La Fifa annonce un Prix de la Paix tout en soutenant le génocide à Gaza

David Bizet
12:376/11/2025, jeudi
MAJ: 6/11/2025, jeudi
Yeni Şafak
Le président de la FIFA Gianni Infantino et le président américain Donald Trump posent lors d’un sommet sur Gaza à Charm el-Cheikh, le 13 octobre 2025.
Crédit Photo : Yoan VALAT / AFP
Le président de la FIFA Gianni Infantino et le président américain Donald Trump posent lors d’un sommet sur Gaza à Charm el-Cheikh, le 13 octobre 2025.

La FIFA annonce un Prix de la Paix, à remettre en décembre 2025, vraisemblablement à Donald Trump, figure controversée, proche de Gianni Infantino. Cette initiative vise à promouvoir l’unité par le football, mais soulève de graves questions éthiques. Alors que des experts de l’ONU, la CIJ et Amnesty International qualifient les actions israéliennes à Gaza de génocide en cours, Israël n’est ni sanctionné ni exclu par la FIFA. L’organisation persiste dans une diplomatie sélective, détachée des réalités humanitaires, compromettant sa crédibilité morale.

Mercredi 5 novembre 2025, la FIFA a annoncé la création d’un "Prix de la Paix", à décerner pour la première fois le 5 décembre lors du tirage au sort de la
Coupe du monde 2026
à Washington.

Présenté comme une reconnaissance des
"efforts d’individus qui unissent les gens"
, ce prix suscite immédiatement la controverse. D’après plusieurs sources médiatiques, Donald Trump, figure polarisante, répétant depuis 2024 qu’il
"mérite le Nobel de la Paix",
serait le premier lauréat pressenti.

Paix à géométrie variable


Or, la FIFA qui parle aujourd'hui de Paix refuse d'exclure Israël de ses instances, dans un contexte où la
Cour internationale de justice
(CIJ) a ordonné en janvier 2024 des mesures conservatoires pour empêcher un génocide à Gaza, et où plus de 60 000 Palestiniens ont été tués. Cette initiative révèle un profond décalage éthique.

Gianni Infantino
, président de la FIFA depuis 2016, justifie ce prix par la vocation
"unificatrice"
du football. Pourtant, cette rhétorique sonne creux quand l’organisation refuse systématiquement d’exclure la
Fédération israélienne de football (IFA)
, malgré des appels répétés de la part de plus de 120 organisations palestiniennes, d’anciens joueurs, ou encore de syndicats internationaux comme
FIFPRO
.

En mars 2024, plus de
300 footballeurs et entraîneurs
(dont Megan Rapinoe, Rio Ferdinand, et le sélectionneur algérien Djamel Belmadi) avaient signé une lettre ouverte exigeant la suspension d’Israël, sans réponse concrète de la FIFA.

FIFA coloniale ?


Pire :
la FIFA continue de permettre à l’IFA d’organiser des matchs dans des colonies illégales en Cisjordanie occupée
— une violation flagrante de la résolution 73/23 de l’Assemblée générale de l’ONU (2018), qui condamne les activités sportives dans les colonies. En septembre 2023, un match amical Israël–Albanie s’est tenu à Ariel, ville construite sur des terres palestiniennes annexées. La FIFA n’a émis aucune sanction, contrairement à sa réaction expéditive contre la Russie après l’invasion de l’Ukraine en 2022.

Ce double standard n’est pas anodin. Il reflète une géopolitique du sport alignée sur les puissances occidentales, États-Unis en tête, et leurs alliés stratégiques. Le choix probable de Trump comme premier lauréat en est la preuve : ancien président ayant reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël contre le droit international, défenseur de la colonisation, et promoteur du "Deal du siècle" largement rejeté par la communauté internationale.


Rappelons que le Comité des droits de l’homme de l’ONU, dans son rapport de juin 2024, établit clairement des
"intentions génocidaires"
dans les déclarations de hauts responsables israéliens (dont le ministre Itamar Ben-Gvir), corroborées par des actes : destruction systématique d’infrastructures médicales, blocus alimentaire, et déplacements forcés de population. Pourtant, la FIFA — organisation censée transcender les divisions — préfère récompenser une figure symbolisant la polarisation plutôt que d’agir contre une fédération complice de violations massives.

Le football peut être un vecteur de paix, mais pas quand il sert de vitrine morale à l’impunité. Tant que la FIFA refusera de traiter tous les États selon les mêmes critères de droit international, son
"Prix de la Paix"
ne sera qu’un exercice de relations publiques, vidant le concept même de paix de toute substance éthique.

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