales"
, et le PTI, qui a dénoncé par avance une
"non-élection"
, a dit craindre que ses partisans soient empêchés de voter librement.

Les électeurs déposent leurs bulletins dans des urnes vert et blanc, les couleurs du drapeau pakistanais. Une heure après l'ouverture des bureaux, la foule commence à croître.


"Je suis arrivé 20 minutes en avance pour voter, parce que je pense que mon vote importe"
, déclare Syed Tassawar, un ouvrier du bâtiment de 39 ans.

"Mais ma seule peur est de savoir si mon vote sera bien comptabilisé pour le parti pour lequel j'ai voté",
admet-il.

"En même temps, pour les pauvres, peu importe qui est au pouvoir. Nous avons besoin d'un gouvernement qui puisse contrôler l'inflation, c'est la seule chose qui compte pour des gens comme nous",
ajoute-t-il.

Quel que soit le vainqueur des élections, il héritera d'un pays profondément divisé et d'une économie en lambeaux, avec une inflation avoisinant les 30%, une roupie en chute libre et une crise de la balance des paiements.

"Nous attendons beaucoup du nouveau gouvernement, pour qu'il améliore notre situation",
assure pour sa part Zainab Asghar, une enseignante en études islamiques de 21 ans, qui vote pour la première fois.
"Chaque vote compte".

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