
Malgré plus de trois décennies d’efforts soutenus et des milliards investis dans les campagnes de vaccination de masse, la formation, la logistique et la sensibilisation, le Pakistan demeure, avec l’Afghanistan voisin, l’un des deux derniers pays où le poliovirus sauvage circule encore.
Les experts attribuent cette résurgence à la complexité de la situation, marquée par la défiance envers les autorités, la désinformation, la violence des groupes armés et la fatigue opérationnelle, qui sapent les progrès obtenus.
Des foyers chroniques et une défiance enracinée
En 2024, des cas ont été signalés dans 13 districts, dont Dera Ismail Khan, Torghar, Bannu, Lakki Marwat, Tank et le Waziristan du Nord (Khyber Pakhtunkhwa), Badin, Larkana, Qambar et Thatta (Sindh), Mandi Bahauddin (Pendjab) et Diamer (Gilgit-Baltistan).
Ces zones, souvent touchées par des conflits ou des manques criants de services publics, nourrissent une forte méfiance à l’égard des programmes dirigés par l’État.
Dans certaines zones rurales, la vaccination est utilisée comme levier politique, les habitants exigeant des routes, du gaz ou de l’électricité avant toute injection.
Les équipes de vaccination sous la menace
Depuis décembre 2012, près de 150 personnes impliquées dans la lutte antipolio ont été tuées, principalement dans les zones frontalières ou à haut risque. En 2024, sept personnes – dont six policiers – ont été abattues lors d’attaques contre des campagnes de vaccination dans le district de Bajaur, à la frontière afghane.
La frontière afghane, un talon d’Achille
Un plan national pour 2025-2026
Les autorités assurent que l’éradication reste possible, mais préviennent que sans campagnes sécurisées, coordonnées et portées par les communautés, le poliovirus continuera de résister.