France : le budget 2026 entre en examen à l’Assemblée sur fond de tensions politiques et de pression financière

La rédaction avec
15:2020/10/2025, lundi
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Le Premier ministre français Sébastien Lecornu prononce un discours lors du débat sur la motion de censure contre son gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris, le 16 octobre 2025.
Crédit Photo : STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu prononce un discours lors du débat sur la motion de censure contre son gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris, le 16 octobre 2025.

Le projet de budget 2026 entre en examen lundi à l’Assemblée nationale, dans un contexte économique et un climat politique tendu, après la dégradation de la note de la France par l’agence S&P et le rejet des motions de censure contre l’exécutif.

Présenté en conseil des ministres le 14 octobre, le projet de loi de finances (PLF) 2026 prévoit environ 30 milliards d’euros d’économies pour ramener le déficit public à 4,7 % du PIB l’an prochain, contre 5,4 % en 2025.


Le projet de loi maintient le barème de l’impôt sur le revenu à son niveau actuel, une année blanche sans revalorisation des prestations sociales ni pensions, et le doublement des franchises médicales.
Ces mesures, encore susceptibles d’être amendées, doivent être examinées en commission jusqu’à mercredi, avant un débat en séance publique le 24 octobre et un vote solennel prévu le 4 novembre.

Coup de rabot sur les niches fiscales et les dépenses publiques


Pour contenir la dépense, le gouvernement entend supprimer une vingtaine de niches fiscales jugées
"obsolètes ou inefficaces"
, sur les 474 existantes dont le coût s’élève à 85 milliards d’euros. Certaines concernent les frais de scolarité, les allocations familiales ou les indemnités journalières pour maladie de longue durée.

La ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a défendu un
"effort collectif nécessaire"
, affirmant qu
’"une absence de budget serait un aveu d’impuissance"
.

Le texte prévoit aussi une surtaxe sur les bénéfices des grandes entreprises, une taxe sur les holdings patrimoniales, et la suppression de plus de 3 000 postes de fonctionnaires, dont environ 4 000 postes d’enseignants, partiellement compensés par des postes de stagiaires.

Un effort partagé mais contesté


Le gouvernement maintient également l’impôt exceptionnel sur les hauts revenus, instauré en 2025, tant que le déficit public restera supérieur à 3 % du PIB. Cette taxe vise les revenus dépassant 250 000 euros pour un célibataire et 500 000 euros pour un couple, avec un taux minimal d’imposition de 20 %.


Si l’exécutif affirme que tout le monde sera mis à contribution, la classe moyenne devrait être la plus touchée, car le gel du barème de l’impôt rendra imposables près de 200 000 foyers supplémentaires et augmentera légèrement la charge fiscale des autres.

Un calendrier parlementaire serré


Le gouvernement a choisi de ne pas recourir à l’article 49.3 de la Constitution et promet de laisser le Parlement débattre et voter le texte. Ce choix allonge les discussions mais ne modifie pas les délais imposés par la Constitution, le budget doit être adopté avant la fin de l’année.


Les députés disposent donc de peu de temps. Les travaux en commission s’achèveront le 22 octobre, avant l’ouverture des débats en séance publique du 24 au 29 octobre, interrompus le 30 pour la journée d’initiative du Rassemblement national.


Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) sera examiné à partir du 4 novembre, pour un vote attendu le 12 novembre, avant son passage au Sénat du 17 novembre au 10 décembre.


Une France sous surveillance financière


Vendredi, l’agence S&P a abaissé la note de la France de "AA-" à "A+", invoquant une "incertitude élevée" sur les finances publiques. Elle estime que le retour du déficit sous les 3 % du PIB ne se fera pas avant 2029, et que la dette publique pourrait atteindre 121 % du PIB en 2028, contre 112 % fin 2024.Cette dégradation accroît la pression sur l’exécutif, engagé dans une trajectoire d’assainissement budgétaire difficile, alors que les marges de manœuvre politiques demeurent étroites à l’Assemblée nationale.


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