La base du détachement français Barkhane de Faya-Largeau, dans le nord du Tchad, le 2 juin 2022.
La France a rétrocédé, jeudi, une première base militaire au Tchad, située à Faya dans l'extrême nord désertique du pays, a annoncé l'armée tchadienne.
Cette décision intervient moins d'un mois après que N'Djamena a annoncé la suspension de l'accord militaire avec Paris.
"Les forces françaises ont rétrocédé la base de Faya à l'ANT"
, l'armée nationale tchadienne, a indiqué le ministère tchadien des Armées via Facebook, ajoutant que le personnel et le matériel de la base
"regagneront la France dans les prochains jours"
.
"Un convoi de 54 véhicules a pris la route en direction de N'Djamena à 11h30, tandis qu'un avion Antonov 124 a décollé avec plus de 80 tonnes de fret"
, précise le ministère.
Selon l'état-major français,
"une trentaine de militaires étaient stationnés à Faya"
. La rétrocession sera suivie de celles des bases d'Abéché et de N'Djamena dans les semaines à venir.
"Nous apportions une aide médicale à la population et utilisions l'aéroport de Faya comme point de départ pour des opérations militaires conjointes avec les forces tchadiennes plus au nord"
, a rappelé un officier haut gradé français.
Une base militaire stratégique
Une base militaire stratégique
Située près des monts Tibesti, Faya, connue sous le nom de Largeau pendant la colonisation, a une riche histoire militaire. Elle fut un point clé pour les opérations françaises, notamment la mission Barkhane.
Durant les années 1970 et 1980, la base a été occupée par des forces libyennes soutenant des rebelles hostiles au gouvernement d'Hissène Habré, avant d’être reprise en 1987 avec le soutien français.
Les forces françaises y stationnaient depuis, notamment pour soutenir des offensives rebelles, comme en 2008 et 2019, aux côtés du président Idriss Déby Itno, père de l’actuel dirigeant Mahamat Idriss Déby Itno.
La fin d’une coopération historique
La fin d’une coopération historique
Le retrait français fait suite à la décision du Tchad, annoncée le 28 novembre, de mettre fin à soixante ans de coopération militaire avec Paris.
Le président Mahamat Idriss Déby Itno a qualifié les accords de défense d'
"obsolètes"
face aux réalités géopolitiques actuelles.
"Ces étapes marquent la fin de notre présence militaire permanente qui ne répondait plus aux attentes de chacune des parties"
, a déclaré l'état-major français.
Ce retrait s'inscrit dans un contexte où plusieurs anciennes colonies françaises, comme le Niger, le Mali ou le Burkina Faso, ont récemment demandé le départ des forces françaises.
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