Japon: soupes et réconfort dans les refuges après le séisme meurtrier

15:353/01/2024, mercredi
MAJ: 3/01/2024, mercredi
AFP
Des évacués se reposent dans un abri à Nanao, préfecture d'Ishikawa, le 3 janvier 2024.
Crédit Photo : KAZUHIRO NOGI / AFP
Des évacués se reposent dans un abri à Nanao, préfecture d'Ishikawa, le 3 janvier 2024.

Certains cherchent un abri ou de la nourriture, d'autres recherchent simplement un peu de chaleur humaine : dans un centre communautaire d'Anamizu, au centre du Japon, les survivants du séisme se regroupent autour des poêles et des lits de fortune faits de carton.

Depuis lundi, les Japonais touchés se regroupent dans des lieux d'accueil comme celui-ci, alors que leurs villes ou maisons sont dévastées.


Un seul sujet de conversation: le terrible tremblement de terre et ses centaines de répliques depuis 48 heures, un désastre qui a fait une soixantaine de morts au moins et provoqué d'immenses dégâts matériels dans la péninsule de Noto, à la pointe nord du département d'Ishikawa (centre du Japon).


Nobuo Takahata, 68 ans, un habitant du département voisin de Toyama, faisait du tourisme en famille dans la péninsule de Noto lorsque la principale secousse, d'une magnitude de 7,5 selon l'Institut américain de géophysique (USGS), a frappé lundi à 16H10 (07H10 GMT).

Il roulait alors en voiture.
"La première secousse était plutôt faible donc je me suis juste arrêté", explique-t-il à l'AFP. "Et c'est après être reparti que le 'big one' a frappé".

Avec sa femme enceinte et sa fille, il a dû passer la première nuit dans leur véhicule et se réchauffer en allumant le moteur de temps en temps.

"Par chance, je venais d'acheter une bouteille d'eau. Avec ma femme et ma fille, nous avons pu boire par gorgées"
, raconte M. Takahata, qui n'avait prévu aucune affaire de rechange pour ce qui ne devait être qu'une excursion touristique d'une journée.

"J'étais dans un endroit plutôt sûr (quand le séisme s'est produit, NDLR) mais quand je vois l'étendue des dégâts, je me dis que j'aurais pu avoir moins de chance et tomber dans un trou dans la route et mourir"
, poursuit-il.

"Je veux rentrer chez moi au plus vite, mais je n'ai aucune idée de l'état des routes, le personnel en charge des réparations non plus"
, ajoute M. Takahata.

Plutôt que de se lancer dans de grandes discussions pour passer le temps, certains réfugiés préfèrent regarder tristement par les fenêtres ou lire les journaux, où l'on ne parle que du séisme.


A l'entrée du refuge, un tableau blanc détaille les biens disponibles: de l'eau, des onigiri (boules de riz blanc garnis), des couvertures, des produits sanitaires pour les femmes ou encore du lait en poudre pour les bébés. Il est aussi demandé aux gens de laisser les toilettes le plus propre possible.


De la soupe est servie, avec un avertissement sur les allergies, ainsi que des petits pains fourrés et cuits à la vapeur pour ceux qui font de longues queues en bravant le froid hivernal.


Partout sur cette péninsule de Noto qui longe la mer du Japon, d'innombrables bâtiments ont été détruits et les routes soulevées par le séisme, bloquées par les arbres tombés ou endommagées par des glissements de terrain. Le réseau téléphonique et internet est erratique.


Mercredi, les conditions météo n'ont pas facilité la tache des secouristes, avec une pluie forte qui s'est abattue pratiquement toute la journée, augmentant les risques de glissements de terrain.

Le calme envahissant la zone sinistrée depuis lundi est essentiellement rompu par les sirènes des camions de secouristes.

Dans un autre refuge à Anamizu, les témoignages sont tout aussi effrayants.


"Ma maison ne s'est pas écroulée, mais tout à l'intérieur est renversé. C'est le chaos"
, raconte à l'AFP Yuko Okuda, une femme de 30 ans heureuse d'avoir trouvé un autre toit.

"Je suis là parce que plus rien ne fonctionne chez moi. Je n'ai plus d'électricité, plus de gaz ni d'eau. Et comme il y a toujours des répliques, notre maison pourrait s'effondrer à tout moment"
explique cette employée municipale.

"Le froid et le manque de nourriture sont mes plus grandes inquiétudes pour l'instant"
, ajoute Mme Okuda. Comme son fils de quatre ans est allergique aux œufs, il ne peut manger les rations proposées et doit se contenter de snacks emportés de leur maison, déplore-t-elle.

"Évidemment, j'espère pouvoir retourner à la maison, mais pour le moment ce que je veux c'est avoir un quotidien un peu plus vivable dans ce centre".

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