Crédit Photo : David Mareuil / POOL / AFP
Le premier ministre japonais Shigeru Ishiba.
Face à des sondages en berne et aux retombées d'un scandale financier au sein de son parti, le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba est sur la défensive avant les élections législatives de dimanche, où il risque de perdre sa majorité.
Selon un sondage publié vendredi par le quotidien Yomiuri, le Parti libéral-démocrate (PLD, droite conservatrice) et son partenaire de coalition Komeito (centre droit) peinent à obtenir les 233 sièges nécessaires pour la majorité absolue à la chambre basse du Parlement.
Un tel revers serait inédit pour le PLD, qui a gouverné presque sans interruption depuis les années 1950, et sa pire performance depuis 2009, dernière année où il a perdu le pouvoir.
Cette éventualité représente un défi pour M. Ishiba, qui s'est fixé l’objectif de 233 sièges, un nombre qui pourrait nécessiter de nouveaux partenaires ou imposer un gouvernement minoritaire.
À 67 ans, Ishiba est devenu Premier ministre le 1er octobre et a aussitôt convoqué des législatives anticipées dans l’espoir de consolider son pouvoir, misant sur une
auprès de l'opinion.
Cependant, la hausse de l'inflation et la baisse du pouvoir d'achat depuis 2022 alimentent le mécontentement des Japonais, impactant sa campagne. Le Premier ministre doit également faire face aux conséquences d'un vaste scandale financier dans le parti, qui a déjà ébranlé son prédécesseur Fumio Kishida. Plusieurs membres du PLD avaient été sanctionnés en interne pour ne pas avoir déclaré des millions d'euros, récoltés lors de soirées de levées de fonds, que le parti leur avait reversés.
Shigeru Ishiba a tenté de prendre ses distances en ne soutenant pas la campagne des membres impliqués, mais selon le quotidien Asahi, le PLD a alloué 20 millions de yens (122 000 euros) aux sections locales gérées par ces responsables, suscitant l'indignation de l'opposition.
M. Ishiba a affirmé jeudi que ces fonds étaient destinés aux sections locales, non aux candidats eux-mêmes.
"C'est frustrant que de tels articles paraissent en ce moment"
, a-t-il déclaré en campagne, assurant que
"ces candidats n'utiliseront pas cet argent"
. Il a ajouté:
"Nous ne pouvons pas être vaincus par ceux qui ont des opinions biaisées
".
Ses adversaires, dont l’ancien Premier ministre Yoshihiko Noda, leader de l’opposition, lui ont répondu vivement.
"Quelle que soit la façon de l’envisager, ce sont des fonds utilisés pour soutenir discrètement ces candidats"
, a martelé M. Noda, 67 ans, lors d’un discours.
"Il est en colère contre la presse ? C’est le peuple japonais qui est en colère contre lui
".
Pour le PLD, la situation est incertaine. Dans les circonscriptions, seuls 87 des 266 candidats du PLD sont en tête dans les intentions de vote, tandis que 133 se retrouvent au coude-à-coude, selon le sondage du Yomiuri. Le PLD devrait également perdre des élus dans les sièges à la proportionnelle, ajoutés au système majoritaire japonais.
Toutefois, il est peu probable que le PLD quitte le pouvoir, compte tenu de la division de l'opposition, avertit Rintaro Nishimura, expert politique au sein du cabinet The Asia Group.
"Les électeurs punissent le PLD, mais finissent immanquablement par revenir vers lui"
, analyse-t-il, soulignant les idéologies flexibles des différentes factions du parti.
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