L'Union africaine (UA) a averti jeudi que l'Afrique ne devait pas redevenir un champ de "bataille géostratégique", au moment où la Russie et l'Ukraine en guerre rivalisent pour accroître leur influence respective sur le continent.
Moussa Faki Mahamat s'exprimait à la tribune de l'Union africaine à Addis Abeba, à l'occasion du 60e anniversaire de l'Organisation de l'Unité africaine (OUA), fondée le 25 mai 1963 dans la capitale éthiopienne et devenue l'UA en 2002.
De nombreux pays africains sont très dépendants pour leur alimentation des importations de céréales de Russie et d'Ukraine. Un accord permettant l'exportation des céréales ukrainiennes par la mer Noire, parrainé par l'ONU et la Turquie et conclu en 2022, a été reconduit la semaine dernière pour deux mois.
"Neutralité"
Frappée par de lourdes sanctions occidentales, Moscou cherche des soutiens en Asie et en Afrique, où de nombreux Etats n'ont pas ouvertement condamné l'intervention militaire russe.
La Russie a multiplié ces dernières années les initiatives sur le continent, visant à se poser comme alternative aux anciennes puissances coloniales. Un sommet Russie-Afrique, le deuxième du genre, est prévu fin juillet à Saint-Pétersbourg.
De son côté, son homologue ukrainien effectue sa deuxième tournée africaine en moins d'un an.
En février, 22 des 54 Etats membres de l'UA se sont abstenus ou n'ont pas pris part au vote de la dernière résolution en date de l'Assemblée générale de l'ONU appelant la Russie à retirer ses forces d'Ukraine. Deux - Erythrée et Mali - avaient voté contre.
Parallèlement, une mission africaine menée par six dirigeants africains pour discuter d'un règlement du conflit en Ukraine, et dont l'annonce a été faite par Pretoria, doit se rendre en Ukraine et en Russie.
Selon M. Lavrov, cette mission qui inclura outre l'Afrique du Sud, le Sénégal, la Zambie, le Congo, l'Ouganda et l'Egypte, est attendue en Russie en juin ou juillet.