Il y a quelques mois, la ville d’Ismaïliya en Égypte, que j’avais atteinte au prix de bien des péripéties, se trouvait à 206 kilomètres de Gaza. Cette marche n’avait pas pu être menée à son terme, mais elle avait au moins marqué le début d’une tentative d’accès depuis la mer.
Aujourd’hui, il ne nous reste que quelques jours pour atteindre notre objectif. Avant-hier soir, nous avons quitté la baie de Crète où nous avions mouillé depuis trois jours. Je l’ai souvent répété : attendre était la chose la plus usante ! Et nous le savions tous : Gaza, sous le joug d’un blocus inhumain, est elle-même lasse d’attendre le reste du monde.
La flotte continue sa route avec 42 bateaux opérationnels, près de 600 activistes et membres d’équipage ; cela fait environ 24 heures que nous sommes en mer sans interruption. Après ce point, la seule terre à laquelle nous pourrons accoster sera Gaza. La nuit dernière, le vent a soufflé fort et les vagues ont secoué nos embarcations. Mais au lever du jour, la mer s’est calmée. Naviguer sans arrêt nous a fait du bien. Même si le temps risque de se gâter à nouveau dans les prochaines heures, nous nous sommes habitués.
Avec le temps, j’ai compris que ceci n’est pas seulement un voyage en mer : c’est un effort pour maintenir la dignité humaine face au siège le plus impitoyable de notre époque. Chaque visage à bord est la preuve vivante de cet engagement. Sur le pont, un médecin, tasse de café à la main, regarde l’horizon : il est venu pour prêter sa voix à ses collègues frappés dans les hôpitaux. Dans la salle des machines, un jeune ingénieur suant sous le bruit des moteurs tient bon. Une mère italienne, qui puise du courage en regardant la photo de ses enfants dans sa cabine, lutte pour dire aux mères de Gaza qu’elles ne sont pas seules.
La peur existe, bien sûr — la peur de ne pas parvenir à atteindre Gaza et de laisser notre promesse inachevée. Mais l’héritage du Mavi Marmara pèse sur nos épaules. Ce jour-là, ceux qui étaient à bord n’ont pas seulement essayé de briser un blocus ; ils ont tenté de percer la muraille de la peur du monde. La lumière percée par leur acte éclaire aujourd’hui notre route. Ce voyage est aussi un hommage, une dette de respect envers ces héros.
Le frêle être posé sur la poitrine de Yaşar est la meilleure synthèse de cette mission. Il rappelle que la force n’est pas forcément matérielle : même ce qui paraît le plus fragile peut apporter de l’eau au feu le plus immense. Nous, près de 600 personnes, avançons avec l’obstination de ces battements d’ailes. Comme ce papillon, nous voulons montrer que l’espoir peut exister dans l’obscurité la plus totale et que l’impossible peut être tenté.
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