
Le Parlement du Kirghizstan a adopté mercredi un renforcement législatif imposant un usage prioritaire de la langue kirghize, réduisant de facto le rôle du russe, pourtant encore largement parlé dans ce pays d’Asie centrale.
Cette décision s’inscrit dans une dynamique plus large de consolidation des identités nationales post-soviétiques dans la région, à l’heure où l’influence de Moscou recule, notamment depuis le début de la guerre en Ukraine.
Le russe relégué, mais non supprimé
Si le russe conserve son statut de langue officielle, il est clairement relégué au second plan dans les usages publics. Environ 80 % des 7 millions d’habitants de ce pays enclavé et montagneux parlent toujours le russe, mais la nouvelle loi vise à inverser cette tendance.
Le texte prévoit également plusieurs mesures concrètes pour favoriser la langue kirghize :
- Tous les toponymes doivent désormais être écrits exclusivement en kirghiz.
- Dans les publicités, la version en kirghiz devra apparaître plus grande que celle en russe.
- Au moins 60 % des contenus audiovisuels à la télévision et à la radio devront être diffusés en kirghiz.
Bien que le kirghiz utilise l’alphabet cyrillique, il s'agit d'une langue turcique sans lien linguistique avec le russe, ce qui complexifie l'apprentissage pour ceux qui ont été éduqués dans l’ancien système soviétique.
Un tournant linguistique à enjeux politiques
Certains députés ont néanmoins exprimé des réserves, soulignant que de nombreux fonctionnaires ne maîtrisent pas suffisamment le kirghiz, ce qui pourrait entraîner des difficultés de gestion dans l’administration.
En Russie, cette évolution suscite l'hostilité d'une partie de la classe politique, qui y voit une rupture avec les liens historiques et culturels tissés à l’époque soviétique.