
La journaliste français Ariane Lavrilleux, déférée devant la justice pour avoir refusé de communiquer ses sources, figure de proue de la protection des sources.
Dans une tribune publiée jeudi, 132 médias, syndicats et organisations professionnelles appellent le gouvernement français à renforcer sans délai la protection du secret des sources. Ils dénoncent une multiplication des intimidations visant les journalistes, des convocations par la DGSI aux gardes à vue abusives. Plusieurs affaires récentes, dont celles d’Enzo Rabouy, Ariane Lavrilleux ou Philippe Miller, illustrent selon eux un affaiblissement inquiétant d’un principe présenté comme essentiel à la liberté de la presse. Les signataires réclament un cadre juridique clair et une réforme attendue depuis un an.
De nombreux syndicats et associations de médias, dont le Syndicat national des journalistes, la CFDT-Journalistes, Reporters sans frontières, le Fonds pour une presse libre, Sherpa et l’Association de la presse judiciaire, appuyés par 132 médias et organisations, ont appelé jeudi le gouvernement français à
renforcer d’urgence la protection du secret des sources
. Cette tribune, publiée le même jour, alerte sur une multiplication des atteintes à ce principe jugé essentiel à la liberté de la presse. Les signataires dénoncent un cadre juridique insuffisant depuis la loi de 2010.
Atteintes au secret des sources et convocations de journalistes
Atteintes au secret des sources et convocations de journalistes
Les organisations rappellent qu’
au moins 27 journalistes ont été convoqués ou placés en garde à vue par la DGSI
, selon un décompte du magazine Télérama. Elles estiment que les intimidations ont augmenté depuis un an, malgré la condamnation en 2023 de l’État français pour l’arrestation illégale d’un journaliste couvrant une action écologiste. Elles citent l’interpellation du 1er juillet visant Enzo Rabouy, arrêté après avoir documenté une action militante en marge du Salon du Bourget.
Affaires Lavrilleux et Miller: symboles d’un cadre fragilisé
Affaires Lavrilleux et Miller: symboles d’un cadre fragilisé
La tribune évoque le cas d’
Ariane Lavrilleux
, visée par un appel du parquet général contre une décision de non-lieu. La justice avait pourtant reconnu
"l’intérêt public"
de ses révélations sur une
opération militaire secrète menée par la France
au profit du régime égyptien. Deux ans après sa garde à vue et la perquisition de son domicile, elle risque à nouveau des poursuites.
Les signataires dénoncent aussi la procédure visant le journaliste Philippe Miller, dont le matériel professionnel a été saisi malgré la protection théorique du secret des sources. La juge invoque un "
impératif prépondérant d’intérêt public"
. Selon les auteurs de la tribune, si un tel motif suffit à lever la protection, alors
"ce dernier n’existe plus".
Violences policières contre la presse lors de manifestations
Violences policières contre la presse lors de manifestations
Les organisations signalent également des violences policières lors de manifestations. Des vidéos révélées par Libération et Mediapart montrent, selon elles, des tirs illégaux contre des journalistes à Sainte-Soline, certains qualifiés de "
pue-la-pisse".
RSF affirme que sept reporters ont été entravés physiquement lors des mobilisations du 10 septembre, certains blessés par des éclats de grenade. Le 17 novembre, des journalistes de Reporterre, Blast et Libération auraient été gazés et violentés à bout portant en couvrant une action de désobéissance civile menée par des ONG sur un site de BASF en Normandie.
Une réforme promise mais toujours absente
Une réforme promise mais toujours absente
Les organisations pointent
"une année d’immobilisme"
du gouvernement, alors que la ministre de la Culture Rachida Dati avait promis une réforme garantissant le droit à l’information. Elles affirment que ce projet de loi reste
"gardé secret"
. Elles demandent de clarifier strictement les conditions permettant de lever le secret des sources, de rendre obligatoire l’autorisation d’un juge indépendant, d’étendre cette protection aux collaborateurs de médias et aux auteurs de documentaires ou de livres, et de renforcer les sanctions en cas d’atteinte.
Selon la tribune,
"la protection des sources n’est pas une coquetterie corporatiste"
, mais
"la pierre angulaire de la liberté de la presse"
. Les signataires appellent à un débat public et parlementaire rapide, ainsi qu’à des instructions claires des ministères de la Justice et de l’Intérieur pour garantir le respect du cadre posé par la loi de 1881 et par la jurisprudence française et européenne.
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