Football: Le Groenland au cœur du débat politique au FC Nanoq

La rédaction avec
11:454/03/2025, mardi
AFP
Les joueurs du FC Nanoq, un club de football groenlandais, le 7 février 2025 à Copenhague.
Crédit Photo : Camille BAS-WOHLERT / AFP
Les joueurs du FC Nanoq, un club de football groenlandais, le 7 février 2025 à Copenhague.

Les joueurs groenlandais du FC Nanoq, installés à Copenhague, voient leur île devenir un enjeu géopolitique majeur, attisant le débat sur son avenir et son indépendance.

Unis à Copenhague par le football et leurs racines groenlandaises, les joueurs du FC Nanoq se réjouissent de voir l'immense île arctique, convoitée par Donald Trump, sous les feux de l'actualité.


"Nous sommes sur la carte politique mondiale"
, se félicite Hanning Høegh Hartmann, l'un des joueurs du vendredi de ce petit club fondé en 1979, dont les entraînements ont lieu en soirée dans un gymnase de la capitale danoise.

Depuis fin décembre et les premières déclarations de Donald Trump exprimant son souhait d'annexer la plus grande île arctique, ces footballeurs amateurs sont régulièrement interpellés sur son avenir.

"Nous sommes devenus, en quelque sorte, des ambassadeurs pour chaque personne que nous rencontrons"
, sourit Kenneth Mortensen, né et grandi à Ilulissat, sur la côte nord-ouest du territoire autonome danois.

Comme beaucoup de ses coéquipiers, qu'ils soient ingénieurs, bagagistes ou étudiants, cet agent immobilier a rejoint le FC Nanoq à son arrivée au Danemark métropolitain, il y a quatre ans et demi, heureux de retrouver des compatriotes amateurs de football.


"Nous partageons le même humour, l'humour groenlandais"
, enchérit Salik Enequist, vêtu du maillot du Groenland, qui se sent parfois isolé au milieu des Danois de métropole.

Pour cet officier de marine de 29 ans, il n'y a pas de mauvaise publicité, et les ambitions américaines ont des conséquences bénéfiques:
"Le gouvernement danois a commencé à s'occuper de la relation avec le Groenland. C'est bien."

En réaction aux convoitises du président américain, Copenhague a promis d’intensifier ses efforts pour assurer la sécurité du territoire et de mieux lutter contre les discriminations à l'égard des Groenlandais au sein du royaume du Danemark, qui regroupe le Groenland, les îles Féroé et le Danemark métropolitain.


Parmi les douze joueurs présents, les élections législatives groenlandaises prévues le 11 mars alimentent le débat sur les relations entre les trois entités.

"J'espère que les gens vont en apprendre plus sur le Groenland, car il a été négligé"
, dit Ilannguaq Olsen, étudiant en audit de 34 ans, en reprenant son souffle sur le banc.

"Quand j'étais à l'école primaire dans un établissement public au Danemark, nous avions une semaine un peu consacrée au Groenland, mais c'était vraiment dépassé, ancien... On parlait d'igloos et d'Esquimaux"
, déplore-t-il.

"Avoir notre mot à dire"


Légalement, les Groenlandais vivant à l'étranger – ils sont environ 17 000 au Danemark – n'ont pas le droit de vote, sauf s'ils sont étudiants.


"C'est dommage. Parce qu'on se soucie du Groenland et qu'on veut avoir notre mot à dire"
, proteste Salik Enequist.

"Si je pouvais, je voterais. Évidemment que l'on veut participer aux décisions concernant le pays d'où l'on vient"
, abonde Hanning Høegh Hartmann, informaticien de 37 ans originaire de Nuuk, la capitale groenlandaise.

Taatsiannguaq Madsen, 35 ans, étudiant en tourisme, est l'un des rares à pouvoir voter, et il le fera. Mais
"je ne pense pas que nous soyons prêts à être indépendants pour l’instant"
, estime-t-il.

Si les principaux partis représentés au Parlement local, l'Inatsisartut, envisagent une indépendance à terme, seul Naleraq la souhaite immédiatement.

Début février, ce parti était crédité de 16 % des voix dans un sondage réalisé avant l’annonce du scrutin, se plaçant ainsi en quatrième position derrière la coalition IA (formation écologiste centriste), Siumut (socialiste) et les sociaux-libéraux de Demokraatit.


M. Enequist est favorable à l'indépendance, mais sans précipitation. Pour lui, il est essentiel de
"rester calme et d’avoir un plan à long terme"
afin d’éviter des difficultés une fois l’indépendance acquise.

Sur le plan économique, le Groenland dépend largement des revenus de la pêche et d’une subvention annuelle de Copenhague, qui représente un cinquième de son PIB.

"En termes de business, il y a tellement de domaines que nous devons explorer"
, conclut Hanning Høegh Hartmann, citant le potentiel de l’exploitation minière et du tourisme, encore sous-développés en raison du manque d’infrastructures.

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