Visite d'une délégation rohingya en Birmanie pour un projet pilote de rapatriement

11:265/05/2023, Friday
AFP
Une délégation de Rohingyas monte à bord d'un bateau afin de se rendre dans le district frontalier de Maungdow, au Myanmar. Crédit photo: AFP
Une délégation de Rohingyas monte à bord d'un bateau afin de se rendre dans le district frontalier de Maungdow, au Myanmar. Crédit photo: AFP

Une délégation de Rohingyas est arrivée en Birmanie, vendredi, pour visiter des installations érigées dans le cadre d'un plan de rapatriement dans ce pays de membres de cette minorité musulmane apatride, réfugiés au Bangladesh.

Le Bangladesh accueille environ un million de Rohingyas, dont quelque 750.000 ayant fui en 2017 une campagne de répression de l'armée birmane aujourd'hui objet d'une enquête pour "actes de génocide" devant la Cour internationale de justice (CIJ).



Le Bangladesh et la Birmanie avaient signé un accord pour le rapatriement des réfugiés dès 2017. Mais la pandémie de Covid-19 puis le coup d'Etat militaire en Birmanie début 2021 ont maintenu les Rohingyas dans des camps insalubres au Bangladesh, où ils ne sont pas autorisés à travailler et dépendent presque entièrement d'une maigre aide alimentaire pour survivre.

Selon les autorités bangladaises, 20 Rohingyas et sept responsables, dont un garde-frontière, visitaient vendredi deux villages rohingyas bâtis par les autorités birmanes, dans le cadre du projet pilote de rapatriement.


"Nous sommes partis de la jetée de Teknaf avec 20 Rohingyas, dont trois femmes"
, a déclaré à l'AFP Mohammed Khalid Hossain, commissaire adjoint aux réfugiés, tandis que l'équipe quittait le port fluvial pour se rendre dans la commune de Maungdaw, proche de la frontière du Bangladesh, puis a ajouté:

Ils verront les différentes installations érigées pour leur rapatriement en Birmanie.

Selon le commissaire aux réfugiés du Bangladesh, Mizanur Rahman, ces installations dans les villages comptent un marché, un hôpital et un centre d'accueil.


Les responsables ont déclaré à l'AFP s'attendre à ce que le rapatriement commence d'ici la fin du mois, avant le début de la mousson.


Les réfugiés rohingyas, qui ont passé près de six ans à vivre dans des camps surpeuplés et insalubres au Bangladesh, demeurent sceptiques devant ce projet présenté en mars.

Selon eux, aucune réponse n'a été apportée à leurs questions concernant leur sécurité ou la reconnaissance de leur droit à la citoyenneté en Birmanie.


"Pourquoi serions-nous envoyés en Birmanie sans citoyenneté ?"
, disait à l'AFP un réfugié, sous le couvert de l'anonymat, en début de semaine, affirmant faire partie de la délégation de vendredi.


L'agence des Nations unies pour les réfugiés a déclaré être
"informée"
de la visite organisée
"dans le cadre d'un accord bilatéral entre le Bangladesh et la Birmanie".

"Le HCR n'est pas impliqué dans l'organisation de cette visite. Cependant, nous réitérons que tout réfugié a le droit inaliénable de retourner dans son pays d'origine"
, a déclaré Regina De La Portilla, porte-parole du HCR, en réponse à une question de l'AFP. De plus elle a ajouté:

Le retour des réfugiés doit être volontaire, dans la sécurité et la dignité, sur la base d'un choix éclairé, mais aucun réfugié ne doit y être forcé.

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