Les cabinets de conseil en pleine mutation face à la vague IA

14:1530/12/2025, Salı
AFP
L’essor de l’intelligence artificielle transforme en profondeur les cabinets de conseil, entre gains de productivité, risques d’erreurs et remise en cause des métiers juniors.
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L’essor de l’intelligence artificielle transforme en profondeur les cabinets de conseil, entre gains de productivité, risques d’erreurs et remise en cause des métiers juniors.

Des juniors laissés sur le carreau ou des salaires gelés: l’arrivée de l’intelligence artificielle bouscule les cabinets de conseil, créant des opportunités mais aussi des risques pour ces entreprises qui monnayent cher leurs services.

Le secteur a été ébranlé au cœur de l’été lorsque le cabinet Deloitte a reconnu avoir utilisé de l’IA pour rédiger un rapport destiné au gouvernement australien, avec à la clef des références erronées.


Le cabinet, l’un des plus importants groupes d’audit et de conseil au monde, aux côtés de McKinsey, EY, KPMG ou encore PwC, a dû rembourser une partie de ses honoraires, selon la presse australienne.

Quelques semaines plus tard, Deloitte a de nouveau été mis en cause pour des hallucinations – ces erreurs factuelles ou inventions générées par les IA –, cette fois dans un rapport pour une agence gouvernementale canadienne.


Ces exemples illustrent les enjeux liés à l’utilisation croissante de l’IA générative par des cabinets qui ont largement adopté ces nouvelles technologies. Une part grandissante de leur activité est désormais liée à l’essor des grands modèles de langage (LLM) de type ChatGPT, avec, selon eux, des clients de plus en plus demandeurs, qu’il s’agisse d’intégrer des chatbots ou d’améliorer la productivité.

"Tous nos clients ont intégré un futur dans lequel l’IA jouera un rôle important"
, explique à l’AFP Xavier Boileau, associé de la société de conseil Oliver Wyman.

Face à cette demande, les cabinets investissent massivement pour s’adapter. L’entité technologique du Boston Consulting Group est ainsi passée d’une dizaine de salariés à 3.000 en dix ans.

De là à transformer radicalement le travail demandé aux consultants? Pour Jean-Baptiste Bouzige, cofondateur d’Ekimetrics, une start-up qui fournit des solutions d’IA aux entreprises, les cabinets historiques doivent s’interroger sur leur valeur ajoutée.


"S’ils se disent que l’IA est là pour être plus productifs, ils vont perdre leur singularité et devenir remplaçables par des outils (…) ou par des personnes ayant compris que le diagnostic doit être beaucoup plus profond que cela"
, estime-t-il.

Les consultants juniors, chargés des tâches les plus facilement automatisables par l’IA – comme la recherche de références ou la synthèse de documents –, pourraient être les premiers touchés.


Outre-Atlantique, McKinsey aurait ainsi supprimé 5.000 postes en cinq ans, selon des informations de presse. Interrogé par l’AFP, le cabinet a indiqué ne pas commenter l’impact de l’IA.

Le géant du conseil Accenture a, de son côté, expliqué dans la presse qu’il licencierait les salariés incapables de s’adapter rapidement, tandis que les salaires d’embauche des consultants juniors stagnent, selon le Financial Times.


Hallucinations et vigilance


"Comme tout le monde, on se demande à quoi ressemblera le métier demain"
, concède Sylvain Duranton, du BCG.

"Le travail est facilité, on aura peut-être besoin de moins de juniors en volume, mais on aura toujours besoin d’eux"
, estime François Grand, cofondateur du cabinet français Adone Conseil.

Des évolutions sont également attendues dans les profils recrutés, avec moins de diplômés d’écoles de commerce et davantage issus d’écoles d’ingénieurs.
"Cela paraît inéluctable, les cabinets vont de plus en plus opérer de la technologie pour leurs clients"
, analyse Julien Kopp, associé responsable IA chez Deloitte France.

Sur la question sensible des hallucinations, les cabinets assurent prendre ces risques au sérieux, leur réputation étant directement liée à leurs honoraires élevés.


"Les IA génèrent beaucoup d’erreurs"
, reconnaît Julie Caredda, associée de KPMG en France. Selon elle, la fiabilité passe par
"de bonnes pratiques"
, avec des environnements sécurisés reposant sur des sources de données
"fiables, connues, validées et tamponnées"
.

Deloitte rappelle pour sa part que seuls deux documents ont été mis en cause parmi "des centaines de milliers, voire des millions" de rapports publiés chaque année dans le monde.

"Dans ces deux cas, les passages incriminés ne modifient pas les conclusions des rapports. Pour autant, cela nous incite à redoubler de vigilance"
, souligne Julien Kopp.

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