L'année 2023 a démarré en Tunisie avec la tenue du deuxième tour des élections parlementaires, après une interruption de 15 mois due au gel des travaux du précédent Parlement en juillet 2021 et à sa dissolution en mars 2022.
Au cours de l'année 2023, la Tunisie a connu plusieurs crises, à commencer par celle des migrants irréguliers en provenance d'Afrique subsaharienne à la suite des déclarations du président Kais Saied en février dernier, jusqu'à celle de la pénurie d'eau due à la rareté des pluies depuis des mois.
Outre la pénurie de certains produits alimentaires de base comme le pain, le sucre et le café, dont la responsabilité a été imputée aux monopoles et aux forces de l'opposition par le chef d'État. Les experts ont fait savoir que cela était dû au manque de liquidités en devises dans le pays.
Mise en place du nouveau Parlement
Alors que 23 candidats ont pu l'emporter dès le premier tour en décembre 2022, le Conseil a débuté ses travaux avec 154 députés sur 161, en attendant de pourvoir les postes vacants dans 7 circonscriptions électorales à l'étranger.
Environ vingt mois après son gel, l'Assemblée des Représentants du Peuple (ARP/Parlement) a rouvert ses portes en date du 13 mars 2023, lors de la première session convoquée par Saied conformément à un arrêté présidentiel publié au Journal Officiel de la République tunisienne (JORT). Lors de cette session, l'ancien Doyen des Avocats, Ibrahim Bouderbala, a été élu président, tandis que Sawssen Al-Mabrouk et Anouar Marzouki ont été élus adjoints.
Conformément à la nouvelle Constitution tunisienne de juillet 2022, les pouvoirs des parlementaires ont été réduits par rapport à ceux dont ils jouissaient dans la Constitution de 2014. L'article 61 stipule, en effet, que le mandat accordé au député peut être retiré en application des conditions fixées par la loi électorale.
La crise des migrants irréguliers
Le président Kais Saied ne savait pas que lorsqu'il évoquait la situation des immigrés irréguliers en Tunisie, il allait provoquer une vague de vives critiques nationales et internationales.
Toutefois, ses consolations ultérieures selon lesquelles les clandestins subsahariens ne seraient pas attaqués n'ont pas empêché l'expulsion d'un grand nombre d'entre eux via l'aéroport de Carthage ni le débordement de la situation dans la deuxième plus grande ville tunisienne et première ville accueillant des migrants irréguliers, Sfax, située à 220 km au sud de la capitale.
Début juillet dernier, à la suite de la mort d'un jeune Tunisien lors d'accrochages avec des migrants, les autorités ont expulsé des centaines d'entre eux de la ville de Sfax vers la capitale Tunis ainsi que vers les frontières libyenne et algérienne, selon des organisations de défense des droits humains.
Ces dernières affirment que des centaines de Subsahariens vivent dans l'oliveraie "al-Amra", près de Sfax, après que les forces de sécurité ont évacué, à la mi-septembre, deux places de la ville où étaient concentrés des milliers de migrants clandestins.
La soif et la délivrance en décembre
La crise des Subsahariens n'est pas la seule que la Tunisie a connue cette année : la soif est devenue une menace pour les habitants de nombreuses villes tunisiennes après une longue période de sécheresse.
Fin mars 2023, le ministère de l'Agriculture a annoncé, pour la première fois, la distribution d'eau potable par lots jusqu'à fin septembre de la même année.
L'eau est coupée la nuit dans de nombreux quartiers de Tunis depuis fin mars dernier, dans le cadre d'un système visant à programmer la distribution d'eau aux différents établissements du pays ainsi qu'à rationnaliser la consommation.
Le mois de décembre a levé le risque de soif pour la Tunisie, après que plusieurs stations de surveillance météorologique ont enregistré des précipitations supérieures à 100 mm dans de nombreuses régions tunisiennes du nord au sud, et que le taux de remplissage des barrages a enfin dépassé les 25%.
Crise du pain
En août 2023, de longues files d'attente ont été observées pour acheter du pain. Alors que les autorités accusaient les monopoleurs, les experts économiques ont expliqué que cela était dû aux difficultés financières de la Tunisie qui ont empêché l'approvisionnement en céréales de l'étranger, en plus de la faiblesse des récoltes agricoles qui en a résulté de la sécheresse.
Deux jours auparavant, la présidence avait annoncé, lors de la rencontre au Palais de Carthage, de Saïed avec le Premier ministre, Ahmed El Hachani et un groupe de ministres et responsables, avoir découvert des spéculateurs et des monopoleurs derrière la crise céréalière que traverse le pays.
Arrestation d'opposants
Sur le plan politique, la crise s'est poursuivie avec l'arrestation de nombreux opposants aux mesures du 25 juillet 2021, par les autorités.
Parmi les détenus figurent Ghazi Al-Chaouachi, ancien ministre et ancien secrétaire général du Mouvement démocratique, Issam Chebbi, secrétaire général du Parti républicain, et Abdelhamid Jlassi, ancien dirigeant du mouvement d'obédience islamique (Ennahdha), ainsi que Jawhar Ben Moubarak, membre de la direction du Front de salut national et professeur de droit constitutionnel à l'Université, et Chaima Issa, dirigeante du Front de salut national, libérée le 23 juin.
Le 17 avril, les autorités tunisiennes ont également arrêté le chef du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, chef du parti et président du Parlement dissous.
Un nouveau Premier ministre
Le président Saied a décidé, dans un communiqué publié le 2 août dernier, de mettre fin aux fonctions de la Première ministre Najla Bouden et de nommer Ahmed Al-Hachani à sa place, sans évoquer les raisons du limogeage.
L'année se clôture avec les élections locales
Le 24 décembre, la Tunisie a organisé des élections au niveau des conseils locaux, les premières du genre dans l'histoire du pays, étant donné que ces structures sont nouvellement créées conformément à la Constitution de 2022.
Mercredi soir, l'ISIE a annoncé la victoire de 1 348 candidats au premier tour des élections des conseils locaux, qui se sont tenues dimanche, expliquant que le second tour sera organisé dans 781 circonscriptions électorales, sans donner plus de précisions.