ÉDITION:

Les Palestiniens accusent Israël d'"apartheid" devant la CIJ

14:0819/02/2024, lundi
AFP
Le ministre des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne, Riyad Al-Maliki (D), lors de l'audience à la Cour internationale de justice (CIJ) à La Haye aux Pays-Bas, le 19 février 2024.
Crédit Photo : ROBIN VAN LONKHUIJSEN / AFP
Le ministre des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne, Riyad Al-Maliki (D), lors de l'audience à la Cour internationale de justice (CIJ) à La Haye aux Pays-Bas, le 19 février 2024.

Le chef de la diplomatie palestinienne, Riad Al-Maliki, a déclaré lundi devant la plus haute juridiction de l'ONU que son peuple subissait le "colonialisme et l'apartheid" sous l'occupation israélienne.

"Les Palestiniens subissent aussi bien le colonialisme et l'apartheid"
et
"certains s'indignent de ces paroles mais ils devraient s'indigner de la réalité qui est la nôtre"
, a déclaré M. Al-Maliki devant la Cour internationale de justice.

La juridiction tient à partir de lundi des audiences sur les conséquences juridiques de l'occupation par Israël de territoires Palestiniens depuis 1967, avec un nombre inédit de 52 pays appelés à témoigner.

Les États-Unis, la Russie ou encore la Chine s'adresseront aux juges lors d'une session répartie sur une semaine au Palais de la Paix à La Haye, siège de la CIJ.


Riad Al-Maliki a appelé la Cour à déclarer l'occupation illégale et à ordonner d'y mettre fin
"immédiatement, totalement et sans condition".

"Une justice retardée équivaut à un déni de justice, et le peuple palestinien est privé de justice depuis bien trop longtemps"
, a-t-il affirmé.
"Il est temps de mettre fin aux deux poids, deux mesures"
dont souffre le peuple palestinien
"depuis trop longtemps".

Le 31 décembre 2022, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ un
"avis consultatif"
non contraignant sur le
s "conséquences juridiques découlant des politiques et pratiques d'Israël dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est".

L'avis de la CIJ dans cette affaire ne sera pas contraignant, mais il intervient dans un contexte de pression juridique internationale croissante sur Israël à propos de la guerre à Gaza déclenchée par l'attaque du Hamas du 7 octobre.

Ces audiences sont totalement distinctes des récentes requêtes très médiatisées de l'Afrique du Sud auprès de la CIJ.


Pretoria avait saisi la juridiction, en soutenant que les opérations actuelles d'Israël à Gaza s'apparentaient à une violation de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide.


Le 26 janvier, la Cour avait ordonné à Israël de prévenir tout éventuel acte de génocide, mais n'avait pas appelé à un cessez-le-feu.

Vendredi, elle a rejeté une seconde requête de l'Afrique du Sud, qui lui demandait d'ordonner de nouvelles mesures après l'annonce par Israël d'une prochaine offensive militaire sur Rafah, où plus de la moitié des 2,4 millions d'habitants de Gaza se sont réfugiés.


"Occupation prolongée"


L'Assemblée générale a demandé à la CIJ de se pencher sur les
"conséquences juridiques"
de ce que la résolution appelle
"la violation persistante par Israël du droit du peuple palestinien à l'autodétermination".

Cela concerne
"l'occupation prolongée"
du territoire palestinien depuis 1967.

Elle doit aussi examiner les mesures
"visant à modifier la composition démographique, le caractère et le statut de la ville sainte de Jérusalem".

En juin 1967, Israël a mené la guerre des Six Jours, s'emparant de la Palestine et de Jérusalem-Est au détriment de la Jordanie, du plateau du Golan au détriment de la Syrie, de la bande de Gaza et de la péninsule du Sinaï au détriment de l'Égypte.

Israël a ensuite commencé à occuper les 70.000 kilomètres carrés de territoires arabes saisis, occupation déclarée ensuite illégale par les Nations unies.


La CIJ est par ailleurs invitée à examiner les conséquences de ce que la résolution de l'ONU décrite comme
"l'adoption par Israël de lois et mesures discriminatoires".

Elle doit donner son opinion sur la manière dont les actions d'Israël
"affectent le statut juridique de l'occupation"
et sur ses conséquences pour les Nations unies et d'autres pays.

La Cour statuera
"d'urgence"
sur cette affaire, probablement d'ici la fin de l'année.

Avis non contraignant


La CIJ statue sur les différends entre États et ses arrêts sont contraignants, bien qu'elle ne dispose que de peu de moyens pour les faire appliquer.


Toutefois, dans le cas présent, l'avis qu'elle rendra ne sera pas contraignant.


Selon la Cour
, "l'organe, l'agence ou l'organisation requérante reste libre de donner suite à l'avis par tout moyen à sa disposition, ou de ne pas le faire".

Mais la plupart des avis consultatifs sont en faits suivis d'effet.


La CIJ a déjà rendu des avis consultatifs sur la légalité de la déclaration d'indépendance du Kosovo vis-à-vis de la Serbie en 2008 et sur l'occupation de la Namibie par l'Afrique du Sud sous le régime de l'apartheid.


Elle a également rendu un avis en 2004 disant que certaines parties du mur érigé par Israël dans les territoires palestiniens occupés étaient illégales et devaient être démolies.

Israël ne participe pas aux auditions et avait réagi avec courroux à la résolution de l'ONU de 2022, le Premier ministre Benjamin Netanyahu la qualifiant de
"méprisable"
et
"honteuse".

Les États-Unis, le Royaume-Uni, et l'Allemagne s'étaient opposés à la résolution et la France s'était abstenue.


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