
Ces derniers jours, plusieurs villes marocaines, dont Rabat, Casablanca, Agadir, Tanger, Tissa, Fès et Oujda, ont été le théâtre de manifestations organisées par des jeunes de la génération "Z" (nés entre 1996 et 2009), réclamant des réformes dans l’éducation et la santé, la création d’emplois et une lutte effective contre la corruption.
Ces rassemblements, interdits par les autorités, ont surpris observateurs et analystes par leur ampleur, leur forme et leurs revendications, soulevant des questions sur le contexte et la manière de répondre à cette mobilisation des jeunes.
Les participants demandent une meilleure attention à leur situation, la création d’emplois et un soutien social qui ne se limite pas aux projets liés à l’organisation de la Coupe du Monde 2030.
De l’écran à la rue
Dans les jours précédant les manifestations, des appels à manifester ont circulé sur les réseaux sociaux, notamment pour les 27 et 28 septembre. Après l’interdiction des premiers rassemblements et les réactions qui ont suivi, les jeunes ont décidé de manifester à nouveau le 29 septembre.
Selon le correspondant d’Anadolu et des vidéos publiées sur les réseaux sociaux, de nombreux jeunes ont été arrêtés alors qu’ils prévoyaient des rassemblements dans plusieurs villes, notamment Rabat, Casablanca, Agadir, Tanger, Tissa et Oujda. Les autorités ont notamment empêché un rassemblement prévu à la place Bab El Had à Rabat et ont dispersé d’autres rassemblements à Casablanca et Agadir.
Intervention des forces de l’ordre
Les autorités ont affirmé qu’elles ne permettraient pas de menacer la sécurité publique ou de perturber l’ordre public à travers des appels anonymes sur les réseaux sociaux, sans recours au cadre légal des rassemblements.
Réalisations du gouvernement en chiffres
Le Premier ministre Aziz Akhannouch a rappelé, dans une interview diffusée le 10 septembre sur la télévision publique, l’importance du programme de soutien social direct, précisant que 97 % des demandes des familles souhaitant en bénéficier ont été traitées.
Dans le secteur de la santé, Akhannouch a annoncé l’augmentation du nombre de places dans les facultés de médecine, en insistant sur la nécessité de disposer de ressources humaines suffisantes et de garantir des conditions de travail adaptées pour éviter que le personnel médical ne quitte le secteur public ou n’émigre.
Le Premier ministre a souligné que son gouvernement avait réalisé de nombreuses avancées sociales et économiques malgré les défis climatiques difficiles ayant affecté le secteur agricole, pilier de l’économie nationale.
"La santé d’abord, pas la Coupe du Monde"
Lors des manifestations, les participants ont scandé des slogans exigeant des réformes dans les secteurs de la santé et de l’éducation, et refusant que les projets liés à la Coupe du Monde 2030, organisée par le Maroc avec l’Espagne et le Portugal, soient prioritaires.
Un participant a déclaré que les revendications des jeunes étaient principalement sociales : réforme de l’éducation et de la santé, création d’emplois et vie digne, visant également à réduire l’émigration illégale.
Le gouvernement, par la voix de son porte-parole Mustapha Baitas en janvier dernier, a indiqué avoir pris plusieurs mesures pour lutter contre la corruption, notamment via la stratégie nationale 2016-2025, qui aurait atteint 76 % de ses objectifs.
Akhannouch a également rappelé que l’une des priorités actuelles était de revitaliser le marché du travail et de dynamiser l’économie, donnant espoir à de larges segments de la population inactive. Ces efforts ont permis la création d’environ 600 000 emplois en peu de temps.
Intervention des organisations et partis
Après le premier jour de manifestations, plusieurs associations de défense des droits humains et partis politiques sont intervenus. Les organisations non gouvernementales, telles que l’Association marocaine des droits humains, la Ligue marocaine pour la citoyenneté et les droits de l’homme et la Ligue marocaine pour la défense des droits humains, ont condamné l’usage de la force contre des manifestations pacifiques.
Le parti d’opposition Justice et Développement a également critiqué le gouvernement pour son incapacité à gérer ces protestations pacifiques et l’a tenu pour responsable de la dégradation de la situation sociale. Le parti a appelé à une réponse proactive, sérieuse et responsable face à ces mobilisations sociales.