
Il ne reste plus que quelques jours. Dans une dizaine de jours, nous commencerons l’année 2026. Ce seuil calendaire suscite naturellement le désir de faire certains bilans, à l’échelle locale comme mondiale. Commençons, au niveau des intentions et des vœux, par prier pour que la nouvelle année apporte paix et salut, en premier lieu à Gaza, mais aussi à notre région et au monde entier. Ensuite, revenons aux réalités…
Il convient d’abord d’examiner dans quelle mesure cette option est réaliste et, si elle devait être mise en œuvre, quels scénarios pourraient alors entrer en jeu.
On peut supposer que la Türkiye dispose de plusieurs plans de préparation pour une éventuelle opération. Mon opinion personnelle est que, parmi ces scénarios, celui qui se détache n’est pas, dans un premier temps, une intervention militaire directe, mais plutôt un soutien à une offensive de plus grande ampleur menée par Damas et les forces qui lui sont proches le long de la ligne de l’Euphrate, où des affrontements de différentes intensités sont déjà en cours.
Dans quelle mesure Damas et les tribus arabes qui lui sont alliées auraient-elles des chances de succès dans une telle offensive ? De nombreux analystes que je suis estiment que cela ne produirait pas les résultats escomptés. Selon eux, si un succès venait à se dessiner, Israël ne resterait pas inactif et apporterait un soutien militaire au PKK, s’impliquant directement dans les affrontements. Dans un tel cas de figure, l’entrée en action de l’armée turque deviendrait inévitable, et ces combats pourraient déboucher sur une confrontation directe entre la Türkiye et Israël sur le sol syrien.
Un tel scénario n’est évidemment pas dans l’intérêt des États-Unis. Jusqu’à présent, Washington n’a pas accordé une grande importance aux affrontements opposant l’armée de Damas et le PKK syrien à l’ouest de l’Euphrate. Le soutien américain à Damas se poursuit d’ailleurs encore aujourd’hui. L’attitude adoptée après l’attaque de Daech à Palmyre, qui a coûté la vie à plusieurs soldats américains, en est une illustration claire.
Mon sentiment personnel est que, même si les auteurs de l’attaque étaient affiliés à Daech, l’opération a en réalité été organisée par les services de renseignement israéliens. Je pense que cette attaque visait à affaiblir la crédibilité de Damas et à rappeler combien le PKK demeure, aux yeux de certains, indispensable en Syrie. Certes, les États-Unis ne sont pas tombés dans le piège consistant à tenir Damas pour responsable. Mais, en interne, ils ont pris conscience de l’"importance" stratégique du soutien apporté au PKK.
Dans ce contexte, une question s’impose inévitablement : dans quelle mesure les États-Unis accepteraient-ils que les affrontements se déplacent à l’est de l’Euphrate, voire qu’ils dégénèrent en une confrontation majeure, potentiellement vouée à se transformer en un face-à-face entre la Türkiye et Israël ?
Par ailleurs, nous observons l’existence de tensions persistantes entre Washington et Tel-Aviv, qui n’ont pas encore été résolues. Cette situation repose sur deux piliers, certes liés, mais distincts. Le premier concerne le plan pour Gaza, qui n’avance pas. Israël bloque le processus, mettant ainsi Donald Trump dans une position délicate. Le sommet Trump-Netanyahu prévu dans les prochains jours sera déterminant. S’ils ne parviennent pas à un accord, cela signifie que 2026 s’ouvrira sur des nouvelles et des images encore plus sombres en provenance de Gaza.
La position de la Türkiye est, elle, parfaitement claire. En se tenant du bon côté de l’histoire, elle continue de soutenir la cause palestinienne. Cette posture réduit à néant le souhait de Trump de poursuivre sa route en réconciliant la Türkiye et Israël. En 2026, Trump devra trancher : soit il trouvera une formule intermédiaire pour rallier les deux camps, soit il devra en choisir un.
Une formule intermédiaire est-elle réellement possible ? Israël a clairement et fermement exprimé son refus de toute présence militaire turque à Gaza. Peut-être que les États-Unis tenteront de faire entrer le Pakistan dans l’équation afin de satisfaire simultanément la Türkiye et Israël. La réception solennelle à Washington du maréchal pakistanais Munir et sa prochaine visite pourraient être liées à cette hypothèse.
Mais dès lors que l’on se tourne vers la Syrie, les contradictions apparaissent de manière bien plus tranchée. Israël poursuit sa politique de mise sous pression de la Türkiye en Méditerranée orientale, en s’appuyant sur l’administration chypriote grecque, la Grèce, et parfois l’Égypte. Les États-Unis ne s’y opposent guère. En Syrie, en revanche, leur position reste floue. Ils répètent fréquemment l’importance qu’ils accordent à la Türkiye, mais l’évolution actuelle rappelle à Washington qu’il devient de plus en plus difficile de rester durablement entre deux chaises.
Deux options se dessinent alors. La première serait que les États-Unis, estimant que le maximalisme israélien compromet leurs plans globaux, privilégient la Türkiye et écartent Israël du jeu syrien. Mais une telle décision aurait un coût politique extrêmement lourd pour Trump, qui s’exposerait à la colère du capital juif mondial et de ses relais aux États-Unis, notamment au Congrès.
Ces analyses reposent sur des renseignements ouverts et sur mes propres observations. Elles sont, par nature, très personnelles. La République de Türkiye, État sérieux, voit évidemment bien au-delà de ce que je perçois et de manière bien plus approfondie. Elle adapte ses plans de façon dynamique et ajuste ses préparatifs en conséquence.
Mon intuition est que le délai prévu par l’accord de mars sera prolongé, ce qui permettra de gagner du temps. Mais je peux d’ores et déjà affirmer que les mois de printemps s’annoncent particulièrement éprouvants.
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