JO-2024: des sportifs ukrainiens invoquent l'Histoire contre la participation des Russes

09:3515/02/2023, mercredi
MAJ: 15/02/2023, mercredi
AFP
Olha Saladukha à Glasgow en 2019 @Andy BUCHANAN / AFP
Olha Saladukha à Glasgow en 2019 @Andy BUCHANAN / AFP

Thomas Bach devrait tirer des leçons de l'Histoire: plusieurs sportifs ukrainiens de renom qui reprochent au président du Comité international olympique (CIO) d'envisager la présence de sportifs russes et bélarusses lors des JO-2024 de Paris, s'insurgent et agitent le chiffon rouge du souvenir de la Seconde Guerre mondiale.

"
Souvenons-nous de ce qui s'est passé en 1936 lors des JO de Berlin
"
, assène ainsi Olha Saladukha, ex-championne du monde du triple saut devenue parlementaire. "
C'est après les Jeux d'hiver de Sotchi en 2014 que la guerre en Ukraine a commencé
"

"Même après la 2e Guerre mondiale, l'Allemagne
(qui n'avait pas été invité en 1948, NDLR)
a été exclu des Jeux"
, poursuit la championne, dans un échange par mails, alors que la date anniversaire de la tentative d'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022 approche.

Après tout ce mal, c'était compliqué de faire autrement.

Bach est
"intelligent"
, mais
"il veut qu'il y ait le plus de sportifs possible"
à Paris, juge-t-elle encore.
"Son raisonnement est compréhensible mais on ne peut pas être d'accord avec. Un Etat meurtrier, dont le peuple, même les athlètes soutient les crimes, devrait être écarté"
.

Stanislav Horuna, médaillé de bronze en karate lors des JO de Tokyo, estime lui
"inappropriée"
la déclaration de Bach, qui a exprimé qu'
"aucun athlète ne devrait être exclu en raison de son passeport"
.
"
Ca se justifie en temps de paix mais qui ne correspond pas à la situation actuelle
"
, appuie le karatéka.

"Des gens meurent"


"Il y a une guerre! Le pays qui l'a déclenchée devrait être exclu du mouvement olympique"
, poursuit-il, en assurant qu'il est naïf de penser qu'une bannière neutre sera perçue comme une punition par les Russes.

Le CIO a déclenché la colère de l'Ukraine en janvier en annonçant explorer "
un chemin
" en vue d'autoriser les sportifs russes et bélarusses à disputer les JO-2024, même sous bannière neutre.

Le patron du comité olympique russe Stanislav Pozdnyakov a pour sa part indiqué qu'il était inacceptable que des règles différenciées s'appliquent à sa délégation.


"Mais la guerre se poursuit, des gens meurent et des villes sont détruites tous les jours"
, s'insurge encore Saladukha, qui assure que 220 sportifs et entraîneurs ukrainiens ont été tués depuis le début du conflit.

"Je sais ce que c'est que de perdre tout ce que vous possédez et de dire au revoir à sa vie d'avant mais le plus dur, c'est de voir disparaître ceux que vous aimez"
, poursuit la députée qui a perdu un proche à Mariupol et un collègue près de Bakhmut.

Dans l'équipe des réfugiés ?


"Et que voit-on en Russie? Des centaines de sportifs qui soutiennent la guerre. On n'a entendu personne s'élever contre la guerre. Dans ces conditions, est-ce juste d'autoriser les Russes, même sous bannière neutre?"
, feint-elle encore de s'interroger.

L'ex-championne estime en revanche que les Bélarusses qui ont protesté contre leur autocrate président Alexander Lukashenko, et ceux qui vivent à l'étranger, devraient, comme l'a suggéré la Pologne, être intégrés à l'équipe des réfugiés.


A contrario, l'ex-triple sauteuse salue le courage du président de la fédération internationale d'athlétisme Sebastian Coe qui a fermé la porte aux Russes et Bélarusses tant que l'Ukraine n'aurait pas retrouvé sa souveraineté.


"Plus de 40 pays sont prêts à boycotter les Jeux si les Russes et les Bélarusses sont admis sous drapeau neutre. Nous nous battrons jusqu'au dernier moment avec les pays démocratiques pour convaincre le CIO d'exclure les athlètes russes et bélarusses"
, assure encore le lutteur Zhan Beleniouk, champion olympique à Tokyo avant, lui aussi, d'embrasser une carrière de député.

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