"La décision d’Israël d’occuper Gaza viole le droit international", selon des experts

La rédaction avec
15:5312/08/2025, mardi
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Des personnes en deuil transportent les corps de Palestiniens, dont des journalistes et un médecin, tués lors d'une frappe israélienne nocturne, avant des funérailles collectives devant l'hôpital Al-Shifa à Gaza, le 11 août 2025.
Crédit Photo : Omar AL-QATTAA / AFP
Des personnes en deuil transportent les corps de Palestiniens, dont des journalistes et un médecin, tués lors d'une frappe israélienne nocturne, avant des funérailles collectives devant l'hôpital Al-Shifa à Gaza, le 11 août 2025.

Des spécialistes ont examiné la décision d’Israël d’étendre ses opérations militaires à Gaza et de s’emparer de la ville, la qualifiant de violation du droit international humanitaire ainsi que du droit du peuple palestinien à l’autodétermination.

Dr Heidi Matthews, professeure à la faculté de droit Osgoode Hall de l’Université York, et Martin Shaw, professeur émérite à l’Université du Sussex, ont déclaré à Anadolu que cette expansion israélienne devrait être stoppée par une pression diplomatique internationale.


Dr Matthews rappelle que la Cour internationale de justice (CIJ) a clairement affirmé que l’occupation des territoires palestiniens est illégale et doit cesser rapidement. Elle souligne également que l’Assemblée générale des Nations unies a fixé septembre 2025 comme date butoir pour mettre fin à cette occupation, en définissant les responsabilités des États tiers. Selon elle, la prise permanente, partielle ou totale, de Gaza par Israël enfreint également l’interdiction d’acquérir un territoire par la force.


"Aucun État ne peut étendre son territoire par la force. C’est une règle fondamentale du droit international et un pilier de l’ordre mondial établi après la Seconde Guerre mondiale"
, explique Dr Matthews.

Même en tenant compte de la position officielle israélienne, qui nie toute annexion en affirmant vouloir d’abord vaincre le Hamas avant de transférer les territoires à une coalition d’États arabes alliés, Matthews estime qu’il s’agit d’une
"violation évidente du droit du peuple palestinien à l’autodétermination ainsi que de l’intégrité territoriale et de la souveraineté politique de la Palestine".

Elle appelle à une application prudente du principe de responsabilité de protéger (R2P) afin d’éviter des attaques contre les civils à Gaza.


Enfin, Dr Matthews rappelle que la racine du problème est politique, non humanitaire:
"La violence au cœur du conflit porte atteinte au droit du peuple palestinien à choisir librement son avenir politique et à ne pas être soumis à une nouvelle forme d’occupation étrangère."

Des États occidentaux critiqués pour leur inaction


Matthews déplore le manque d’efforts des pays occidentaux pour trouver une solution pacifique. Elle insiste sur l’urgence de reconnaître sans conditions un État palestinien libre et indépendant, de garantir l’accès à l’aide humanitaire, d’imposer des sanctions diplomatiques sévères contre Israël, notamment des sanctions personnelles ciblant le Premier ministre israélien et son gouvernement, et de revoir toutes les relations commerciales.


Elle ajoute que les États tiers doivent non seulement agir contre Israël, mais aussi revoir leur propre politique de soutien à la Palestine, notamment en cessant des mesures inquiétantes telles que la censure des voix favorables aux droits palestiniens ou la classification d’organisations et militants palestiniens comme terroristes.


Matthews conclut:
"Je reste sceptique quant à l’idée d’une solution militaire à un problème essentiellement politique"
. Elle appelle à orienter les ressources vers des solutions diplomatiques et pacifiques plutôt que vers l’industrie militaire.

"Les opérations aggravent les crimes en cours"


De son côté, Martin Shaw rappelle qu’Israël mène déjà une occupation illégale en Palestine, commet de graves crimes de guerre et perpètre un génocide à Gaza. Il met en garde:
"Les opérations prévues vont inévitablement entraîner davantage de violations et aggraver les crimes déjà en cours."

Il compare la stratégie israélienne à une forme de nettoyage ethnique, visant à forcer les Palestiniens à fuir Gaza dans une optique d’expulsion totale à moyen terme.


Concernant le principe de responsabilité de protéger, Shaw estime qu’une intervention internationale pour stopper les crimes d’Israël est envisageable, mais souligne la difficulté de savoir qui en prendra la responsabilité.


Il appelle les États tiers à couper tout soutien à Israël, à instaurer un boycott total des produits et institutions israéliennes, et à supprimer les facilités de voyage sans visa pour les citoyens israéliens.


Pour Shaw, une intervention internationale est « absolument nécessaire et urgente » dans le cadre de l’obligation des États de prévenir un génocide. Il dénonce enfin un problème majeur:
"Le soutien du président américain Donald Trump à Israël, et la réticence des États à compromettre leurs relations avec les États-Unis et Israël."

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