Philippines : des meetings attestent des dissensions entre Marcos et Duterte

11:5529/01/2024, lundi
MAJ: 29/01/2024, lundi
AFP
Le président philippin Ferdinand Marcos Jr prononce un discours lors du rassemblement de lancement du mouvement New Philippines à la tribune de Quirino à Manille le 28 janvier 2024.
Crédit Photo : JAM STA ROSA / AFP
Le président philippin Ferdinand Marcos Jr prononce un discours lors du rassemblement de lancement du mouvement New Philippines à la tribune de Quirino à Manille le 28 janvier 2024.

Deux meetings de campagne se sont tenus dimanche aux Philippines, l'un en faveur du président Ferdinand Marcos et l'autre de son prédécesseur Rodrigo Duterte, en pleine rivalité entre ces deux puissants clans.

Depuis l'arrivée au pouvoir mi-2022 de M. Marcos et de sa colistière à la vice-présidence, Sara Duterte, la fille de l'ancien chef de l'État, l'
"unité"
de ce ticket gagnant n'a pas cessé de se fracturer.

Après que M. Marcos a lancé sa campagne
"Bagong Pilipinas"
(Nouvelles Philippines) pour développer le pays et rendre le gouvernement plus responsable, son prédécesseur l'a accusé d'être un
"toxicomane"
et d'essayer de modifier la Constitution pour prolonger son mandat.

Sara Duterte a brièvement participé au rassemblement de M. Marcos à Manille, déclarant que le ministère de l'Éducation qu'elle dirige également était
"uni à toutes les autres agences gouvernementales pour promouvoir les Nouvelles Philippines"
, avant de s'envoler pour Davao, le fief de sa famille, pour l'événement rival.

Les relations entre les deux familles se sont détériorées, chacune cherchant à consolider ses soutiens et à s'assurer des postes clés avant les élections de mi-mandat l'an prochain et la présidentielle de 2028, à laquelle la jeune Duterte devrait participer.

La dernière dissension en date concerne M. Marcos, qui a soutenu une campagne visant à modifier la Constitution de 1987, adoptée après que son père dictateur et homonyme eut été chassé du pouvoir.


Ce changement vise à autoriser les investissements étrangers, ce à quoi s'opposent M. Duterte et sa fille.


Selon certains détracteurs, ce changement constitutionnel pourrait ouvrir la voie à un nouveau mandat de six ans pour M. Marcos, actuellement interdit, et en ferait un concurrent pour Sara Duterte.

"Pourquoi nous donner des maux de tête alors que nous savons depuis le début que c'est pour rester au pouvoir?
", a déclaré M. Duterte lors d'une récente interview.

Lors du rassemblement de Davao organisé par les opposants à la modification de la Constitution, le patriarche Duterte a averti M. Marcos:
"vous pourriez subir le sort de votre père"
et a appelé la police et l'armée à
"protéger la Constitution"
.

Un peu plus tôt, Sebastian, le plus jeune fils de M. Duterte, avait ouvertement appelé M. Marcos à démissionner.

"Si vous n'avez aucun amour et aucune aspiration pour le pays, vous feriez mieux de démissionner"
, a déclaré Sebastian à ses partisans, reprochant à Marcos d'être responsable des problèmes de drogue et d'insurrection communiste dans la région.

Selon l'actuel président, les mesures politiques de la Constitution, notamment la limitation du nombre de mandats, devraient être abordées plus tard.


La police a estimé à 400.000 le nombre de personnes présentes au rassemblement de Manille, dont de nombreux fonctionnaires, et à plus de 40.000 le nombre de personnes présentes à celui de Davao.

Le parti politique de gauche Akbayan a qualifié ces rassemblements de
"guerre dynastique entre élites dirigeantes"
.

"Ce serait la manière la plus évidente de faire savoir que l'unité n'est plus"
, a expliqué à l'AFP Jean Franco, professeur de sciences politiques à l'université des Philippines.

L'alliance entre les deux familles a commencé à se fissurer peu après l'élection de 2022, lorsque M. Marcos a confié à Mme Duterte le ministère de l'Éducation, en proie à des problèmes, au lieu de celui de la Défense qu'elle souhaitait.

Depuis, les relations entre les deux clans ont continué à se dégrader.


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