Au Pakistan, la pluie empêche les secouristes de retrouver les disparus de la mousson

11:4318/08/2025, lundi
AFP
Des villageois (au centre, à gauche) se tiennent près d'un bâtiment alors que le niveau des eaux monte dans le district de Buner, dans la province pakistanaise de Khyber Pakhtunkhwa, le 18 août 2025.
Crédit Photo : Abdul MAJEED / AFP
Des villageois (au centre, à gauche) se tiennent près d'un bâtiment alors que le niveau des eaux monte dans le district de Buner, dans la province pakistanaise de Khyber Pakhtunkhwa, le 18 août 2025.

De nouvelles trombes d’eau ont empêché lundi les équipes de secours pakistanaises de retrouver des dizaines de disparus ensevelis sous la boue, après un épisode de mousson particulièrement violent qui a déjà coûté la vie à près de 350 personnes dans le nord du Pakistan.

Selon les autorités, environ 200 habitants issus de dizaines de villages restent portés disparus. Mais depuis le début des opérations, la tâche des secouristes s’est compliquée. Vendredi, un hélicoptère du gouvernement du Khyber-Pakhtunkhwa, la province la plus touchée, s’est écrasé en raison de la mauvaise météo. Cette seule région compte plus de 320 morts, des dizaines de blessés et des destructions qui pourraient priver des centaines de familles de maisons, d’écoles et de services publics pour plusieurs mois.


À Bichnoi, dans le district escarpé de Buner, l’un des plus sinistrés, la boue a englouti reliefs et vallons, charriant sur son passage des blocs de pierre qui ont tout emporté. Nisar Ahmad, un volontaire de 31 ans, raconte:
"Depuis des jours, nous avons sorti des corps des décombres de 12 villages entièrement rasés."

"Terrorisés par la pluie"


Quelque 2.000 secouristes ont été déployés. Mais
"le retour de la pluie nous a forcés à cesser les opérations: pour sortir les dizaines de corps encore prisonniers, il nous faut des engins de chantier, mais les passages dégagés ont été effacés"
, explique Nisar Ahmad.

La peur gagne également la population.
"Même s’il commence à pleuvoir légèrement, on est terrorisés, car c’est comme ça que tout a commencé"
, témoigne Ghulam Hussain, un habitant de Buner. Hazrat Ullah, 18 ans, décrit des scènes de panique:
"Les enfants et les femmes courent s’abriter dans les montagnes, pour tenter d’échapper aux pluies torrentielles."

Les autorités préviennent que la situation pourrait s’aggraver: les pluies devraient encore s’intensifier au cours des deux prochaines semaines, alors que la chaleur étouffante favorise la prolifération bactérienne et les épidémies. Chaque année, l’eau stagnante entraîne une vague de dengue au Pakistan.

"Beaucoup d’animaux sont morts et leurs corps en décomposition dégagent des odeurs pestilentielles"
, alerte Nisar Ahmad, qui réclame
"de l’eau potable en urgence"
.

"50% plus intense qu’en 2024"


Acheminer l’aide demeure un défi majeur.
"Les routes alternatives vers les villages de montagne ont été elles aussi emportées par les pluies"
, déplore un haut responsable de l’Autorité de gestion des catastrophes du Khyber-Pakhtunkhwa. Le département de météorologie anticipe de nouvelles crues subites jusqu’à jeudi.

Dans la région voisine du Gilgit-Baltistan, sept volontaires ont déjà perdu la vie la semaine dernière, ensevelis sous une coulée de boue alors qu’ils tentaient de réparer un réseau d’eau détruit par les crues.


Selon les autorités pakistanaises, la mousson a tué plus de 650 personnes depuis fin juin, dont une centaine d’enfants, soit une intensité
"supérieure de 50 à 60% à celle de 2024".
Au Cachemire administré par l’Inde, au moins 60 victimes ont également été recensées.

Avec ses 255 millions d’habitants, le Pakistan reste l’un des pays les plus vulnérables au changement climatique. Inondations massives, crues glaciaires et sécheresses s’y succèdent, faisant craindre une aggravation des catastrophes dans les années à venir.


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