Après seulement un an et demi au pouvoir, la coalition gouvernementale aux Pays-Bas, menée par le Premier ministre Mark Rutte, s'est disloquée autour des questions d'immigration, déclenchant des élections prématurées à l'issue incertaine pour le pays et l'Europe.
Les origines de la chute
Les Pays-Bas, comme de nombreux autres pays en Europe, cherchent à réduire son immigration et cette question a rapidement empoisonné les relations entre les quatre partis au pouvoir depuis janvier 2022 : le VVD (centre-droit) de Mark Rutte, son cousin idéologique du CDA, le D66 (centre-gauche) et le parti démocrate chrétien ChristenUnie.
Beaucoup se sont interrogés sur les raisons pour lesquelles le Premier ministre a pris le risque de torpiller ainsi sa coalition, la réponse la plus probable semblant liée aux tensions qui existent dans son propre parti au sujet de l'immigration.
La suite des évènements
La commission électorale néerlandaise a indiqué que les prochaines élections pourraient avoir lieu au plus tôt en novembre en raison notamment des vacances d'été et de la nécessité de laisser le temps aux partis de faire campagne.
Il s'agira des deuxièmes élections générales en deux ans dans le pays, régi par un multipartisme complexe qui produit souvent des coalitions instables.
Le dernier scrutin d'avril 2021 avait été suivi par 271 jours de négociations, une durée record, et avait débouché sur l'arrivée au pouvoir en janvier 2022 de l'actuelle coalition gouvernementale, la quatrième dirigée par Mark Rutte depuis 2010.
Les gagnants et les perdants
Tous les regards sont braqués sur le jeune Mouvement des agriculteurs-citoyens (BBB), qui s'est appuyé sur le mouvement de protestation mené par des agriculteurs contre le projet de réduire la taille des cheptels afin de limiter les émissions de gaz à effet de serre.
L'extrême droite du politicien islamophobe Geert Wilders et de son Parti de la liberté (PVV) a longtemps été une force politique de poids dans le pays mais ses scores sont en recul depuis 2021.
Selon les médias, les grands perdants des prochaines élections pourraient être le CDA du ministre des Affaires étrangères Wopke Hoekstra et le D66 de son homologue des Finances, Sigrid Kaag.
Un cinquième mandat pour Rutte ?
Les capacités de survie politique de Mark Rutte lui ont valu le surnom de "Mark Teflon", les scandales glissant sur lui comme sur une poêle anti-adhésive.
Ses partenaires l'ont critiqué et la cheffe du parti des agriculteurs a juré qu'elle ne rejoindrait jamais une coalition avec lui en son sein.
Si le BBB réunit suffisamment de suffrages pour exiger une place dans une coalition, le VVD de Mark Rutte pourrait être tenté de l'exfiltrer afin de de placer un autre de ses membres à la tête du gouvernement.
Un impact pour l'Europe ?
L'Union européenne se déchire sur l'accueil des milliers de migrants qui veulent gagner le continent, sur fond de montée en puissance des partis nationalistes.
L'extrême droite est déjà au pouvoir en Italie et pourrait être la grande gagnante des prochaines élections en Espagne.