Alors que le monde musulman, et même l’ensemble de la planète, retient son souffle dans l’attente d’un cessez-le-feu durable à Gaza, une guerre était sur le point d’éclater entre l’Afghanistan et le Pakistan.
Il faut rester vigilant face à toute évolution susceptible d’éclipser Gaza et la tragédie humaine et politique qui s’y déroule. C’est pourquoi le fait que deux nations musulmanes en arrivent à une telle confrontation est lourd de sens.
Ce poids diplomatique ne provient pas seulement d’une intelligence stratégique, mais surtout d’une capacité à offrir confiance, respect et stabilité aux parties, dans le monde musulman comme à l’échelle internationale. Il a également été annoncé que les aspects techniques de l’accord seraient retravaillés à Istanbul, avec les mêmes participants.
Rappelons qu’en mai dernier déjà, Türkiye avait joué un rôle différent, mais crucial, dans la résolution rapide d’une tension entre le Pakistan et l’Inde, alors au bord de l’affrontement. Cette paix était sans doute temporaire, car la rivalité entre Islamabad et New Delhi est ancrée dans l’ADN de leurs États respectifs.
Leur conflit dépasse largement leurs frontières : à chaque crise, apparaissent les ombres de l’Inde, des États-Unis et d’Israël — acteurs prêts à intervenir ou à manipuler selon leurs intérêts.
En réalité, l’Afghanistan et le Pakistan n’ont aucune raison sérieuse de se battre. Ils partagent des valeurs, des intérêts et des potentialités communes, qui devraient les unir dans une coopération fructueuse, et non les opposer.
Pourtant, le 9 octobre, lorsque les tensions ont éclaté, le ministre afghan des Affaires étrangères, Amir Khan Muttaqi, se trouvait en visite officielle en Inde.
Ce déplacement, sans lien direct avec la crise, a été perçu comme un signal adressé au Pakistan — une manière pour Kaboul de se rapprocher de New Delhi.
Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement taliban cherche avant tout à reconstruire le pays et à briser son isolement à travers une diplomatie multilatérale et pacifique. Alors que même ses voisins hésitaient à le reconnaître, il a consolidé ses relations avec la Russie, premier pays à reconnaître l’Émirat islamique. L’Inde, de son côté, a annoncé l’élévation de ses relations avec Kaboul au rang d’ambassade, reconnaissant de facto le gouvernement afghan.
Il serait donc injuste de penser que les talibans cherchent à obtenir cette reconnaissance au détriment d’un autre pays musulman.
Tous les pays musulmans gagneraient à normaliser rapidement leurs relations avec l’Afghanistan. Ce serait à la fois dans leur intérêt et un moyen pour Kaboul d’éviter de frapper à de mauvaises portes sous la pression de l’isolement. Les responsables afghans que j’ai rencontrés m’ont toujours exprimé leur volonté de renforcer en priorité les liens politiques et commerciaux avec Türkiye et les autres nations musulmanes. Tant que Türkiye et les pays islamiques tarderont à agir, personne ne pourra reprocher à Kaboul de chercher ailleurs les soutiens dont il a besoin.
Quant au différend avec le Pakistan, il est essentiellement lié au Mouvement des talibans du Pakistan (TTP) et à ses relations avec l’Afghanistan. Le TTP, fondé en 2007 dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan par Baitullah Mehsud, un chef de la tribu Mehsud du Waziristan du Sud, a combattu aux côtés des talibans afghans contre l’invasion américaine de 2001. Après la mort de Mehsud en 2013 lors d’une frappe aérienne américaine, Hakimullah Mehsud et Mullah Fazlullah ont pris la relève.
Les talibans afghans et pakistanais partagent les mêmes racines religieuses, issues des écoles Deobandi, et une base ethnique largement pachtoune. Mais l’Émirat islamique d’Afghanistan a déclaré dès sa prise de pouvoir qu’il ne permettrait jamais que son territoire soit utilisé contre un autre pays. Il a lancé un programme d’amnistie générale et mis l’accent sur la reconstruction et la stabilité intérieure — une démarche qui constitue aujourd’hui un tournant pour le pays.
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