"Actes de génocide" à Gaza: le Quai d'Orsay s'interroge sur la rapporteure au lieu du rapport de l'ONU

09:4028/03/2024, jeudi
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La rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese.
Crédit Photo : FABRICE COFFRINI / AFP
La rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese.

La Diplomatie française a émis des doutes sur la crédibilité de la rapporteure spéciale des Nations unies pour les Territoires palestiniens, Francesca Albanese, alors que cette dernière a soumis, mardi 26 mars, un rapport faisant état d'"actes de génocide" par Israël dans la bande de Gaza.

En réponse à la question d'un journaliste, le Quai d'Orsay a déclaré, ce mardi, que le Président français, Emmanuel Macron, a récemment rappelé à Tel Aviv ses exigences en matière de droit international humanitaire.


En référence à Francesca Albanese, le porte-parolat de la Diplomatie française a déclaré:


Nous avons eu l'occasion par le passé de nous inquiéter de certaines de ses prises de positions publiques problématiques et de sa contestation du caractère antisémite des attaques terroristes du 7 octobre dernier.

La rapporteure spéciale de l'ONU est régulièrement accusée d'antisémitisme par les autorités israéliennes. Celles-ci lui interdisent d'entrer sur le territoire depuis qu'elle a déclaré en février, sur le réseau social X, que
"les victimes du 7/10 n'ont pas été tuées à cause de leur judaïsme, mais en réaction de l'oppression d'Israël".

Actes de génocide


Lors de la présentation de son rapport, ce mercredi, la rapporteure spéciale de l'ONU a déclaré qu'
"un ensemble de crimes de guerre sans précédent"
est commis par Israël à Gaza, affirmant qu'
"il existe des motifs raisonnables de croire que le seuil indiquant que des actes de génocide" o
nt été commis
"contre les Palestiniens à Gaza a été atteint".

Albanese a ajouté que l'une des conclusions clés de son rapport est qu'Israël a
"intentionnellement déformé"
le droit humanitaire international
"dans une tentative de légitimer la violence génocidaire contre le peuple palestinien".
Et de dire:

Il est clair que cela ne fonctionne pas de condamner Israël, et dire qu'Israël ne respecte pas le droit international ne suffit pas.

Concernant ses recommandations, la rapporteure a déclaré qu'un embargo sur les armes contre Israël est indispensable.

Elle a également recommandé la mise en place d'une présence protectrice et internationale — c'est-à-dire des personnes qui ne sont ni Israéliennes ni Palestiniennes et qui sont en dehors de la dynamique du conflit — qui s'interpose entre les Palestiniens d'une part et l'armée et les colons israéliens, d'autre part.
"Je recommande depuis longtemps maintenant la mise en place d'une présence protectrice",
a-t-elle ajouté.

Critique d'Israël et antisémitisme


Dans sa déclaration à l'ONU, Albanese a souligné que toute critique contre Israël était qualifiée d'
"antisémitisme",
estimant que cette approche est très
"dangereuse".
Elle a souligné qu'elle ne remet pas en question l'existence de l'État d'Israël. Et de préciser:

Je dis qu'Israël ne peut pas se comporter comme il le fait en tant qu'État d'apartheid, et ne pas en subir les conséquences.

Albanese a déclaré qu'elle reçoit des menaces depuis le tout début de son mandat. Mais
"cela ne change ni mon engagement ni les résultats de mon travail",
a-t-elle dit.

Situation humanitaire à Gaza


Depuis octobre 2023, l'armée israélienne pilonne la bande de Gaza. La guerre menée par Tel Aviv a tué plus de 32.400 Palestiniens, dont la majorité sont des enfants et des femmes, et en a blessé plus de 74.800 autres, selon les derniers bilans communiqués par le ministère de la Santé de Gaza.


Pour la première fois depuis sa fondation en 1948, l'État d'Israël est poursuivi pour crime de génocide devant la Cour internationale de Justice (CIJ), la plus haute instance judiciaire des Nations Unies, pour son offensive meurtrière contre la Bande de Gaza. Un arrêt rendu en janvier par la CIJ a ordonné à Tel-Aviv de prévenir la réalisation d'actes susceptibles d'être considérés comme génocidaires et de prendre des mesures pour garantir l'acheminement de l'aide humanitaire aux civils de Gaza.


Cette offensive a provoqué une catastrophe humanitaire, d'énormes destructions des infrastructures, dont les hôpitaux et les écoles, une famine qui ravage désormais de nombreuses régions de l'enclave palestinienne, ainsi qu'une catastrophe sanitaire majeure, selon les organisations onusiennes.


Les bombardements israéliens indiscriminés ont également causé des destructions massives et des pénuries de produits de première nécessité. Ces attaques ont poussé 85 % de la population de l'enclave palestinienne à se déplacer à l'intérieur du pays, notamment vers la ville de Rafah, au sud du territoire, elle-même menacée d'une attaque d'ampleur par le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu.


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