Kirghizstan: la langue kirghize priorisée aux dépens du russe

13:4525/06/2025, Çarşamba
AFP
Une nouvelle loi impose l'usage du kirghiz dans l'administration, les médias et l'affichage public.
Crédit Photo : VYACHESLAV OSELEDKO / AFP
Une nouvelle loi impose l'usage du kirghiz dans l'administration, les médias et l'affichage public.

Le Parlement du Kirghizstan a adopté mercredi un renforcement législatif imposant un usage prioritaire de la langue kirghize, réduisant de facto le rôle du russe, pourtant encore largement parlé dans ce pays d’Asie centrale.

Cette décision s’inscrit dans une dynamique plus large de consolidation des identités nationales post-soviétiques dans la région, à l’heure où l’influence de Moscou recule, notamment depuis le début de la guerre en Ukraine.


Les amendements adoptés étendent les dispositions d’une loi de 2023 sur la langue nationale et prévoient désormais des sanctions financières en cas de non-respect. Le texte impose notamment aux fonctionnaires, membres du gouvernement, juges, procureurs et élus de maîtriser le kirghiz, sous peine de pénalités.

Le russe relégué, mais non supprimé


Si le russe conserve son statut de langue officielle, il est clairement relégué au second plan dans les usages publics. Environ 80 % des 7 millions d’habitants de ce pays enclavé et montagneux parlent toujours le russe, mais la nouvelle loi vise à inverser cette tendance.


Le texte prévoit également plusieurs mesures concrètes pour favoriser la langue kirghize :


  • Tous les toponymes doivent désormais être écrits exclusivement en kirghiz.
  • Dans les publicités, la version en kirghiz devra apparaître plus grande que celle en russe.
  • Au moins 60 % des contenus audiovisuels à la télévision et à la radio devront être diffusés en kirghiz.

Bien que le kirghiz utilise l’alphabet cyrillique, il s'agit d'une langue turcique sans lien linguistique avec le russe, ce qui complexifie l'apprentissage pour ceux qui ont été éduqués dans l’ancien système soviétique.


Un tournant linguistique à enjeux politiques


"Si nous sommes si indifférents à l'égard de la langue kirghize, alors dans les années à venir, nous cesserons d'être une nation"
, a déclaré Nourlanbek Tourgounbek Ououlou, président du Parlement kirghiz. Il déplore que les meilleurs élèves privilégient encore l’enseignement en russe, perçu comme un vecteur de réussite sociale.

Certains députés ont néanmoins exprimé des réserves, soulignant que de nombreux fonctionnaires ne maîtrisent pas suffisamment le kirghiz, ce qui pourrait entraîner des difficultés de gestion dans l’administration.


Le russe reste perçu en Asie centrale comme une langue d’accès à l'emploi qualifié et à la mobilité internationale, notamment pour les nombreux migrants kirghiz travaillant en Russie. Mais plus de 30 ans après la chute de l’URSS, les langues nationales reprennent du terrain, accentuant les tensions diplomatiques entre ces États et le Kremlin.

En Russie, cette évolution suscite l'hostilité d'une partie de la classe politique, qui y voit une rupture avec les liens historiques et culturels tissés à l’époque soviétique.


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